Nouvelles Du Monde

Charli XCX, critique de son album BRAT (2024)

Charli XCX, critique de son album BRAT (2024)

2024-06-07 17:41:07

Charli XCX a été présenté lors de la dernière édition de Primavera Sound – celle qui a eu lieu il y a moins d’une semaine et qui ressemble déjà à une sorte d’événement mythologique archaïque – comme une sorte de phare à regarder, comme une entité omniprésente qui nous faisait penser que peut-être Le macro-festival massif avait été conçu uniquement comme un prélude à leur spectacle. L’artiste britannique a inondé la ville de Barcelone de son vert déjà emblématique, soit en tapissant les environs du Forum avec des affiches « BRAT », soit en hypnotisant ses fidèles pour qu’ils achètent des t-shirts de cette couleur et y écrivent n’importe quelle proclamation hédoniste. La « fièvre XCX » a atteint une telle ferveur collective qu’elle a réussi à réunir à 13 heures des centaines de festivaliers – oui, ceux qui avaient quitté le festival il y a quelques heures à peine – dans un DJ set improvisé de la Barceloneta en à peine une heure aviser à l’avance. Je faisais partie de ces fidèles qui sortaient du lit en courant, sachant qu’il restait encore une nuit de printemps et qu’on pouvait sans doute regretter ce « petit matin » improvisé. Comment un album qui n’était pas encore sorti pouvait-il avoir autant d’importance pour nous ? Comment avez-vous réalisé Charli XCX nous induire dans cette hystérie collective verdâtre ? Qu’est que c’est ‘GOSSE’?

Hier soir, nous avons enfin pu matérialiser une image dans cette chroma énigmatique que la diva de PC Music a décidé d’utiliser comme couverture de ce qui était présenté comme un projet avec l’ego artistique comme épine dorsale. Tous les singles que Charli avait sortis mettaient en avant son côté le plus narcissique et insouciant, utilisant les sons électroniques du club comme un autel où elle pouvait pratiquer une auto-adoration de sa silhouette. « Du néerlandais » débarque comme l’exemple le plus précis de ce dispositif, une chanson viscéralement hédoniste dans laquelle la chanteuse se proclame « classique culte » tout en supposant que cet album n’a rien à prouver mais beaucoup à célébrer. « Des classiques du club » adhère à cette même école de pensée, nous offrant un hybride électrisant de jersey club et de house – jersey house ? – où la danse-hédonisme chorégraphie un hommage à toutes les stars qui gravitent autour de l’étoile. L’artiste nomme tous ses producteurs et amis (ses amis producteurs) tout en peignant son hymne particulier dans cet hymne. “Ecole d’Athènes” par Raphaël.

Lire aussi  Martin Ødegaard, Hélène Spilling | Martin Ødegaard parle de la relation : - Je ne sais pas si Hélène doit s'en attribuer tout le mérite

Cependant, la plus grande vertu de ‘GOSSE’ On le retrouve dans le courage avec lequel Charli joue avec les attentes sonores et thématiques qu’on pouvait avoir d’un album qui avait été présenté – littéralement – ​​comme une chaufferie énergétique. Toujours en train de déployer une batterie irrésistible de synthétiseurs signature Gesaffelstein (qui d’autre ?), dans “b2b” Le chanteur nous donnait déjà certains indices sur certaines des fissures émotionnelles qui allaient finir par structurer ces montagnes russes de bipolarités. Alors qu’elle affirme vouloir mettre fin à une relation, Charli défend qu’elle ne veut pas laisser ses insécurités de côté. (“Je ne veux pas me sentir intrépide”). Cette avancée, en perspective, finit par être comprise comme un petit cheval de Troie qui, paradoxalement, concentre l’essence de “GOSSE”. La reine de l’(hyper)pop a peut-être l’impression que chaque chanson qu’elle sortira sera immédiatement un classique, mais elle ne se sent toujours pas en sécurité en se comparant aux autres filles. C’est ainsi qu’il nous dit dans “La sympathie est un couteau”un bombardement de basses qui est la métaphore parfaite d’une lutte intérieure avec soi-même —“volatil en guerre avec mon dialogue”—, d’un Charli au bord de l’effondrement qui montre que le club peut aussi parler de Charlotte. Si le chanteur cité dans « Des classiques du club » George étant l’une de ces figures fondamentales de la scène électronique actuelle, elle le revendique désormais comme son fiancé en quête d’un coup de main dans une tempête assourdissante qui, comme toujours, mène au calme.

