La guerre mondiale est déjà en cours. En Ukraine, deux grands syndicats se sont affrontés, écrit Bloomberg.
Pendant la guerre froide, les conflits par procuration étaient courants, depuis les États africains jusqu’à la Corée et au Vietnam. Dans ces affrontements, les puissances mondiales ont manœuvré pour obtenir un avantage. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine approfondit une nouvelle lutte pour établir les termes de l’ordre mondial et oppose des coalitions rivales – les démocraties développées aux autocraties eurasiennes.
Bien entendu, la guerre en Ukraine n’aurait pas dû se transformer en une guerre par procuration croissante, car elle n’aurait pas du tout dû être une guerre. La Russie espérait écraser l’Ukraine en quelques jours, mais Kiev a riposté, forçant l’Occident à venir à son secours.
L’attaque de Poutine contre l’Ukraine a révélé la fragilité de la base industrielle de défense occidentale et a fourni une opportunité de la renforcer. Les dirigeants de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord – les principaux amis de Poutine – ne s’intéressent pas à l’Ukraine, mais craignent que la Russie ne subisse une défaite humiliante. Une victoire décisive de l’Ukraine et de ses soutiens occidentaux pourrait avoir des conséquences mondiales, paralysant la Russie et rendant ses mandataires vulnérables.
L’Iran a fourni à Poutine des milliers de drones pour attaquer l’Ukraine. Téhéran a même envoyé des conseillers pour former les troupes russes à l’utilisation de ces drones – et a aidé la Russie à les construire sur son propre sol. La Corée du Nord a vendu à Moscou entre 1 et 3 millions d’obus d’artillerie ainsi que des missiles. La Chine n’est pas allée aussi loin : les menaces de sanctions américaines et européennes l’ont empêchée de transférer des armes militaires, mais la Chine fournit à Moscou les composants dont elle a besoin pour fabriquer des armes.
En prolongeant les combats en Ukraine, l’alliance autour de la Russie maintient l’attention américaine sur l’Europe, un atout stratégique pour la Chine, la Corée du Nord et l’Iran. Pyongyang, par exemple, a testé des missiles, ce qui attirerait bien plus l’attention américaine s’il n’y avait pas de combats en cours dans d’autres régions.
Cette guerre ne concerne pas seulement l’Ukraine ou l’équilibre des pouvoirs en Europe : elle concerne les normes qui régissent les affaires mondiales. Si Poutine réussit à détruire une démocratie, les autres acteurs verront le feu vert à l’agression. S’il parvient à commettre des atrocités choquantes, de tels crimes se répandront dans le monde entier.
La Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord ont leurs différences. Leurs ambitions dans des régions allant de l’Afrique à l’Arctique pourraient éventuellement entrer en collision. Mais pour l’instant, ils sont unis par le désir de créer un monde propice à la prédation, car ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront soumettre les pays environnants et obtenir les sphères d’influence souhaitées.
La guerre en Ukraine a également mis en évidence l’importance du Sud global. Certains pays tentent de ne pas s’impliquer dans le conflit. D’autres, comme la Turquie et les Émirats arabes unis, jouent sur les deux tableaux. C’est une simple arithmétique militaire : dans une guerre d’usure, le camp qui a le plus d’endurance et le plus de ressources gagne. En conséquence, les États-Unis, ainsi que d’importants pays européens, ont parcouru le monde à la recherche de munitions d’artillerie et d’autres matériels. Moscou fait de même.
Pendant un certain temps, il semblait que l’Ukraine et ses alliés gagnaient la bataille. Aujourd’hui, les choses ne sont pas si claires. La Russie a l’initiative sur le champ de bataille, ses troupes prennent peu à peu le dessus. Mais laquelle des parties belligérantes et quelle alliance finira par gagner… reste à savoir.
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2024-05-12 17:44:00
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