Bolle e la “Dame aux Camélias”

2024-09-27 20:23:42

Roberto Bolle incarnait Armand Duval dans « Dame aux Camélias » à la Scala lors de la saison 2007-2008. Puis en décembre 2017 avec Svetlana Zacharova. Il revient désormais pour la troisième fois dans ce rôle exigeant. Si en 17 sa Marguerite était Svetlana Zacharova, aujourd’hui l’interprète est Nicoletta Manni, étoile de La Scala.

Il s’agit de la version éprouvée de John Neumeir adaptée à une anthologie de musique pour piano et orchestre de Chopin.

Ses “Dames aux Camélias”, qu’il qualifie de “drame dansé”, comme tous ses ballets narratifs, ont une structure stylistique néoclassique, vivent de la musique de Chopin, puisent directement dans le roman de Dumas fils et se placent dans une dimension de mémoire. . Car tout découle du regret et de la douleur d’Armand Duval qui s’est retrouvé dans la maison de Marguerite alors que la jeune courtisane était déjà décédée, en 1847, et que meubles, vêtements et bijoux étaient mis aux enchères. Et le pauvre gars s’effondre au sol.

Puis, puisque dans le roman Armand donne à Marguerite Gautier la « Manon » de l’abbé Prévost et que la comparaison des deux téméraires avides de divertissement et d’amour est soulignée, ici au premier acte nous rencontrons le demi-monde parisien au théâtre en compagnie de Marguerite assiste à un ballet (oui, un ballet dans le ballet) où Manon (Martina Arduino) danse ses propres aventures avec Des Grieux (Nicola del Freo). Et la figure tragique de Manon suivra de loin le chemin de croix de Margherita tout au long du récit. C’est l’année de « Manon » qui se joue en trois versions (Puccini, Masenet, Auber) tout au long du mois d’octobre à la Regio di Torino.

De retour au ballet, les deux se retrouvent au théâtre, elle l’invite chez elle pour une soirée après le spectacle et là, quand tout le monde est parti, sur le canapé, au milieu de toux excessive, de fausse coquetterie, d’enthousiasme réel, l’amour s’épanouit.

Dès lors, nous connaissons le scénario. Pique-nique et danse à la campagne. Arrivée du méchant duc (Christian Fagetti) qui veut récupérer sa femme gardée et celle qui rejette le proxénète. Intervention du père d’Armand (Gabriele Corrado) : il tend un piège au pauvre amant (“Pur comme un ange etc” pour les mélomanes) qui abandonne Armand et revient rapidement à Paris pour vivre sa vie. La haine prend le pas sur l’amour et Armand qui, après avoir rencontré Margherita sur les Champs Elysées, flirte avec une autre. Flash-back tragique et désespéré, mais la tuberculose ne lui laisse plus que quelques heures : la mort et le final.

Il est vrai aussi que, habitués aux sensations fortes et simples, Verdi et sa « Traviata » nous manquent parfois ; mais sagement, pour prendre ses distances, Neumeier choisit Chopin. C’est une musique qui suggère à peine, accompagne par réflexe le déroulement de l’histoire, mais ne la transcende jamais : la tragédie et la passion font pleurer le piano (et le public) avec une douleur intériorisée, sans avoir besoin de la grosse caisse ; même si nos goûts méditerranéens, pour la grande scène d’amour, désireraient quelque chose de “plus fort” que le beau Largo de la Sonate en si mineur op. 58.

Deux splendides pas de deux, en blanc au deuxième acte, et en noir, tragiques au troisième, sont les moments forts du ballet. Soirée saluée par un long tonnerre d’applaudissements. Même si chez les deux protagonistes, on aurait aimé voir plus de passion, d’amour débordant. Bolle et Manni, en revanche, semblent un peu détachés. De nombreux castings avec danseurs principaux et artistes invités pour un ballet qui comptera sept représentations jusqu’au 16 octobre.



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