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Cardinal Marengo : « Le Pape nous donnera du courage »

Cardinal Marengo : « Le Pape nous donnera du courage »

2023-08-28 12:57:17

Le Cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique d’Oulan-Bator, s’exprime : “La visite est un signe d’attention envers une Eglise minoritaire et envers un peuple riche en culture”

La visite du pape François en Mongolie ? “Une occasion extraordinaire, un signe d’attention envers une Eglise minoritaire et suburbaine qui signifie beaucoup et qui nous encourage”. Le cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique d’Oulan-Bator, ne cache pas son enthousiasme pour le voyage qui mènera le Pontife du 31 août au 4 septembre parmi les 1.500 chrétiens du grand pays d’Asie centrale. “Ici, on plaisante en disant que tous les fidèles pourraient être sur la photo souvenir avec le Pape”, sourit le missionnaire Consolata. Derrière lui, dans son bureau, se trouve un panneau encadré avec l’incipit de la Constitution de 1992, qui établit la liberté pour les citoyens de professer n’importe quelle religion, voire aucune. “C’est le chiffre qui a permis les relations diplomatiques bilatérales entre le Saint-Siège et la Mongolie et a ouvert les portes, il y a 31 ans, à l’arrivée des trois premiers missionnaires catholiques”, commente le Père Marengo, présent dans le pays depuis 2003 et devenu l’année dernière, à 48 ans, le plus jeune membre du Collège des Cardinaux.
Cette visite historique, aux implications géopolitiques non négligeables compte tenu de la situation du pays, coincé entre la Russie et la Chine, représentera – c’est l’espoir du cardinal – “un pas en avant dans le chemin des relations entre l’Église et l’État”. Un front sur lequel « la Mongolie est un exemple vertueux dans cette région du monde ».
Comment se déroulent vos relations avec les institutions ?
« Depuis le début, cela a été une bonne chose et nous continuons à l’alimenter dans le dialogue avec les autorités au niveau local et national, surtout pour expliquer ce qu’est l’Église catholique en sortant de quelques simplifications : comme héritage du socialisme, il reste un certain soupçon de religion. Nous voulons plutôt montrer clairement que nous sommes un partenaire fiable pour l’État et non une menace. En cela, nous rappelons la beauté du passé mongol : déjà à l’époque de l’empire fondé en 1206 par Gengis Khan, il existait une certaine tolérance et il y avait des chrétiens nestoriens. Le franciscain Giovanni da Pian del Carpine fut le premier Occidental à mettre les pieds dans la capitale impériale, Karakorum : un fait connu dans le monde de la culture, parmi les historiens et les archéologues, mais pas au niveau de la connaissance populaire».
En revanche, la Mongolie est loin de l’imaginaire européen : quels sont les aspects de ce peuple qui vous frappent le plus ?
« Elle regorge de richesses humaines, spirituelles et culturelles. J’admire beaucoup la résilience des Mongols, habitués à endurer tant d’extrêmes climatiques et géographiques : ils ont intériorisé cette capacité à résister aux chocs de la vie et ont mûri une grande sagesse, transmise depuis des générations. Et ils ont une sensibilité marquée pour l’aspect religieux».
Comment décririez-vous cette spiritualité ?
« Façonné par le chamanisme et le bouddhisme, avec une série de symboles, un art figuratif, un héritage musical que soixante-dix ans de communisme rigide n’ont pas réussi à éradiquer. Pas même avec violence : la Mongolie est le pays bouddhiste qui compte le plus grand nombre de martyrs, environ quinze mille moines massacrés lors des terribles purges socialistes. En général, pour les Mongols, la vie ne peut être interprétée uniquement sur la base de ce qui est visible, palpable et calculable».
Quel est plutôt le visage de l’Église mongole ?
« Sa beauté est la fraîcheur de la foi : les chrétiens, tous de la première ou de la deuxième génération, embrassent la Parole de Dieu et cherchent sincèrement à vivre de sa lumière. Le pape François, s’adressant aux évêques d’Asie centrale, a utilisé l’image du « germe dans la steppe » : une Église naissante qui requiert une attention, une profondeur et un engagement particuliers de notre part, missionnaires ».
Quels sont les espaces de dialogue avec le bouddhisme ?
“Sont beaucoup. Notre premier évêque, Mgr Venceslao Padilla, s’était déjà engagé dans ce sens et pour nous, missionnaires, le dialogue représente un des aspects centraux de notre présence. Ces dernières années, j’ai donc également connu une croissance des relations au niveau officiel : il existe aujourd’hui un groupe interreligieux qui comprend des catholiques, des évangéliques, des mormons, des bouddhistes, mais aussi des musulmans, des bahaïs et un représentant juif. Avec le bouddhisme, il reste une voie privilégiée, comme en témoigne la première visite officielle au Vatican l’année dernière d’une délégation de Mongolie”.
Sur quoi se base ici l’annonce de l’Évangile ?
“70% de l’activité de l’Église est constituée d’œuvres sociales, mais à travers ce souci de l’autre avec l’esprit évangélique, qui est celui de la gratuité, nous essayons d’incarner le message de Jésus, pour que les gens puissent le reconnaître”.
Comment essayez-vous d’insérer ce message dans la culture locale ?
«Le premier véhicule est la langue, utilisée pour la célébration. Ensuite, nous vivons les moments clés de l’existence, comme la naissance et la mort, en essayant d’intégrer des éléments traditionnels dans la liturgie, avec l’aide des fidèles mongols. Nous repensons aussi la musique, avec des instruments locaux. Et les exemples d’ouverture à la culture autochtone sont innombrables».

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