Home » Santé » Campagne “Rouge gorge” : Sensibilisation au cancer de la sphère ORL

Campagne “Rouge gorge” : Sensibilisation au cancer de la sphère ORL

by Nouvelles
Campagne “Rouge gorge” : Sensibilisation au cancer de la sphère ORL

En France, chaque année, 15 000 nouveaux patients découvrent qu’ils ont un cancer de la sphère ORL, ignorant souvent les premiers signes de la maladie. La campagne nationale “Rouge gorge” sensibilise : “N’attendez pas d’être dans la zone rouge”.

Manger épicé ? Non, mais boire, fumer, oui, surtout du cannabis, “un joint est l’équivalent d’un paquet de cigarettes”, avertit le Dr Cupissol, oncologue. Sans compter les effets dévastateurs du papillomavirus.

La première campagne nationale de sensibilisation aux risques et aux premiers signes du cancer de la gorge, “Rouge gorge” du 2 au 5 avril, veut faire passer les bons messages, au sortir de “Mars bleu”, sur le dépistage du cancer du côlon, bien avant “Octobre rose”, sur le dépistage du cancer du sein, deux rendez-vous installés dans le paysage de la prévention santé.

“C’est une première nationale, dix ans après la première campagne de dépistage “Make sense”, à l’initiative de l’Europe, qui a fait “pschitt”. La société française d’ORL, la société française de carcinologie cervico-faciale et les centres anticancéreux ont trouvé dommage de laisser passer le message mais c’est une campagne difficile” constate le Dr Didier Cupissol, oncologue médical tout juste retraité de l’ICM Val d’Aurelle, à Montpellier, aujourd’hui président du Gefluc France et Occitanie.

Au-delà des chiffres, 15 000 nouveaux cas chaque année en France, 1 500 en Occitanie, l’association, qui sensibilise au cancer en milieu professionnel veut alerter le grand public sur ces signes anodins qu’il ne faut pas laisser passer.

Pr Renaud Garrel : “Il faut absolument relancer la campagne de vaccination contre le HPV”

Renaud Garrel est responsable de l’équipe médicale de cancérologie et laryngologie au CHU de Montpellier. Son message est insistant, pour faire reculer les cancers de la sphère ORL, et notamment de la partie centrale du pharynx (oropharynx), en hausse de + 157 % en vingt ans, “il faut abolument relancer la campagne de vaccination” contre le papillomavirus.

“Le vaccin prévient à 100 % le risque de cancer de la gorge, mais aussi de cancer de la verge chez l’homme et de cancer de l’utérus chez la femme”, précise Renaud Garrel.

En France, fin 2021, 45,8 % des filles de 15 ans et 6 % des garçons du même âge avaient reçu au moins une dose du vaccin, selon l’Inserm.

“Il ne faut pas laisser traîner”

“Il faut sensibiliser les gens à cette symptomatologie autour de la bouche et de la gorge. Une gêne fonctionnelle, une voix enrouée qui traîne à se soigner, un bouton de fièvre qui ne disparaît pas au bout de trois semaines… il faut consulter très vite”a conseillé Didier Cupissol.

“Douleur à la langue ou à la gorge, tâche rouge ou blanche dans la bouche, déglutition douloureuse, enrouement, grosseur dans le cou, nez bouché ou écoulement de sang par le nez” doivent amener à consulter, complètent les messages de la campagne.

Thierry Roux, 53 ans, sait ce qu’il en coûte à trop laisser traîner. Une extinction de voix mise sur le compte d’un coup de froid, un premier rendez-vous chez un ORL qui ne diagnostique “rien de cancéreux”, l’infirmier se retrouve huit mois plus tard avec le résultat alarmant d’une biopsie : “Les deux cordes vocales touchées, et une tumeur qui a gagné les os”.

Un an après 35 séances de radiothérapie et 3 cycles de chimiothérapie, il a “la chance que tout soit parti” le protocole de soins qui a conservé ses cordes vocales intactes. “Les soins sont quand même très lourds, et c’est psychologiquement très violent” avertit l’infirmier, fatigué, qui regrette encore le temps perdu : “Il ne faut pas laisser traîner !”

“Après une laryngectomie, peu de gens retrouvent une vie et une activité normales”

“Si on prend les choses tôt, la chirurgie, aujourd’hui largement robotisée, peut suffire, et la vie reprend assez vite son cours” ajoute Didier Cupissol, qui fait aussi état des progrès de la radiothérapie assistée par l’intelligence artificielle, et des protocoles d’immunothérapie. Mais “après une laryngectomie, peu de gens retrouvent une vie et une activité normales. Il y a des troubles majeurs, on parle en rotant…”

Le médecin interviendra dans quelques entreprises de la région, cette semaine, avec des messages clés et des films de sensibilisation. Il a bon espoir d’y associer bientôt les dentistes, “il n’y a rien d’officiel”.

Ce jeudi 4 avril, la société française d’ORL organise un webinar sur le sujet.

Comme son confrère Renaud Garrel, chirurgien ORL au CHU de Montpellier, il insiste aussi sur l’intérêt de la vaccination contre le papillomavirus : “Les pays qui ont vacciné il y a plus de 25 ans ont vu disparaître les infections au HPV. Il y a eu l’Australie, et certains États américains. La Californie a vu disparaître ces cancers”.

Cancers de l’oropharynx : + 157 % en 20 ans

Les cancers ORL se développent “au niveau des lèvres, de la bouche, du pharynx (nasopharynx, oropharynx, hypopharynx), du larynx ou encore des fosses nasales, des sinus ou des glandes salivaires”, précise le Gefluc dans la campagne de sensibilisation qui démarre cette semaine.

En France, le nombre de nouveaux cas de cancers de la gorge (lèvres, bouche, pharynx et larynx) projetés en 2017 est de 15 264. 10 932 des nouveaux cas sont diagnostiqués chez les hommes, 4 332 cas chez les femmes. Si le nombre de cancers de la gorge diminue chez les hommes, il est en augmentation chez les femmes. Cette tendance est notamment en lien avec l’évolution du tabagisme, en hausse chez les femmes.

Sur les seuls cancers de l’oropharynx, le chiffre est de 3000 nouveaux cas par an en 2023, identique à celui des nouveaux cas de cancers du col de l’utérus, indique le Pr Renaud Garrel. “La moitié des cancers de l’oropharynx seraient liés au papillomavirus”, précise le médecin. Mais s’il y a une tendance à la diminution de l’incidence des cancers du col de l’utérus, de – 20 %, il y a une augmentation de 157 % des cancers de l’oropharynx sur 20 ans.

Les cancers de la gorge surviennent le plus souvent entre 50 et 64 ans, mais certains d’entre eux comme les cancers de l’oropharynx HPV-induits, apparaissent chez des patients plus jeunes, en bonne santé générale et ne consommant pas d’alcool ou de tabac. Les cas de cancers de la gorge HPV induits sont en augmentation et touchent aussi bien les hommes que les femmes. Ces cancers ont tendance à être diagnostiqués dans deux groupes d’âge : de 30 à 40 ans et entre 60 et 70 ans.

En Occitanie, 1500 nouveaux cas des voies aéro-digestives sont répertoriés chaque année, pour 70 % chez les hommes, mais l’incidence augmente chez la femme.
#Lèvres #bouche #larynx #Rougegorge #une #campagne #pour #sensibiliser #aux #premiers #signes #des #cancers #ORL
2024-04-02 21:46:00

You may also like

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.