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Captain America à Ferraz

2023-11-07 20:00:33

Dans la nuit de ce lundi 6 novembre, deux photographies ont été les plus discutées sur les réseaux sociaux. Il ne semblait y avoir aucun lien entre eux, mais ils sont unis par un fil caché qui coud toutes nos affaires courantes. La première montre deux adolescents frappant La Vénus du miroirpar Velázquez, la seconde est prise pendant les émeutes devant le siège du PSOE, et parmi les premiers manifestants on peut voir un homme avec un bouclier de Captain America à côté d’un autre avec un casque des tiers de Flandre.

Ils attaquent la « Vénus du Mirall » de Velázquez.

Comme je l’ai dit, ces deux images n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Plus encore, si les protagonistes de ces images se croisaient dans la rue, ils ne se reconnaîtraient probablement jamais comme faisant partie du même groupe. Mais ils sont. Car tous deux ont décidé d’utiliser la même stratégie : joindre la violence au symbole.

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Dans cette société où l’on émoticône vaut mille mots, s’en tenir à un symbole, c’est comme prendre un selfie avec une célébrité : cela attire l’attention. Et bien plus encore s’il y a de la violence autour d’eux, peut-être un autre élément aussi efficace que le symbole pour capter l’attention.

Personne n’explique pourquoi ils se rendent à une manifestation habillés en super-héros ou s’attaquent à une œuvre d’art pour une question qui n’a rien à voir. Cependant, je suis très clair sur l’objectif qu’ils recherchent. Et si le lecteur n’est toujours pas clair, il suffit de revenir au début de cette chronique : les deux photographies ont été les plus discutées sur les réseaux sociaux.

Nous vivons une époque étrange, où le mot viral a remplacé le mot à plusieurs reprises succès. Je me souviens qu’il y a quelques années, en route pour un concert, l’amie d’un ami m’a raconté qu’elle avait tweeté le musicien pour lui dire qu’elle allait au spectacle et que l’artiste, elle l’a dit avec une fausse pudeur, avait ” cliqué sur le comme“, même si ce qu’elle voulait vraiment, c’était un retweet que tout le monde puisse voir.

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Le besoin d’être vu nous pousse à prendre des décisions déroutantes. Est-ce une réussite de pouvoir apparaître sur toutes les télévisions et réseaux sociaux pour une action vindicative ? Oui. Mais est-ce une réussite pour la cause ou une réussite personnelle ? J’ai l’impression qu’à notre époque, nous sommes plus désireux de comprendre que de changer le monde.

C’est pour ça qu’on s’accroche au symbole, c’est comme un rendez-vous avec une star hollywoodienne, tout le monde nous regarde. Même si j’ai peur, comme tous ceux qui ont déjà côtoyé une célébrité, nous savons que peu importe à quel point nous nous rapprochons, personne ne le remarque. Tout comme personne ne se souvient du visage de Captain America, seulement de son bouclier.



#Captain #America #Ferraz
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