Bénin, l’écotourisme de la discorde. « Renaissance ‘durable’ pour le lagon de la capitale ». Mais 5 000 pêcheurs seront expulsés

Bénin, l’écotourisme de la discorde.  « Renaissance ‘durable’ pour le lagon de la capitale ».  Mais 5 000 pêcheurs seront expulsés

2024-06-01 17:54:47

“On ne jette pas de filets de pêche sur l’asphalte”, déplore-t-il Tite Kounassoun pêcheur de 52 ans qui vit au bord de la lagune de Porto Novo et qui, comme des milliers d’autres, devrait bientôt être contraint de partir par les autorités. en raison d’un projet d’écotourisme. Le schéma d’aménagement des berges de la lagune sur laquelle il repose la capitale du Béninbaptisée « Ville verte de Porto-Novo » et financée parAgence française de développement (AFD) est née dans le but de permettre le développement et la revitalisation du tourisme local de manière durable. La contrepartie est cependant la relocalisation forcée d’une partie de la population vivant sur les rives de la lagune, positionnée entre le lac Nokouéà l’ouest, sur la rive sud de laquelle se trouve la capitale économique béninoise, Cotonou, et, à l’est, laimmense capitale nigériane Lagos.

L’objectif de l’Agence française de Développement est justement de valoriser les quartiers proches de la lagune, comme l’explique le directeur local de l’AFD, Jérôme Bertrand-Hardy, à l’agence de presse France Presse. Depuis son entrée en fonction, le président de ce pays d’Afrique de l’Ouest, Patrice Talon, a lancé d’innombrables chantiers, visant à accroître l’attractivité touristique du Bénin. Au bord du lagon, un touriste transalpin, Baptiste Berard Proust, s’avoue fasciné par la promenade et son “magnifique passage parmi les maisons”. Mais l’enchantement s’évanouit lorsqu’il apprend que “les gens qui vivent ici vont être déplacés ailleurs”, ce qui “l’attriste”.

Les habitants de la zone lagunaire de Porto-Novo, qui vivent essentiellement de la pêche, attendent. « Il y a dix mois, la municipalité nous a prévenus que nous avions un mois pour partir. À ce moment-là, nous nous sommes unis pour nous défendre du danger. Nous avons écrit partout mais nous n’avons reçu aucune réponse – raconte-t-il à France Presse Léopold Padonou, pisciculteur de 44 ans. « D’après notre recensement, nous sommes à environ mille unités familialesdonc 5 mille personnes». Il y a deux mois, l’administration municipale a marqué d’une croix rouge les maisons à démolir, mais “personne ne nous a donné de détails”, ajoute, angoissé, Padonou, qui est né et a grandi dans le quartier qu’il devrait abandonner. L’homme reconnaît que l’aménagement des berges de la lagune déjà mis en œuvre a permis d’améliorer significativement les infrastructures. “Maintenant, nous avons l’éclairage, les routes viennent à nous, les passages pour piétons existent… Nous avons construit les infrastructures pour pouvoir bien vivre, mais si nous ne sommes pas autorisés à en profiter et qu’on nous parle d’expulsion… Et où partir?” oui, demande-t-il.

“Un ‘lacustre’ ne peut vivre ailleurs que sur l’eau. Nous ne savons pas faire d’autres travaux, ils nous laissent au bord du lac”, fait-il écho. Tite Kounasso, pêcheur. A 62 ans, Antonio Ababè Houssou il aimerait terminer ses jours là où il a toujours vécu. “Je n’ai nulle part où aller”, ajoute-t-il. Agathe Gandonou, qui vend du poisson et des crabes, n’a pas perdu espoir. «Toutes nos forces sont sur l’eau et nous allons nous battre pour rester ici», déclame-t-il avec force au cœur d’un groupe d’habitants.

(afp)

Ange-Marie Essedésigné pour suivre le projet par l’ONG internationale Initiatives de justice et d’autonomisationentend aider ces populations à faire respecter leurs droits, comme il l’a déjà fait en Nigeria e Sénégal. « Nous devons donner à la communauté le pouvoir de se défendre. Nous voulons un accord, un partenariat gagnant-gagnant », explique-t-il.

Pour la municipalité de Porto-Novo, le projet a été initié pour mettre fin à l’occupation anarchiste des rives de la lagune et dans un souci de préservation de l’environnement. “Il s’agit d’un projet de résilience au changement climatique qui vise à préserver le littoral naturel de Porto Novo tout en développant l’écotourisme”, explique-t-il à l’AFP. Maire de la ville, Charlemagne Yankoty. « Toutes les infrastructures touristiques de la ville actuellement en construction sont créées pour renforcer notre attractivité touristique », assure-t-il. Concernant les populations déplacées, il assure que la Mairie a déjà alloué une centaine de millions de francs CFA (152 millions d’euros) pour les aider à recommencer. «Ceux qui occupent cette rive sont pour la plupart des non-propriétaires et sont trop exposés aux maladies hydriques», précise le maire. Il souligne également que tout le monde ne devrait pas partir car « si nous libérons tout le monde, la zone manquera de vie ». Le maire assure ensuite qu’un “village de pêcheurs moderne” sera bientôt construit, sans fournir de précisions sur le calendrier ni sur le nombre de personnes qui s’y installeront.



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