“Je pourrais dire une bêtise” C’est surtout la plus belle chanson que Charli nous ait jamais offerte. Gesaffelstein pointe pratiquement l’ambiance dans une ballade qui oublie tout DDJ et met en valeur une facette de l’artiste radicalement opposée à celle présentée dans les chansons précédentes. Les contradictions sont l’un des leitmotivs d’un projet humainement instable. Tandis que dans “360”, défilé de divas stylisées de l’estime de soi et d’Internet, la chanteuse affirme qu’il est impossible de se regarder dans le miroir sans la voir, en “Je pourrais dire une bêtise” Elle affirme que se voir dans le miroir est une torture pour Charlotte qui ne pense pas qu’elle soit assez célèbre (“Je suis célèbre mais pas tout à fait”). Charli prétend ne rien ressentir de spécial et jouer un rôle dans un audio WhatsApp extrêmement émotionnel et impeccablement produit. “J’y pense tout le temps” C’est une autre de ces confessions crues, une lettre d’amour à une maternité à propos de laquelle la chanteuse se sent en conflit. On n’a peut-être jamais entendu la voix de Charli de cette manière, si humanisée et dénuée d’artifices, si sincère et vulnérable. Qui s’attendrait à cela dans son supposé retour à l’hyperpop ?

Lire aussi  Vente de données d'une cyberattaque contre Sophiahemmet

“GOSSE” Il ne s’agit pas tant d’une reconquête du son électronique festif de ‘comment je me sens maintenant’ (20) comme une célébration de toutes les esthétiques qui ont structuré la discographie de Charli, faisant du LP une sorte de “La tournée des époques” particulier. Un serveur pense désormais que le geste de changer toutes les couvertures de ses œuvres précédentes au format de ‘GOSSE’ — un arrière-plan coloré et une police floue — n’est pas tant une blague promotionnelle qu’une déclaration d’intention. On écoute la house décaféinée de “Parle parle”, produit par Hudson Mohawke, et est transporté sur ces hymnes accrocheurs que Charli nous a donnés au cours de la dernière décennie. “Donc je”, en plus de contribuer à cette démystification du mythe (“tu es un héros, je suis un humain”), rappelle avec sa mélodie onirique des ballades passées comme “fête à 4 pour toi” o “Répétition constante ». “Rembobiner”, l’une des pièces dans lesquelles la voix d’AG Cook devient plus assourdissante, présente une maison PC dans laquelle on pouvait entendre les refrains de « Inmaterial » de SOPHIE accompagnant la voix de Charli. « Girl, so confusing » – une chanson soi-disant dédiée à Lorde –, « Mean girls » et « Apple » ont aussi un peu de ce son fantomatique enfermé dans une pop électronique typique de l’époque des Black Eyed Peas. Charli ne vise pas ‘GOSSE’ au son du club, mais aux sons du club (qui, au fond, ont toujours été les leurs).

La chanteuse s’habille en vert et non en noir pour pleurer son côté pop, celui qui était enfermé dans’Accident» (22), à travers un projet obsédé par la recherche du meilleur du passé comme engagement envers le présent. Charli entre dans sa phase maniériste, étirant au maximum sa gamme vocale et pariant sur des expériences telles que « Tout est romantique », pour mon serviteur un des joyaux incontestables de la couronne. L’artiste britannique fait ressortir son côté le plus motomami – « Jésus-Christ sur une pancarte en plastique » ou « Camarón en la boîte à gants » ? – dans une chanson en constante métamorphose. L’orchestre qui a inauguré son “Bébé” Il se transforme en un funk électronique brésilien qui semble avoir émergé d’un remix non officiel de Soundcloud. Succès total pour parier sur El Guincho pour construire le thème le plus schizophréniquement contemporain de ‘GOSSE’celui qui parvient à placer Charli à mi-chemin entre le rap et le refrain comme formule pour atteindre le romantisme le plus puissant-XCX.

Lire aussi  Un nombre record de Russes ont déménagé en Finlande l'année dernière

‘GOSSE’ Ça finit par être un album capicua, depuis sa dernière chanson “365” Il est présenté comme une réécriture-remix de « 360 ». Si une seule chanson avant Charli doutait d’être mère ou non, la diva met un terme à son album en se demandant si elle doit ou non prendre une ligne de cocaïne avant d’appuyer sur la gâchette d’un spectacle pyrotechnique façon AG Cook qui nous ramène au épilogue insurmontable de « visions ». Je partage chaque mot de la morale que semble nous donner le chanteur dans ‘GOSSE’: L’important n’est pas ce qui se passe lors d’une soirée, mais comment elle commence et comment elle se termine. Sorti il ​​y a seulement quelques heures, on ose encore affirmer s’il s’agit ou non du meilleur album de Charli XCX — bien sûr que c’est le cas —, mais il ne fait aucun doute que nous sommes face au projet le plus (et en même temps le moins) d’auteur d’une artiste qui tente de s’évaporer entre les projecteurs du club alors qu’elle ne peut s’empêcher de se débarrasser de ses insécurités matérielles. . On finit par en déduire que la couleur verte qui nous a tant obsédé répond peut-être à une tentative de disparition sans avoir à le faire complètement. S’il y a quelqu’un sur cette planète qui peut projeter son image dans n’importe quelle couleur sans avoir recours à la technologie, c’est bien Charli. « Quand vous êtes devant le miroir, aimez-vous ce que vous voyez ? / Quand tu es dans le miroir, tu me regardes juste. Dans ‘GOSSE’Charli nous livre son image et sa personne, son passé et son futur.



#Charli #XCX #critique #son #album #BRAT
1717995785

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT