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Bayadère et Corsaro, le made in Italy gagne en danse

Bayadère et Corsaro, le made in Italy gagne en danse

« La Bayadère » à l’Opéra de Rome, peu de représentations mais toutes à guichets fermés. “Il Corsaro” à La Scala de Milan qui a même inauguré la nouvelle plateforme LaScala.tv. On ne peut pas dire que les deux grandes compagnies de danse italiennes ne sont pas en bonne santé et ne réussissent pas.

Si à Milan Manuel Legris travaillait dans la lignée du « Corsaro » mis en scène à l’Opéra de Vienne, à Rome la directrice de la compagnie Eleonora Abbagnato a fait appel à son chorégraphe de confiance Benjamin Pech pour monter un titre qui (aux côtés de Lakes, Nutcracker et Sleeping Beauty) fait son entrée de plein pied dans le groupe phare du répertoire classique.

Pech, qui fait partie de la famille Noureev à l’Opéra de Paris, connaît bien la « Bayadère ». Il se permet quelques innovations mais reste fondamentalement fidèle à la ligne Rudolf Noureev-Konstantin Sergeev-Marius Petipa, nous offrant un produit large et grandiose.

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Et surtout il invite un casting stellaire pour les deux rôles principaux : devadasi Nikiya est Olga Smirnova en alternance avec Maia Makateli. Le guerrier Solor est Jacopo Tissi ou le Brésilien Victor Caixeta.

Dans sa révision Pech ouvre la première scène (un praticable au fond et une porte du temple) où les fakirs dansent autour du feu sacré, suivis du bajadere, mais le feu n’y est pas. Mieux : c’est un creuset fumant suspendu au-dessus de nos têtes. Il y a de la danse mais aussi un peu de pantomime pour caractériser, par exemple, le brahmane amoureux et rejeté par Nikiya, le Raja qui veut que Solor épouse sa fille Gamzatti (l’excellente Susanna Salvi). Mais Solor a juré un amour éternel à Nikiya et a des ennuis. De là scènes d’intrigues, de contrastes, de querelles de jalousie entre les deux femmes, le meurtre de Nikya concocté par Gmzatti qui cache un serpent venimeux dans le panier de fleurs avec lequel la jeune fille danse à la fête de fiançailles de sa rivale avec Solor. Les protagonistes qui arrivent en chaises à porteurs les filles du corps de ballet dans la danse avec l’éventail (autrefois on utilisait des perroquets empaillés et la jeune Natalia Makarova rappelait au Kirov le cauchemar d’être constamment hors du temps et son papugaj (perroquet).

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Grand divertissement à la Petipa : Golden Idol solo ; danse avec les cruches en équilibre sur la tête ; déclenchant les Indiens dans le moment folk (de caractère) avec le tambour. Grand pas de deux avec Solor et Gamzatti. Il manège de double assemblé, elle fouettè divers à vous faire tourner la tête. Et à la fin de la tragédie fête avec Nikiya qui meurt empoisonnée par la morsure du serpent et refuse l’antidote offert par le brahmane.

Le rideau s’ouvre à nouveau avec Solor fumant de l’opium : mais combien de drogues ont été consommées dans les ballets du XIXe siècle ? C’est pourtant l’hallucination, soulignée par les coquelicots lysergiques qui composent la scène (scènes peintes à l’ancienne par Ignasi Monreal, costumes par Anna Biagiotti). C’est ainsi que du haut de la montagne, un à un, les fantômes de 24 bayadères surgissent et descendent sur la scène, répétant à l’infini le même passage, la fameuse arabesque penché. Scène mythique et attendue. Morceau de prouesse de coordination, de délicatesse et de spiritualité des filles. Une nuée de tutus envahit la scène. A l’intérieur duquel voici le pas de deux de Solor et Nikya dont la fameuse déclinaison du foulard. La musique de Ludwig Minkus, dirigée par Kevion Rhodes, est ici un pur enchantement.

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Mais même les belles hallucinations prennent fin et Solor se réveille devant Gamzatti déjà habillé en mariée en rouge qui le rappelle au devoir.

Rideau Même si dans l’original il y a une dernière scène de mariage (Makarova par exemple l’a reconstituée) avec les infidèles tués sous les rochers du temple qui s’effondre.

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