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Chanter le mal contre le mal

by Nouvelles

2025-01-20 09:24:00

Seul le familisme (amoral) hollywoodien, démontré de manière inattendue par Greta Gerwig envers Anoraempêché Émilie Pérez triompher à Cannes. Lorsque le film de Jacques Audiard a été projeté au festival en mai dernier, c’était comme si un génie irrégulier faisait son entrée sur le terrain. Émilie Pérez raconte l’histoire du Mala mexicain en version musicale, mais sans les beaux corps d’East Side Story, mais avec des dents de fer, des tatouages ​​simples, des visages latinos pleins de rides et un physique lourd. Sous la soudure habile d’Audiard, également scénariste, Émilie Pérez il se transforme en film noir, mélodrame, comédie, feuilleton et film de gangsters.

La force explosive du trafiquant de drogue qui veut devenir une femme

La tentation du roi des trafiquants de drogue

Tout commence au marché local, où Rita (Zoe Saldaña), une avocate d’origine modeste, travaille dans l’obscurité d’un second rang sur une affaire dans laquelle elle va une fois de plus libérer de prison un puissant coupable. Alors, lorsqu’elle se laisse tenter par l’incarnation du Mal, le roi des trafiquants de drogue mexicains, Manitas Del Monte (Karla Sofìa Gascòn), elle décide qu’elle continuera à être du mauvais côté, mais cette fois au moins en devenant riche. Manitas lui demande de l’aider à disparaître et à devenir la femme qu’il a toujours rêvé d’être et qui prendra le nom d’Emilia Pérez. L’ensemble peut paraître comique sinon grotesque – et parfois agréablement -, mais il prend la noblesse d’un grand opéra contemporain aux paroles joyeuses, sans ritournelles facilement chantables, captivantes parce que vraies. Le film de Jacques Audiard fonctionne, en effet, parce qu’il est vivant, original, unique et ne fait que se suivre. Quand le marché danse, racontant l’histoire des humiliés et des offensés, il ne chante pas des vers sucrés, mais pleins de sens profond grâce aux paroles et à la musique de Camille et Clément Ducol. La capacité technique sonore de Cyril Holtz, Erwan Kerzanet et Aymeric Devoldère fait entrer le monde extérieur dans le vortex, enveloppe le rythme et l’amplifie.

La force explosive du trafiquant de drogue qui veut devenir une femme

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Les paroles originales de la musique

Lorsque les enfants de Manitas se retrouvent orphelins parce que leur père, dans le secret de ce qui s’est passé, choisit de mourir pour le reste du monde, la fille l’embrasse à nouveau sous les nouveaux vêtements et identité d’Emilia Pérez, une tante abandonnée. nulle part, elle ressent une familiarité. Et quand il se met à chanter, à voix basse, comme cela arrive à beaucoup d’autres personnages, il n’exprime pas de concepts aériens sur l’amour filial, mais parle de choses très terrestres, comme l’odeur, qui manquent lorsqu’un être cher disparaît. Cette chanson, Papa, est un chef-d’œuvre de poésie : la petite fille retrouve chez sa tante l’odeur de la peau de son père, qui lui rappelle le cuir, la hierbabuena, la nourriture épicée, l’huile de moteur et la sueur. Ce miracle est possible parce que tout se passe dans. L’espagnol, un langage plus que corporel, à partir du simple « je suis désolé » qui s’exprime dans un « Lo siento », un partage physique. Parce que le film parle du corps, de la manière dont la cohérence entre identité et physique peut changer la vie d’une personne. Manitas a toujours voulu être une femme, mais cela ne l’empêche pas d’aimer et d’avoir aimé une femme, dans l’infinie complexité qu’est la sexualité.

Un film contre le Mal

On suppose que si Manitas était né fille, il ne serait pas tombé dans le réseau du trafic de drogue et n’aurait donc pas investi la colère de sa dualité forcée, combinée à la condition de pauvreté, dans le pire des résultats, c’est-à-dire la violence, les exécutions sommaires, la brutalité la plus misérable et la plus facile contre la dernière, catégorie à laquelle appartient Manitas. Cela peut paraître justificationniste, mais attention, Emilia Pérez n’exonère jamais le Mal, à aucun moment. C’est un film sur la rédemption, mais sans aucune empathie envers l’horreur des pandillas, des gangs armés de rue et de ceux qui les commandent : le scénario les dénonce et les punit. Mais Emilia Pérez sait aussi jouer dans les chorégraphies de Damien Jalet, entre chirurgiens plasticiens et karaoké.

Le globe d’or

Quand Rita danse entre les tables du dîner de gala, dénonçant en chanson la proximité entre pouvoir et délinquance El MaL – qui a remporté le Golden Globe –, vêtu de rouge comme le sang des nombreuses victimes, est aussi captivant qu’un carrousel qui parle pourtant de corruption. Audiard n’a pas peur de se rapprocher du Mal, de celui qui arpente les rues, comme dans un prophèteun film toujours attentif à ne pas se laisser éblouir par le bon côté du mauvais. À la douleur physique, représentée ici par l’épreuve du changement de sexe, et qui y est aussi bien vivante Un goût de rouille et d’os (2012). Et au thème de la paternité et de la violence, chez Emilia Pérez encore plus subtil. Le film est tourné sur scène avec une scénographie d’Emmanuelle Duplay, une excellente photographie (souvent volontairement sombre) de Paul Guilhaume et le travail de la directrice artistique Virginie Montel. Ensemble, ils ont créé une palette d’univers, de tournages et de Far West, crédibles sur quelques mètres carrés. Dans les simples détails du jeu entre rideaux et lumière qui nous font comprendre qu’une situation a changé. Et puis il y a le travail admirable des comédiens.



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