« Mets des paillettes dans mon salaire, Éric (Dupond-Moretti) », ou encore « Ma pancarte est nulle, mes conditions de travail aussi ». Sur ces deux petits panneaux brandis, ce lundi, par les greffiers du tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis), s’exprime une grande fatigue.
Ces auxiliaires de justice répondaient à un mouvement national pour protester contre un projet de revalorisation salariale et de nouvelle grille indiciaire qui les désavantagerait. Une soixantaine de greffiers se sont mobilisés sur le parvis du palais de justice.
À Bobigny, cette grogne salariale se double d’un ras-le-bol contre le déficit criant en effectifs. Un problème récurrent dans ce ressort, qui ne semble pas s’atténuer.
En décembre 2021, les greffiers étaient déjà en grève pour réclamer des embauches et des conditions de travail plus supportables. Maillon indispensable de la chaîne judiciaire, la profession se sent déconsidérée. À Bobigny, elle ne comptait que 565 personnes en 2021. Selon les syndicats de magistrats, 1 240 seraient nécessaires pour faire tourner l’institution de façon satisfaisante.
De moins en moins de candidats au greffe
Un an et demi après, ils sont toujours à la peine. Ils sont aussi toujours soutenus par les magistrats et les avocats du barreau de Bobigny. Albertine Munoz, déléguée locale du Syndicat de la magistrature et juge de l’application des peines, énumère la succession de dysfonctionnements causés par l’absence de greffier.
« Actuellement, l’un des dix cabinets qui compose le service de l’application des peines ne peut pas fonctionner normalement faute de greffière en continu », cite-t-elle en exemple. L’application des peines, à Bobigny, est considérée comme le service le plus important de France avec dix cabinets de magistrats. « Du jour au lendemain, ce service s’est retrouvé sans greffier pour tenir les audiences à la maison d’arrêt de Villepinte ». Et sans lui, « les demandes d’aménagement de peines des détenus ne peuvent se faire ».
De même, en octobre 2022, « un poste sur deux était vacant au tribunal pour enfant, poursuit la magistrate. Des audiences ont été annulées en cascade. »
L’avenir paraît tout aussi compromis. De moins en moins de personnes se portent candidates pour le greffe. Même avec la prime de 10 000 euros attribuée à ceux qui resteraient au moins cinq ans à Bobigny. « Ça ne suffit pas à les fidéliser », se désole la magistrate.
2023-06-26 10:00:00
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