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Borges : La science peut-elle se jouer à travers la littérature ? | La hache de pierre Science

Borges : La science peut-elle se jouer à travers la littérature ?  |  La hache de pierre  Science

2023-09-21 14:17:40

Pour Jorge Luis Borges (1899-1986), une bibliothèque a toujours été un univers au centre duquel il vivait lui-même, égal à une divinité délirante. Parce que la bibliothèque borgésienne est un nombre « indéfini, et peut-être infini » de galeries couvertes de livres qui constituent un labyrinthe inaltérable ; une géométrie mythologique qui englobe tous les livres du monde et que l’auteur argentin a nommé La Bibliothèque de Babeldonnant le titre à un récit dans lequel il situe son univers bibliothèque composé d’infinies salles hexagonales où se trouverait le « catalogue des catalogues ».

Il y en a qui n’y croient toujours pas, mais si l’univers ne rentre pas dans une bibliothèque, il trouvera toujours sa place dans notre imaginaire. ça va être dans l’histoire La Bibliothèque de Babel, dans la note de bas de page, où apparaît le nom de Letizia Álvarez de Toledo, peintre et amie de Borges, pour qui une telle bibliothèque est inutile, puisque, selon elle, « un seul volume suffirait (…) dans un livre commun format constitué d’un nombre infini de feuilles infiniment fines. Et c’est ici que Borges tient à citer le mathématicien Bonaventura Cavalieri (1598-1647) qui considérait les figures planes comme un ensemble infini de lignes parallèles et les corps solides comme une superposition d’un nombre infini de plans.

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Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres que l’on peut trouver en lisant Borges. La maison d’édition Lumen vient de rééditer ses Histoires Complètes, un recueil complet de fictions où paradoxe mathématique et rigueur scientifique se conjuguent avec la fable, transformant ainsi chacun de ses textes en une pièce magique, semblable à cet objet découvert dans le sous-sol d’une maison sur Rue Garay, au pied de l’escalier, et que Borges nomma El Aleph; une sphère de 2 ou 3 centimètres de diamètre qui contenait l’univers entier, sans diminution de taille ; un univers où logique et absurdité se complètent et font de la lecture un voyage où la précision scientifique joue avec l’acte artistique.

Mais Borges ne reste pas seulement dans la fiction, allant jusqu’à recréer les mathématiques de Cantor dans l’un de ses essais, intitulé La doctrine des cycles où, selon l’histoire, chaque point est la fin d’une subdivision infinie. En cela, l’univers est une succession infinie de termes, ce qui fait de la conception philosophique de Nietzsche de l’éternelle récurrence un sophisme.

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Afin de continuer à réfuter Nietzsche et à le prendre comme référence, Borges cite la deuxième loi de la thermodynamique selon laquelle les processus énergétiques sont irréversibles. La chaleur ne revient pas sous forme de lumière, assure Borges. “Cette vérification, apparemment inoffensive, annule l’Éternel Retour.” Il y a dans la littérature de Borges une tension scientifique entre lumières et ombres qui donne naissance à des formes géométriques, un style très personnel favorisé par une sélection mathématique qui parvient à placer un point dans l’espace pour définir une syntaxe précise ; une combinaison de mots réfléchis dans la juste mesure le long d’une galerie de miroirs infinis.

En lisant Borges, nous découvrons que la réalité doit son existence à l’imagination et qu’un instant contient sa propre éternité, de la même manière qu’une goutte d’eau contient la saveur de l’océan tout entier ; En lisant Borges, nous comprenons que la capacité prédictive de la science ne serait pas aussi prédictive sans l’imagination qui la représente.

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Pour autant, il est possible d’imaginer Borges comme une divinité qui délire au centre d’une bibliothèque infinie et en constante expansion.

La hache de pierre C’est une section où Montero Glez, avec un désir de prose, exerce son siège particulier sur la réalité scientifique pour démontrer que la science et l’art sont des formes complémentaires de connaissance.

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