Briser le cycle des rechutes dépressives : témoignage et traitements médicaux et psychologiques

Briser le cycle des rechutes dépressives : témoignage et traitements médicaux et psychologiques

En Suisse, la dépression, également connue sous le Trouble dépressif majeur (TDM), affecte une femme sur cinq et un homme sur dix au cours de leur vie. Autrefois considérée comme une réaction temporaire à des événements déclencheurs, la dépression ne se limite pas toujours à cette caractéristique.

Les statistiques révèlent qu’environ 50% des personnes ayant déjà connu un épisode dépressif en connaîtront un deuxième. Après le deuxième épisode, le taux de rechute atteint 70%, et après un troisième, il monte à 90%, ce qui conduit à ce que l’on appelle la “dépression chronique”.

Cependant, ces chiffres ne sont en aucun cas une condamnation. Il est possible de briser le cycle des rechutes dépressives.

Sandro, dans le podcast “Dingue”, partage son expérience marquée par deux premiers épisodes dépressifs, liés à des circonstances familiales particulièrement difficiles. Le troisième épisode, survenu près de 10 ans après le second, a été beaucoup plus intense, sans éléments déclencheurs clairement définis.

Il se souvient : “Au début, tout est vide, on est là et on ne sait pas. On a l’impression qu’on n’a jamais su, qu’on ne saura jamais”, décrivant “un vide qui donne le vertige, un vide dont on ne sait pas quoi faire”. Suite à cela, Sandro a finalement été hospitalisé. Il raconte : “Arriver là-bas, pour moi, c’était la cinquième dimension. Et puis j’ai rencontré beaucoup de belles personnes et on avait l’habitude de se dire entre nous : les fous, ce n’est pas ici qu’ils sont, ils sont dehors”.

Le psychiatre Guido Bondolfi, professeur émérite à l’Université de Genève et spécialiste des troubles de l’humeur, explique le risque de rechute dépressive en utilisant la métaphore de la cicatrice. Il déclare : “Après chaque épisode, une sorte de cicatrice de vulnérabilité est acquise, ce qui rend plus probable le risque de rechute. Cependant, après un premier épisode dépressif, on ne dispose pas de facteurs permettant de prédire qui fera partie des 50% qui connaîtront une rechute”.

Pour la prise en charge de la dépression, Sandro, comme la plupart des personnes concernées par le TDM, combine un traitement pharmacologique et une psychothérapie. Interrogé sur l’importance des médicaments dans son traitement, il affirme : “Les médicaments, je pense que cela me sauve au quotidien”. Il accorde également une grande importance à la pratique régulière du sport et a suivi un programme de méditation de pleine conscience.

Le professeur Guido Bondolfi souligne que des études scientifiques ont démontré l’efficacité de la Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT), similaire à celle des traitements pharmacologiques, pour réduire le risque de rechute. Il explique : “Lorsqu’on a connu plusieurs épisodes dépressifs, si l’on ressent brièvement une petite déprime passagère, on tente immédiatement de la comprendre et de la résoudre”. Il ajoute : “Plus on essaie de résoudre le problème, plus on s’enfonce dans la dépression. Apprendre à méditer permet de rester en contact avec ses pensées sans réagir, évitant ainsi le piège de la réactivité automatique des ruminations qui favorisent la rechute”.

Lorsqu’on demande à Sandro s’il perçoit des aspects positifs malgré les souffrances endurées lors de ses épisodes dépressifs, il répond sans hésiter : “J’ai appris à me connaître davantage et à redéfinir ce qui est vraiment important, du moins à mes yeux, dans la vie”. Il conclut en disant : “Grâce à cette expérience, j’ai également eu le privilège de rencontrer de nombreuses personnes extraordinaires et peut-être ai-je développé une certaine sensibilité, dans le sens le plus positif du terme, grâce à ces épreuves”.

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