Human Rights Watch (HRW) a accusé mercredi la junte au pouvoir au Burkina Faso d’intensifier les enlèvements des personnalités critiques du régime et d’utiliser des méthodes de plus en plus brutales pour réduire au silence les voix dissidentes.
Selon un rapport de l’ONG, “la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso procède de plus en plus à des enlèvements d’activistes de la société civile et d’opposants politiques dans le cadre de sa répression de la dissidence pacifique”.
Depuis fin novembre 2023, au moins six activistes et membres de partis d’opposition ont été enlevés par des hommes non identifiés dans la capitale, Ouagadougou, précise HRW.
Parmi les personnalités citées dans le rapport figure l’avocat Guy Hervé Kam, ancien magistrat et co-fondateur du mouvement “Balai citoyen” qui a joué un rôle crucial dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.
Le 15 février, les avocats du Burkina Faso ont observé un arrêt de travail et paralysé de nombreux tribunaux pour demander la libération de M. Kam, toujours détenu depuis son enlèvement par des hommes en civil.
Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel à HRW, affirme que les autorités burkinabè utilisent des méthodes de plus en plus brutales pour réprimer et faire taire les individus considérés comme des critiques et des opposants.
Un membre du mouvement politique dirigé par M. Kam, cité anonymement dans le rapport, déclare: “Nous sommes paralysés par la peur. Même organiser une conférence de presse, l’un de nos droits les plus fondamentaux, devient un acte héroïque”.
Le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, a signé en avril 2023 un décret de “mobilisation générale” d’une durée d’un an, autorisant la réquisition des jeunes de 18 ans et plus en cas de besoin pour lutter contre les jihadistes.
En novembre, les forces de sécurité burkinabè, se basant sur une loi d’urgence étendue, ont informé au moins une douzaine de journalistes, d’activistes de la société civile et de membres de partis d’opposition qu’ils seraient enrôlés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement à travers le pays, rapporte l’ONG.
Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des violences jihadistes attribuées à des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, causant près de 20 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.