Christopher Kulendran Thomas : « Le contrôle mental est possible dans un sens sans précédent »

“L’histoire de l’art moderne est une histoire de guerre psychologique.” La phrase vous arrache à la pose typique de la contemplation naissante, ici dans l’atelier berlinois de l’artiste Christopher Kulendran Thomas. Sur les murs de l’ancien entrepôt sont accrochées des peintures à l’huile grand format de formes sauvages et abstraites sur des fonds couleur de boue, appliquées en coups de pinceau épais et pâteux.

Vous prenez instinctivement la distance habituelle et inclinez légèrement la tête pour laisser les œuvres s’enfoncer et leur donner un sens – ce qui n’est pas facile, car ici la quintessence de l’art moderne est accrochée au mur, comme on en rencontre dans tous les halls de banque, sur tous les couloir parlementaire et à chaque foire d’art internationale devant un fond neutre. Et puis Kulendran parle soudain de “psyops”, c’est-à-dire d’opérations psychologiques – un terme aux conspirations complotistes qui vient du triangle noir entre l’État, l’armée et les services secrets.