2023-05-03 02:10:01
Dans mon article d’aujourd’hui – dans une atmosphère de post-célébrations du 25 avril – j’ai l’intention d’effleurer deux thèmes importants. La première porte sur les grandes avancées qui ont été réalisées dans des domaines clés structurants du régime démocratique post-25 avril 74 et la seconde rappelle le degré de lenteur révélé par notre économie au regard de la croissance économique souhaitée.
Je me permets d’aborder le premier sujet des données récentes publiées par Pordata, qui montre qu’en ce presque demi-siècle de démocratie, le pays a fait des sauts qualitatifs et civilisationnels très pertinents, comme, par exemple, dans le taux de mortalité infantile, dans l’espérance de vie moyenne, dans la chute brutale de l’analphabétisme, dans l’accès à l’enseignement supérieur et dans le triplement de l’emploi féminin.
Tout cela nous confronte à une amélioration fondamentale du développement socio-économique, c’est-à-dire des conditions de vie en général. Cependant, l’analyse de Pordata pointe des « reculs » dans cette longue période qui ont à voir principalement avec la situation démographique, car plus de personnes meurent qu’il n’en naissent et par conséquent nous assistons à un vieillissement dangereux, voire critique, de la population.
Nul doute que la question démographique se pose comme un véritable objectif national, qui nécessitera l’adoption d’un ensemble de politiques intégrées, dûment consensuelles.
Passons maintenant au deuxième sujet, c’est-à-dire la lenteur de la croissance de notre économie. En effet, et malgré le montant élevé des aides communautaires, l’économie portugaise se caractérise par une certaine anémie puisqu’elle a été l’un des pays pionniers à rejoindre l’euro en 1999.
Selon les données et les estimations du FMI pour la période 1999-2028 (30 ans), le Portugal a connu plusieurs années de croissance lente et a été l’une des économies les plus pénalisées lors de la crise de la dette souveraine de 2008-11, lorsqu’il a dû se soumettre aux diktats de la troïka. Dans ces mêmes données et estimations (je me souviens pour la période de trente ans 1999-2028) le profil de croissance cumulé du PIB portugais pointe à 42,7% (à comparer avec celui de l’Irlande qui dans la même période se traduit par 370% !) , ce qui équivaut à un taux de croissance annuel moyen de seulement 1,2 %.
Dans l’Union européenne (UE), seuls deux pays sont dans la période analysée avec une moins bonne performance : l’Italie (17,3%) et la Grèce (24,3%). Il convient de noter qu’au niveau mondial, parmi les PIB à croissance plus lente que le Portugal, se trouvent des pays qui ont été ou sont encore confrontés à des situations de guerre ou de conflit armé.
Cependant, les estimations du FMI pour 2023-2028 semblent plus pessimistes que celles publiées pour la même période par le gouvernement portugais. En effet, pour l’année en cours de 2023, le FMI pointe une croissance du PIB national à des valeurs de seulement 1%, mais une estimation récente du gouvernement portugais – dans le cadre de la révision de la stabilité et de la croissance Plan – relance l’économie à un niveau de croissance de 1,8% (encore plus risible que celui révélé en octobre, lors de la présentation du budget de l’État 2023), probablement centré sur une augmentation des exportations et, en particulier, des flux touristiques.
Par conséquent – et contrairement à ce que le FMI évoque – le Portugal fuirait la zone des dix économies de l’UE qui connaîtront une croissance inférieure à 1,2 % en 2023, finissant par renforcer le rythme de croissance par rapport à la moyenne de l’UE, qui se situera en 2023 dans la de l’ordre de 0,7%, conséquence de la contraction de 0,1% du moteur qu’est l’Allemagne et de la faible croissance des économies plus développées, comme la France (0,7%) et l’Italie (0,7% également) .
Malgré ce plus grand optimisme de la part du Gouvernement, les taux de croissance annuels du PIB oscilleront autour de 2% dans les années à venir, ce qui confirmera la tendance au dépassement des pays dits de cohésion, toujours préoccupante, notamment lorsque nous sommes confrontés à des taux de croissance plus élevés dans des pays comme la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce elle-même.
Or, avec ce niveau modeste de croissance économique, et sachant que d’importantes conquêtes sociales sont toujours remises en question par l’évolution du temps (qui apporte de nouvelles exigences et approches, c’est pourquoi la consolidation d’un État social passe par la création de plus de richesses), on ne peut aspirer à de hauts vols. En effet, et jusqu’ici tout va bien, une politique prudente a été adoptée pour contenir la dette publique, qui devrait rester inférieure à 100 % du PIB pour l’année 2025.
Nous sommes donc sur un cap de stabilité (en dehors de la pagaille, bien sûr), dans un style dit « p’tit p’tit », fortement expectatif face aux résultats de l’exécution du modernisateur du PRR jusqu’en 2026, et notant que le tourisme continue d’être considéré comme l’un des « moteurs » de notre économie.
Les principes d’une économie de marché sont bien ancrés dans notre gouvernance, mais fondés sur un État qui redistribue et atténue les inégalités sociales. Cependant, il sera également discutable de la nécessité pour nous d’avoir un niveau de croissance économique beaucoup plus élevé, même sans négliger l’équilibre budgétaire nécessaire.
Nous devons, à mon sens, être « poussés » par ceux qui créent effectivement de la richesse (et des emplois), c’est-à-dire par une initiative privée vigoureuse et compétitive à laquelle l’État ne crée pas trop de coûts de contexte, à commencer par l’excès de bureaucratie et par une charge fiscale élevée. En d’autres termes, nous aurons un État qui, dans la mesure du possible, gère moins le gâteau de la richesse nationale et renforce notamment la classe moyenne, tout en maintenant un niveau adéquat de préoccupations sociales.
Mais attention, pour cela il est urgent – sous peine d’inefficacité – la consolidation d’une classe d’affaires qui se redimensionne, relance de nouveaux moteurs d’innovation et de productivité, et assume comme pilier une capitalisation adéquate et, aussi, une attitude de coopération entre les entreprises au niveau national et international. Nous verrons!
L’auteur écrit selon l’ancienne orthographe.
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