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Casanova de Johann Strauss et Benatzky, esquisse d’une opérette oubliée à Stuttgart

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Stuttgart. Opéra. 30-XII-2024. Casanova, opéra écrit par Ralph Benatzky (1884-1957) d’après la musique de Johann Strauss II (1825-1899). Mise en scène : Marco Štorman ; décor : Demian Wohler ; Costumes : Yassu Yabara. Avec Michael Mayes (Casanova), Maria Theresa Ullrich/Cassie Augusta Jørgensen (Barberina), Esther Dierkes (Laura), Moritz Kallenberg (Hohenfels), Stine Marie Fischer (Trude), Mara Guseynova (Helene), Johannes Kammler (Waldstein), Elmar Gilbertsson, Kai Kluge, Florian Hartmann… Staatsopernchor Stuttgart, Staatsorchester Stuttgart ; mise en scène : Cornelius Meister.

Un divertissement intelligent pour les vacances est l’ambition louable de Marco Štorman, même si l’on ne retient que le charme de la musique de Strauss Jr.

Admettons-le : ce n’est quand même pas très simple de remonter le moral d’un critique. Quelques conditions sont nécessaires : le spectacle doit bien sûr y travailler, mais il faut aussi l’aider un peu. Pendant ce temps Casanovale public sur place ne fait rien : il écoute poliment, parfois applaudit, mais au fond reste très froid. L’attention s’éveille un peu avec l’apparition d’une « commission de chasteté », dont le sérieux dérisoire a au moins le mérite de contraster avec ce qui précède (même si on aurait bien aimé que la débauche qu’elle vienne contrôler ou un peu plus sauvage…) , à tel point qu’on commence parfois enfin à sourire un peu dans la dernière demi-heure de l’émission.


Mais qu’est-ce que c’est Casanova qui porte la musique de Johann Strauss II aux oreilles des spectateurs ? Strauss n’a jamais écrit d’opérette sur ce sujet ; c’est Ralph Benatzky, le compositeur de L’auberge du Cheval Blancqui a compilé la partition d’une opérette oubliée (Cagliostro à Vienne) plutôt que de faire un medley de morceaux connus. L’œuvre a été créée en 1928 à Berlin, à une journée et à deux cents mètres du théâtre de création duOpéra de quat’sous : c’est cette culture du divertissement propre au Berlin des années folles que le réalisateur Marco Štorman a voulu invoquer, non sans contrepoint contemporain, mais l’improbable objet scénique qu’il en tire en reste très loin, malgré l’apparence de Comedian Harmonists ressuscités comme chanteurs d’opéra.

Du livret original, il ne reste que les parties chantées : on raconte que le texte parlé ne faisait que relier laborieusement les scènes entre elles, y compris l’acte. Au lieu de cela, les deux interprètes du rôle de Barberina parlent d’un texte dédié à la poète Sappho et de la transmission de ses textes à travers les papyrus : cela n’est pas sans intérêt historique, et on comprend bien la volonté d’évoquer un autre art de l’amour que le flirt datait du original; le problème, c’est que les textes chantés, sortis de leur contexte, ne veulent plus rien dire. La soirée est ainsi privée de toute structure, de toute progression, de toute raison d’être. Même si la mise en scène est moins sinistre que celle d’un précédent spectacle de Noël à Stuttgart, ce que Štorman cherchait à accomplir en ressuscitant ce Casanova reste néanmoins aussi mystérieux en fin de soirée qu’en début.

La musique de Strauss n’est pas désagréable à entendre, et si Casanova (Michael Mayes) a la voix de Schigolch plutôt que celle d’un irrésistible séducteur, les chanteurs de la troupe de Stuttgart, à commencer par Stine Marie Fischer, Moritz Kallenberg ou Maria Theresa Ullrich, ont du style. et de l’humour. Dans la fosse, Cornelius Meister est visiblement bien plus à l’aise qu’en Idoménée qu’il dirige alternativement : l’oreille en ressort donc satisfaite.

Crédits photos : © Matthias Baus

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Stuttgart. Opéra. 30-XII-2024. Casanova, opéra écrit par Ralph Benatzky (1884-1957) d’après la musique de Johann Strauss II (1825-1899). Mise en scène : Marco Štorman ; décor : Demian Wohler ; Costumes : Yassu Yabara. Avec Michael Mayes (Casanova), Maria Theresa Ullrich/Cassie Augusta Jørgensen (Barberina), Esther Dierkes (Laura), Moritz Kallenberg (Hohenfels), Stine Marie Fischer (Trude), Mara Guseynova (Helene), Johannes Kammler (Waldstein), Elmar Gilbertsson, Kai Kluge, Florian Hartmann… Staatsopernchor Stuttgart, Staatsorchester Stuttgart ; mise en scène : Cornelius Meister.

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