Le pianiste romand Marc Perrenoud et le trompettiste parisien David Enhco s’associent dans “CHET”, un album dédié au musicien américain Chet Baker. À découvrir sur scène à l’Alhambra de Genève ce mardi soir, puis à l’Octogone de Pully jeudi.
Marc Perrenoud est un pianiste suisse prolifique. En solo, avec des orchestres, en trio ou avec son partenaire, le trompettiste parisien David Enhco, il a joué dans les plus grands festivals de jazz à travers le monde. David Enhco, quant à lui, a remporté deux Victoires du jazz en 2018 en tant que trompettiste. Il est également le fondateur de l’orchestre The Amazing Keystone Big Band et joue en duo avec son frère dans le groupe Enhco Brothers.
Ensemble, ces deux musiciens de jazz décident d’enregistrer un album sobrement intitulé “CHET”, inspiré par Chet Baker (1929-1988), trompettiste et chanteur américain aussi talentueux sur scène que chaotique dans sa vie privée.
“Le premier disque qu’on m’a offert était de Chet Baker. À l’époque, je ne savais pas qui j’écoutais, mais j’étais très touché par ce timbre de trompette très chaud qui se rapproche énormément de la voix”, se souvient David Enhco, interrogé par la RTS. Ses disques ont été ma référence tout au long de mon apprentissage. Encore aujourd’hui, je me sens proche de son côté lyrique.”
Bien qu’il se soit toujours considéré avant tout comme un trompettiste, Chet Baker était également chanteur. Son album “Chet Baker Sings”, où il chante et joue de la trompette, l’a propulsé au rang de star du jazz à l’âge de 25 ans en 1954. Cependant, le duo a choisi de rendre “CHET” exclusivement instrumental afin de privilégier les émotions et l’intimité propres au jeu de Chet Baker. “Une fois que nous avons joué une mélodie, nous improvisons le reste de la chanson. C’est comme un dialogue en temps réel, mais sans pouvoir utiliser de mots. À la place, nous utilisons des émotions. C’est ce langage qui me semble beau dans le jazz”, ajoute David Enhco.
Parmi les nombreux standards connus présents dans “CHET”, tels que “My Funny Valentine”, “Yesterdays” ou encore “Just Friends”, se glissent trois interludes sombres composés par David Enhco, offrant un portrait plus sombre du musicien. “Toutes les chansons que nous avons jouées sont des chansons d’amour, qui représentent selon moi le côté lumineux de Chet Baker, celui que l’on voit sur scène. Les interludes représentent sa vie personnelle, ses addictions, ses relations avec les femmes, le temps passé en prison.”
Au départ, Marc Perrenoud n’était pas convaincu par cette idée, mais la musique finit par le faire changer d’avis. “Par rapport aux standards que nous avions choisis, ces interludes sombres et acides apportent un relief intéressant à l’album. Il y a une sorte de dualité chez Chet Baker. Il est beau homme, mais son visage se décompose en raison de sa vie tragique et de la drogue. Ces éléments sont présents dans sa musique. Il n’y a pas énormément de notes, mais cela les rend presque plus difficiles à choisir et à jouer avec assurance. C’est un personnage fascinant et romantique.”
Plutôt qu’un hommage, il s’agit d’un portrait de Chet Baker, explique David Enhco. “Rejouer du Chet Baker n’a pas vraiment d’intérêt. Cependant, j’admire sa façon de jouer sobrement qui touche les gens en plein cœur, comme s’il leur murmurait à l’oreille. C’est cela que nous recherchons à travers cet album. Ce n’est pas tant un hommage, mais un portrait, car nous nous attachons précisément à ces détails qui, selon nous, définissent Chet Baker”, conclut-il.
David Enhco et Marc Perrenoud, “CHET” (Moose).
En concert : “CHET -Tribute to Chet Baker”, Alhambra, Genève, le 26 septembre, et à l’Octogone, Pully, le 28 septembre 2023.
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