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Bobigny : la mairie persiste et fait voter l’annulation des loyers de 4 000 logements

by Nouvelles
Bobigny : la mairie persiste et fait voter l’annulation des loyers de 4 000 logements

Le vote a eu lieu ce mercredi soir au conseil d’administration de l’Office public de l’habitat (OPH) de Bobigny, dans un climat tendu. Une majorité d’administrateurs ont acté l’exonération des loyers du mois d’avril (hors charges), pour les 4 000 foyers du parc social. Objectif : aider les familles modestes impactées par le confinement.

« La réunion s’est déroulée dans un climat très tendu. La représentante du préfet s’en est pris plein la tête, quand elle a essayé d’exprimer son point de vue », indique une élue de la Confédération nationale du logement (CNL, représentant les locataires).

Fait notable : le président de l’OPH, Jonathan Berrebi, membre de la majorité municipale, a voté en faveur de l’exonération. Ce dernier — qui n’a pas souhaité répondre à nos questions — avait pourtant émis de sérieux doutes sur le bien-fondé de cette mesure, dans un courrier aux locataires en avril. Il y avait notamment évoqué la situation financière compliquée de l’OPH, en plein plan de redressement.

La ville versera 800 000 €

Arrivé « en retard, tête baissée » selon un des participants, il semble être resté en retrait durant la réunion, laissant le maire sortant Stéphane De Paoli (UDI) présenter lui-même la délibération. « On a demandé à plusieurs reprises à M. Berrebi ce qu’il pensait de la mesure, mais il a éludé la question », souligne un administrateur.

La délibération votée mercredi soir acte, selon le document dont Le Parisien a pris connaissance, une « exonération des loyers du mois d’avril perçus par l’OPH » sous la forme « d’un remboursement des sommes quittancées par les locataires ». Elle précise que la ville de Bobigny s’engage à verser une « subvention exceptionnelle de 800 000 € » à l’office d’ici fin juin. « Cela représente près des deux tiers du financement de cette mesure qui s’élève à un peu plus d’1,3M d’euros », précise Christian Bartholmé, 1er adjoint (UDI) par ailleurs candidat aux municipales.

La délibération a été votée par une majorité d’administrateurs… mais sans les voix de l’administrateur CGT, des représentants de la CAF et d’Action Logement, qui se sont abstenus. La directrice générale de l’OPH, qui assiste habituellement au conseil d’administration, était absente à la réunion.

Les représentants de la CNL ont de leur côté refusé de prendre part au vote, dénonçant une « opération qui s’apparente plus à de la propagande électorale qu’à une mesure de solidarité réelle pour les locataires ».

« Le coût de cette exonération se répercutera forcément ailleurs »

Du côté de la CGT, on s’indigne aussi. « Les locataires se disent : super, on ne va pas payer. Sauf qu’ils paieront quand même, puisque le coût de cette exonération se répercutera forcément ailleurs, sur les charges, l’entretien », tempête Nadia Giunta, déléguée syndicale au sein de l’OPH.

La subvention devra encore être votée en bonne et due forme lors d’un conseil municipal. D’après Christian Bartholmé, celui-ci devrait se tenir le 3 juin prochain.

Rien ne dit encore si cette mesure spectaculaire, annoncée le mois dernier par la municipalité (UDI), sera bien mise en œuvre. Il faudra en effet, précise la délibération votée mercredi soir, que celle-ci passe notamment le contrôle de légalité du préfet. Ce qui s’annonce plutôt mal : le représentant de l’Etat considère en effet que ce conseil d’administration n’aurait pas dû se tenir, les délais de convocation n’ayant pas été respectés.

« Les gens ont besoin d’aide maintenant »

Dans un courrier daté du 20 mai adressé au président de l’office que Le Parisien a pu consulter, le préfet de Seine-Saint-Denis lui demandait de reporter le conseil d’administration « pour une raison de forme ». « Il vous appartenait de prévoir un délai de 10 jours entre la convocation et l’examen de la délibération inscrite à l’ordre du jour », mentionne le courrier.

« En cas d’urgence, ce délai est réduit à 3 jours, précise Christian Bartholmé, également candidat (UDI) aux élections municipales. Nous traversons une crise sanitaire exceptionnelle. En trois mois, l’OPH a perdu l’équivalent d’un mois de loyers. L’urgence est là ! La majorité des administrateurs étaient d’ailleurs présents au conseil administration. »

L’élu, arrivé en deuxième position au 1er tour des municipales, se défend de toute décision électoraliste. « Dans toutes les mairies, même dans celles où les élus l’ont emporté dès le 1er tour, les équipes ont pris des décisions exceptionnelles pour aider leurs habitants durant cette épidémie. Alors oui, certains diront qu’on aurait pu affiner le dispositif pour qu’ils ne bénéficient qu’à ceux qui en ont vraiment besoin. Mais si l’OPH avait dû passer au crible 4 000 dossiers de locataires, rien n’aurait été fait avant le mois de décembre ! Or, les gens ont besoin d’une aide maintenant. »

2020-05-21 10:00:00
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