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Cet été de… Andoni Luis Aduriz : à la recherche de mon identité | Culture

2024-08-03 10:49:12

Cet été n’était pas celui du premier amour, ni celui qui raconte un voyage impressionnant, ni celui d’une situation si pertinente qu’elle a changé la trajectoire de ma vie. Ces semaines ne retiennent que des moments de mon début d’adolescence, pour la première fois loin de mes parents et loin de la facilité de ce qui était jusque-là mon monde. Des journées longues, chaudes, parfois pluvieuses, pleines de situations banales, pour ainsi dire. Mais aussi un voyage de recherche sur les chemins rocailleux de moi-même et de mes appréhensions ; par des aspirations futures et des refuges apparus dans l’exploration d’un état d’esprit de jeunesse honteux, auquel l’environnement rural de ce camp était aussi étranger que l’imprévisible tempête intérieure que j’avais besoin de comprendre. Un long chemin vers le calme émotionnel, à un peu plus d’une demi-heure de chez moi, dans un petit village des montagnes navarraises, près de Gipuzkoa.

La paroisse du quartier a prévu une résidence d’été dans une ferme vieillissante qui a dû être rénovée pour pouvoir distribuer des sacs de couchage sur son parquet endommagé. Je n’avais jamais autant nettoyé, du moins de cette façon, ni été aussi loin de chez moi, ni aussi loin de moi. Je ne me sentais pas en sécurité et vulnérable, je ne savais pas à quelle vitesse une serviette suspendue au soleil sèche, comment soigner une ampoule ou allumer une cheminée, et qu’il ne fallait pas nettoyer un rasoir avec le bas de sa chemise et le bord. tourné vers l’intérieur. Je ne savais rien de presque rien, et encore moins comment affronter ce chemin cahoteux vers l’affirmation de soi, qui a fait de mon arrivée dans ce lieu un retour à la parenthèse fastidieuse que mon temps d’enfant solitaire dans n’importe quel endroit en dehors du quotidien la vie est devenue. « L’adolescence a été pour moi une véritable initiation aux défaites », comme le disait Bioy Casares, et dans mon cas, cela n’a pas fait exception.

Ce fut un voyage de recherche à travers les sentiers rocailleux de moi-même et de mes appréhensions ; par des aspirations futures et des refuges apparus dans l’exploration d’un état d’esprit juvénile embarrassant

Or, parfois, l’instabilité, qu’elle soit climatique ou émotionnelle, déclenche une tempête qui oblige à s’isoler, transformant un inconvénient apparent en porte de sortie. Ces jours d’éclairs, de tonnerre et d’ennui estival nous ont poussés à trouver des moyens créatifs de les combler. C’étaient des matinées de jeux inventés et d’explorations autour de la région après la fin des averses. Après, tout était plus simple : nous discutions, construisions des forts avec des sacs de couchage et lisions. Nous avons appris à attendre et à valoriser l’éphémère, sans même savoir qu’il avait un nom. Il y avait des nuits sous des tentes, avec des histoires effrayantes exagérées par l’éclairage vacillant des lanternes. Rires sous les étoiles et conversations complices à la lumière de la lune fraise. Des plongées dans la rivière, pleine de méandres sombres où l’imaginaire se cache des silhouettes et des risques inquiétants. Des espiègleries et des confidences de rêves aussi idéalistes qu’inatteignables qui nous ont transformés en attaquants de football, batterie d’un groupe. lourd ou chez les pilotes de Formule 1. À cet âge, la rêverie devient une forme de protestation.

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Des amitiés éternelles se sont nouées avec des garçons que je ne reverrais jamais et quelque chose me faisait sentir que ces adieux se répéteraient dans le futur. Ce furent des journées de promenades interminables sur des sentiers chauffés par le soleil, entre les arbres, sans téléphone portable ni trousse de premiers secours. Des activités facultatives obligatoires, des pieds irrités et des odeurs de fumée sur les vêtements, avec des moniteurs inexpérimentés que je percevais comme des adultes judicieux, tout comme j’ai vu des sportifs et tant d’autres personnages qui me semblent aujourd’hui des jeunes fous. Pour quelqu’un comme moi, qui cherchait à passer inaperçu et à participer à des activités sans attirer l’attention, le manque de sécurité procuré par le fait d’être un simple observateur passif générait en moi une timidité que je ne savais pas cacher.

Des amitiés éternelles se sont nouées avec des garçons que je ne reverrais jamais et quelque chose me faisait sentir que ces adieux se répéteraient dans le futur.

Cet album de moments sauvés sauve les journées passées à chasser les distractions dans les ruisseaux, à capturer des eskallus et des écrevisses. Cela préserve la modestie que m’a procurée la douche avec mes compagnons, à quel point les battements d’ailes et le bourdonnement d’insectes dangereux et inoffensifs me semblaient intimidants ; le goût choquant des soupes surchauffées sur les cuisinières à gaz ou l’odeur gênante des produits de nettoyage bon marché et la transpiration de l’agitation post-pubère. Mais il conserve aussi le parfum terreux et légèrement sucré des fougères qui flottaient par la fente d’une ancienne fenêtre, les horizons illuminés et la fraîcheur de l’eau de source. Il se souvient des rayons du soleil sur la toile des tentes où nous avons dormi une nuit et des gestes bienveillants et confiants autour des feux de joie nocturnes. Cette expérience a été un miroir dans lequel me découvrir, une opportunité de tracer sur ma carte intérieure des chemins à parcourir et des signes sur la route de la confiance. Un refuge dans l’aventure de la recherche d’identité.

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