« Han, c’est la boucherie du sanglier ! » « C’est là qu’ils vendent du sanglier ! » À écouter ce que raconte cette classe de collégiens qui passe avenue Jean-Jaurès à Bobigny, au moins c’est clair : la nouvelle a fait le tour du quartier.
La préfecture de Seine-Saint-Denis a en effet ordonné la fermeture d’urgence de la « Boucherie de Bobigny » dans un arrêté pris le 3 janvier 2025. Cela fait suite à un contrôle sanitaire effectué le 31 décembre 2024, après un signalement reçu par la direction départementale de la protection des populations (DDPP).
L’établissement, qui proposait également une activité de restauration et de relais-colis, ne respectait pas de nombreuses règles sanitaires. Interruption potentielle de la chaîne du froid, « absence d’hygiène manuelle », « prolifération des nuisibles », nettoyage « très insuffisant »… Dans la longue liste « non exhaustive » placardée sur le rideau de fer de la boucherie, on note treize infractions.
« Aucun respect pour notre religion »
Mais c’est surtout le premier point qui anime les discussions : « détention, manipulation, découpe et mise en vente de vente de sanglier démunie de toute estampille vétérinaire certifiant la salubrité des viandes ». Cette boucherie est pourtant « 100% halal », d’après sa devanture. C’est la seule partie de l’arrêté qui a d’ailleurs été arrachée.
« Quatorze carcasses de sanglier et plusieurs morceaux de viande de sanglier sous vide ont été retrouvées dans une chambre froide », détaille au Parisien la préfecture de Seine-Saint-Denis. Qui précise qu’elles ont été « consignées puis saisies par les services de l’État ».
Si rien n’indique précisément que du sanglier a bien été vendu en prétendant qu’il s’agissait d’une autre viande, les clients réguliers disent se sentir trahis et en colère. « Outré », Leance, qui venait une fois par semaine, envisage même de porter plainte pour la tromperie : « Il nous accueillait avec le sourire, et derrière il nous fait ça ? Il n’y a vraiment aucun respect pour notre religion. »
Le scotch préfectoral, bardé de l’inscription « SAISIE » attire en tout cas le regard des passants, quand d’autres viennent expressément pour vérifier ce qu’ils ont vu sur les réseaux sociaux.
Cinq collégiens se sont approchés de la devanture. « On lui achetait des wings de poulet, elles étaient à 50 centimes pièces. Tout le collège venait ! », raconte l’un d’eux. « Franchement, c’est abusé ! », lance un de ces camarades. Et l’un des cinq garçons espère même demander au commerçant de le rembourser.
Ils sont en tout cas formels : dans la boutique, nulle mention de sanglier. Ce que confirment les autres clients croisés ce jour. Qui espèrent que la boucherie restera « fermée à vie ».
Les colis juste à côté de la viande
Pour l’heure, l’arrêté préfectoral court « jusqu’à nouvel ordre ». Généralement, si des mesures correctives sont prises, les établissements peuvent rouvrir après un nouveau contrôle. Reste à savoir si la clientèle, elle, reviendra.
Par le passé déjà, ce commerce avait déjà été fermé à deux reprises par les services de l’État pour des problèmes sanitaires, en 2021 et 2023. Deux habitantes confirment les problèmes. « Jamais je n’aurais acheté ici ! ça pue, c’est sale, la viande est noire », charge la première. Quand la seconde confie ne plus avoir acheté de produits carnés ici depuis la première fermeture.
Dominique, de son côté, se désole de trouver le rideau baissé. Non pas qu’elle voulait acheter de quoi préparer son dîner. « Franchement, vous aviez les colis juste à côté de la viande, sans séparation. C’était limite », assure-t-elle. Mais elle devait récupérer deux de ses commandes Vinted. Dépitée, elle n’a plus qu’à espérer qu’ils aient été renvoyés au transporteur.
2025-01-07 09:09:00
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