Vous lisez un extrait du bulletin d’information Cash Only, dans lequel Martin Jašminský, Zuzana Kubátová, Jiří Zatloukal et Jiří Nádoba commentent chaque vendredi les événements de l’économie tchèque. Si vous êtes intéressé par Cash Only, abonnez-vous à la newsletter.
L’économiste français Sébastien Miroudot n’aime pas tirer des conclusions hâtives sur l’effondrement du monde. “Les données montrent tout le contraire. Les gens portent des jugements erronés sans avoir les faits en main”, déclare un expert du siège parisien de l’OCDE, où il examine les statistiques du commerce international.
À partir d’eux, il compile quelque chose qui ressemble à un indice de mondialisation – une série chronologique de chiffres qui illustre la façon dont la part des importations dans la production économique mondiale augmente. L’indicateur, que Miroudot appelle l’intensité des importations, est en nette hausse. Au cours des 60 dernières années, ce chiffre a triplé. Il est tombé à l’ère du covid, lorsque la circulation des personnes et des marchandises s’est logiquement arrêtée. Mais il ne peut pas être prouvé qu’il s’agisse d’une nouvelle tendance.
L’année dernière, Miroudot a publié une étude longue et détaillée sur l’intensité des importations dans le cadre de l’OCDE et il est également venu en République tchèque fin mai pour présenter ses principales conclusions au forum économique de Kostelec nad Orlicí. “Dans les années 1960, il y avait six cents par dollar de production, aujourd’hui nous en sommes à dix-sept”, dit Miroudot à propos des totaux mondiaux.
Lorsqu’il présente ses conclusions autour d’un café à l’aéroport, il est aidé par ce qu’il voit autour de lui. Si un Burger King était un pays moyen distinct, un menu pour 100 couronnes aurait importé des articles pour 17 couronnes. Des grains de café au gaz pour la production d’électricité. Le reste est constitué de sous-traitances nationales ou de coûts salariaux.
Le problème, c’est que les chiffres sur l’intensité des importations s’arrêtent en 2020. Les données plus récentes seront toujours incluses dans celles de l’OCDE. Certains mouvements commerciaux entre continents pourraient s’affaiblir en raison du protectionnisme croissant des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne. Mais d’autres peuvent repousser, par exemple sur des distances plus courtes.
“Bien sûr, on ne peut jamais tout importer. Le transport coûte quelque chose, donc l’intensité des importations ne peut pas continuer à croître à partir d’un certain niveau”, explique Miroudot. En revanche, selon lui, il faut tenir compte de l’effort naturel et incessant des entreprises pour se procurer les fournisseurs les moins chers possibles et les meilleures technologies. D’où qu’ils viennent. Cela devrait maintenir la mondialisation en vie, même si les décisions politiques vont à son encontre.
“J’aime le montrer avec l’exemple des équipes qui construisent des voitures pour la Formule 1. Leur objectif premier est d’augmenter la vitesse au maximum, elles subordonnent tout à cela. De la même manière, les entreprises recherchent l’innovation et les économies”, explique l’économiste. Même si les fermetures de ports et les routes maritimes bloquées ont été une leçon pour les entreprises pour mieux surveiller la sécurité de l’approvisionnement, cela ne deviendra jamais la considération principale comme le pensent les entreprises, selon Miroudot.
La République tchèque se classe parmi les détenteurs de records en termes d’intensité d’importation, obtenant près de cinquante pour cent de ses intrants de l’extérieur. Il en va de même dans un certain nombre de pays voisins qui ont rejoint l’Union européenne après l’effondrement du bloc communiste.
Si le monde est déchiré en blocs commerciaux plus isolés en raison de conflits politiques, la République tchèque et les pays voisins devraient être protégés par le fait que leurs échanges commerciaux s’effectuent principalement au sein de l’UE. Dans le cas de la République tchèque, 80 pour cent de ses exportations sont destinées à l’Union. Mais une grande partie est constituée de sous-traitances avec l’Allemagne, qui sont ensuite transmises au reste du monde, par exemple à la Chine.
La mondialisation a aidé des pays comme la République tchèque à devenir riches, et ils en restent économiquement dépendants. Selon Miroudot, l’effondrement éventuel du commerce mondial constitue donc naturellement un risque plus grand pour eux. Il devrait donc être dans leur intérêt de lutter pour la mondialisation, et non de se fermer. Du moins en Europe.
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2024-06-16 11:00:00
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