Bobigny : Le directeur adjoint de l’OPH violemment agressé à l’aide d’un club de golf.

Bobigny : Le directeur adjoint de l’OPH violemment agressé à l’aide d’un club de golf.

Après l’agression de leur directeur adjoint ce mardi, les personnels de l’Office public de l’habitat (OPH) de Bobigny et ceux des offices de Bondy, Bagnolet et Montreuil — qui fusionneront prochainement — se rassembleront ce jeudi à 14 heures devant le siège balbynien. Ils entendent marquer leur soutien et leur détermination après cette attaque d’une rare violence. La condamnation a été unanime.

« Un geste d’une extrême lâcheté et d’une violence inouïe », ont dénoncé ce mercredi matin dans un communiqué le conseil d’administration, la direction et le personnel de l’OPH, qui dispose d’un parc de près de 4 000 logements dans la ville-préfecture de Seine-Saint-Denis.

De graves fractures pour la victime

Mardi, vers 17h30, alors qu’il sortait des locaux où il travaille, le directeur adjoint a été roué de coups par deux individus encagoulés. L’un d’eux, armé d’un club de golf, l’a frappé à plusieurs reprises aux jambes, lui occasionnant de graves fractures. La victime, âgée de 59 ans, était seule et sortait par l’arrière de l’immeuble comme à l’accoutumée. Visiblement, ses agresseurs n’ont pas frappé au hasard. « Il était attendu », est persuadé un employé. Alertés par les cris, ses collègues ont découvert un homme gisant au sol, en état de choc. Il a rapidement été pris en charge par les médecins. La rotule d’un genou a été pulvérisée sous les coups.

Mohamed Aïssani (PCF), élu à Bobigny et président de l’OPH municipal, estime qu’« un cap a été franchi dans la violence » : « C’est une jambisation. » À l’origine, cette technique, la gambizzazioni, a été employée par les mafieux italiens pour intimider leurs adversaires et leur occasionner des séquelles graves. « C’est un guet-apens, un acte barbare, ajoute Nadia Giunta, déléguée syndicale CGT à l’OPH. On ne vient pas au travail pour se faire taper dessus. Nous sommes au service du public. »

Les salariés de l’office ont été profondément choqués. Ce mercredi matin, la direction les a réunis. Une cellule psychologique va être mise en place. « Cet événement n’intervient pas dans un climat serein, complète la syndicaliste dans un communiqué. Nos collègues ressentent depuis plusieurs semaines une tension palpable. L’agression semble en être le paroxysme, dans un contexte délétère. »

En 2020, la DRH avait déjà été la cible d’intrus

Des actes d’intimidation ont été perpétrés bien plus tôt. Dès 2020, une semaine après la victoire des communistes aux municipales, des intrus avaient fait une descente dans les locaux de l’OPH et s’en étaient pris à la directrice des ressources humaines. Les auteurs n’ont jamais été identifiés. Mais le personnel est resté traumatisé.

Quand le directeur adjoint a pris ses fonctions l’année suivante, l’institution était déjà en pleine tourmente financière. En examinant les comptes de l’office, la nouvelle majorité a découvert un déficit de 13 millions d’euros et une structure en « quasi-cessation de paiements », selon le rapport provisoire de l’Ancols, l’agence nationale de contrôle du logement social.

La riposte a été judiciaire. Pas moins de douze plaintes ont été déposées auprès du procureur de Bobigny. Elles visent des actes de favoritisme, des détournements de fonds publics et des prises illégales d’intérêt dans plusieurs marchés publics.

«Cet acte d’une grande lâcheté ne nous fera pas céder»

L’ancien président, Jonathan Berrebi, qui gérait l’office sous la majorité UDI de Stéphane de Paoli, est accusé d’avoir plombé les comptes de l’organisme. Sa directrice générale, Sylvie Ramond, est également ciblée. Nadia Giunta n’a pas de mots assez durs pour qualifier cette gestion passée, un « hold-up à ciel ouvert ».

Après cette agression sauvage, les dirigeants de l’office HLM clament leur détermination et appellent « les autorités judiciaires à faire toute la lumière sur cette odieuse agression ». « Cet acte d’une grande lâcheté ne nous fera pas céder, ajoute Mohamed Aïssani. Nous restons pleinement mobilisés pour redresser notre office, pour réclamer justice et réparation face aux graves abus de ces dernières années. »

L’agression a-t-elle un lien avec ces plaintes en cascade ? Ce mercredi soir dans un communiqué, le maire, Abdel Sadi (PCF), relève que « cette agression intervient dans un contexte où se déroulent plusieurs enquêtes judiciaires portant sur la gestion de l’ancienne équipe de direction ». Une plainte a été déposée par la victime. La ville devrait en faire de même. Quant aux deux agresseurs, ils n’ont pas été interpellés, ni identifiés. Ils sont activement recherchés.

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