En 2024, la cathédrale de Chartres fête les 1 000 ans de l’achèvement de sa crypte qui marque le début de son édification. La ville en profite pour lancer ou inaugurer plusieurs projets patrimoniaux et touristiques.
En 1024, l’évêque Fulbert écrit à Guillaume V, Duc d’Aquitaine, que la crypte de la future cathédrale gothique de Chartres est achevée. Cette date sert de point de départ à la célébration, par la ville, des mille ans de l’édifice, classé depuis 1979 au Patrimoine mondial de l’Unesco. Une célébration surtout marquée par l’inauguration du nouveau trésor dans la chapelle Saint-Piat et le lancement d’un vaste réaménagement urbain autour de la cathédrale.
Le trésor de nouveau accessible
Installé à l’étage de la chapelle Saint-Piat depuis 1961, dans le prolongement du chevet de Notre-Dame de Chartres, le trésor était inaccessible depuis 2001. Après un vaste chantier, tant sur le bâti que sur les objets, mené par la Drac Centre-Val-de-Loire, il rouvre le 21 septembre sous la houlette du Centre des Monuments nationaux. Nouveauté du parcours : le trésor se déploie, en plus de la chapelle haute, dans la salle capitulaire, au rez-de-chaussée, dans laquelle ont été installées les collections lapidaires (statues-colonnes et morceaux du jubé médiéval).
D’importantes fresques du XIVe siècle y ont été découvertes sous des repeints, elles ont été dégagées et restaurées, et quatre vitraux signés de l’artiste d’origine coréenne Bang Hai Ja viennent illuminer l’ensemble de tons bleu et or, couleurs de la Vierge à qui est dédiée la cathédrale de Chartres. Côté collections, comme souvent dans les trésors de cathédrale, l’éclectisme est de mise. Plusieurs objets précieux liés aux célébrations (et pour certains toujours utilisés par le clergé) sont de véritables bijoux.
À l’image du tabernacle dit de Saint-Aignan, daté des années 1200-1220, en bois de chêne recouvert de plaques de cuivre en émaux champlevés sur ses volets ou la navette à encens offerte par Miles d’Illiers évêque de Luçon en 1540 composée d’un nautile monté sur une riche orfèvrerie. Plus atypique, on y trouve également un wampum, une ceinture de perles de coquillage et de verre provenant des Hurons d’Amérique du Nord ou l’armure d’un enfant royal, probablement le futur Charles VI, offerte en ex-voto à la Vierge pour sa protection sur les champs de bataille.
Un nouveau cloître Notre-Dame
Les 1 000 ans de la cathédrale marquent aussi le lancement du réaménagement des abords de la cathédrale chartraine, bien mal mise en valeur par les réaménagements successifs. Et celui-ci commence par des fouilles préventives, visibles par le public, qui précédent, au sud, les entreprises de travaux publics en charge de l’installation de pavements en pierre de Bugey en lieu et place du bitume. Les archéologues de la ville ont ainsi mis au jour les vestiges de la salle Saint-Côme de l’ancien Hôtel-Dieu de Chartres qui longeait la cathédrale jusqu’en 1868.
Des sépultures, de personnages importants et suffisamment aisés pour s’y faire enterrer, ont ainsi été découvertes et fouillées. Le projet « cloître Notre-Dame » se prolongera par la réouverture et l’extension des fouilles sur l’esplanade, menées dans les années 1990-1992, et qui avaient permis de découvrir la présence d’un forum romain équipé d’un cryptoportique. Une maison du projet, installée dans l’ancienne école Gérard Philippe à partir d’avril 2025, accompagnera le chantier qui devrait se terminer en 2026.
Des expositions et un futur musée
Dans le cadre de ces célébrations, trois expositions seront présentées au musée des beaux-arts situé dans l’ancien Palais épiscopal derrière la cathédrale. La première intitulée « 1000 ans de sculptures à Chartres », qui ouvre ses portes le 21 septembre, permet de découvrir des œuvres lapidaires sorties des réserves et restaurées pour l’occasion. Elles racontent en quatre salles une certaine histoire de la sculpture à Chartres du Moyen Âge au XVIIIe siècle. À retenir, les vestiges (tétramorphe, Christ bénissant et clef de voûte représentant l’agneau pascal, de la salle Saint-Côme de l’hôtel-Dieu sauvé de la destruction par la Société archéologique d’Eure-et-Loir et qui présentent encore d’émouvantes traces de polychromie) ou les plâtres préparatoires aux bas-reliefs de Charles-Antoine Bridan installés dans le chœur de Notre-Dame de Chartres.
Sur les mêmes dates, un plus petit espace, une boîte noire, présente quelques feuillets de manuscrits médiévaux sauvés des flammes lors du bombardement de la bibliothèque municipale par les alliés en 1944. Ils sont mis en regard de prêts provenant d’Orléans ou de Châteaudun. Au printemps 2025, une exposition sur le thème du labyrinthe, en écho au célèbre motif figurant sur le sol de la cathédrale, prendra place au musée. 2025 verra aussi le choix du nouveau projet de restauration et d’extension du musée qui devrait sortir de terre à l’horizon 2030.
Une célébration un peu légère
Les célébrations des 1000 ans de la cathédrale de Chartres seront complétées par des colloques, des conférences, des concerts et des visites mais pas de grande fête de populaire, comme on aurait pu s’y attendre. Cela aurait sans doute permis aux Chartraines et chartrains de se réapproprier ce monument et ses alentours avant une phase de chantier de deux ans.
La cathédrale de Chartres : une valeur universelle exceptionnelle inscrite au patrimoine mondial
2024-09-18 10:00:00
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