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Catalan déscolarisé (1980)

Catalan déscolarisé (1980)

PIÈCES HISTORIQUES CHOISIES PAR JOSEP MARIA CASASÚSArticle complet de Ricard Torrents et Bertrana (Folgueroles, 1937 – Barcelone, 2023) dans ‘Avui’ (1/2-I-1980). Philologue, pédagogue, essayiste, traducteur et critique littéraire, Ricard Torrents est décédé dimanche 5 mars. Il a été chancelier fondateur de l’Université de Vic et membre de l’Institut d’études catalanes, où il a été vice-président de la Section de philosophie et sciences sociales. Il a présidé la Société Verdaguer, qui rassemble des spécialistes du poète et chroniqueur. Il avait étudié la philosophie et la littérature à l’Université de Tübingen (Bade-Wurtemberg) et la philologie catalane à l’Université de Barcelone.

Aujourd’hui, j’ai été arrêté par un voisin du quartier qui m’a demandé d’entrer dans la maison parce que – il a dit – il avait pendu le ballon sur mon toit J’ai compris, bien sûr, qu’il avait suspendu. Je voulais dire ceci, mais quelque chose d’autre en est ressorti. Et j’ai pensé : il a, une autre défaite, petite mais significative, qui illustre comment nous faisons ce que les sociolinguistes appellent le conflit linguistique. Je connais ce garçon et ses parents, qui sont de Convergència et emmènent leur fils dans une école de langue et de contenu catalan, disons-nous. L’école, donc, comme la famille, est au-dessus de tout soupçon. Conclusion : Après avoir fait tout ce qu’elle peut, l’école ne peut rien faire de plus. Avec le catalan à l’école, le catalan recule parmi les catalans, si ce n’est, comme cela semble être le cas, le catalan qu’à l’école, comme les propositions laïques du passé : les aumôniers à la sacristie. Cette campagne du franquisme avec laquelle on demandait le catalan à l’école a eu un succès relatif. Aujourd’hui que nous l’avons déjà grâce à ce décret généreux – qui, selon eux, ne serait pas réalisé maintenant – nous devrions penser à une autre campagne qui portait le slogan “Català hors de l’école”, avant qu’il ne se fasse dans une autre direction et nous retournions à avant le décret. Une campagne, cependant, lorsque la politique catalane est menée et que la politique de la langue catalane peut être menée, semble être une petite chose. Quand on peut faire une politique linguistique juste et progressiste qui part de l’évidence qu’enseigne la psycholinguistique et que les enseignants touchent au quotidien : qu’une langue ne s’apprend pas à l’école, ni le catalan ni aucune autre ; parce que la langue qu’on y apprend, disons celle qu’il faudrait y apprendre, c’est la langue écrite, correcte, littéraire, cultivée. L’autre, la langue, s’apprend partout, mais surtout en dehors de l’école. Et s’il n’y a pas de politique urgente pour retirer le catalan de là où il est vraiment appris, alors très bien ; nous n’en avions pas beaucoup avant. Mais alors, quand tous ensemble nous raccrocherons – comme le vailet de mon quartier – la balle dans les tribunes, de peur qu’on dise que la partie était perdue à cause de l’école.

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