2016-06-09 20:39:45
La nature propose parfois des solutions macabres pour survivre. Un être vivant qui, en raison d’un manque de nutriments, se trouve dans une situation extrême qui menace sa propre existence, peut, dans un acte désespéré, choisir de dévorer une partie de son corps afin de prolonger sa vie dans l’espoir que les circonstances changent. . Ce comportement est connu sous le nom d’autophagie, un mot qui dérive de deux racines grecques, auto (soi) et phagos (manger). Les images de ce comportement ne manquent pas, ni dans la mythologie ni dans la fiction. La preuve en est l’image d’Uroboros, une créature mythologique, mélange entre un serpent et un dragon, qui est représentée dans différentes cultures dévorant sa propre queue.
Cependant, même si la fiction nous fournit des exemples aussi frappants, la réalité est que l’autophagie existe, mais elle est généralement limitée au monde cellulaire. Notre invité, Ricardo Sánchez Prieto et son équipe du Laboratoire d’Oncologie Moléculaire du Centre Régional de Recherche Biomédicale de l’Université de Castille-La Manche, expliquent ainsi l’autophagie : « nous pourrions définir l’autophagie comme le processus de recyclage des cellules. Lorsqu’une cellule manque de nutriments ou a des organites ou des protéines endommagées, elle les dégrade pour récupérer les composants essentiels. C’est comme si nous avions abattu un mur et gardé les briques pour les réutiliser. »
Ce processus est tout à fait naturel dans les cellules de notre propre corps, même si, comme pour tout processus organique, lorsque les cellules ont un comportement anormal, des maladies qui y sont liées peuvent survenir. Un bon exemple est le cancer, domaine dans lequel travaillent Ricardo Sánchez Prieto et son équipe. Une cellule cancéreuse est une cellule endommagée, un dommage qui la conduit à se développer de manière incontrôlable et à mettre en danger l’organisme lui-même. Traditionnellement, on pensait que l’autophagie est un outil que les cellules utilisent pour éviter de devenir cancérigènes. Son fonctionnement est le suivant : si la cellule détecte une pièce endommagée ou défectueuse, elle peut utiliser l’autophagie pour éliminer la partie endommagée et réutiliser les composants, revenant ainsi à son état d’origine. état normal.
Cependant, tout mécanisme a toujours son côté moins rassurant et l’autophagie, dans certaines occasions, peut avoir l’effet inverse. Cela pourrait favoriser la naissance d’une nouvelle tumeur. Cela peut se produire lors de métastases. Lorsqu’une cellule d’une tumeur, comme une cellule pulmonaire par exemple, s’en sépare et est transportée par le sang vers un autre organe, par exemple le cerveau, elle se trouve initialement hors de son environnement et n’est pas en mesure de profiter des nutriments qu’elle contient. la tumeur. À ce moment-là, l’autophagie peut favoriser la survie pendant le temps nécessaire à l’adaptation à l’environnement et, une fois l’adaptation réalisée, générer une nouvelle tumeur. Logiquement, ce comportement a des limites, l’autophagie est un mécanisme de défense de la cellule, qui consomme ses ressources et ne fonctionne que pendant un temps limité. Si le temps nécessaire à la cellule pour s’adapter au nouvel environnement est excessif, la possibilité de recyclage interne est épuisée et la cellule meurt. Ce comportement ouvre la porte à d’éventuels futurs traitements contre le cancer qui favorisent et améliorent l’autophagie. C’est sur cette ligne que se basent les recherches de Sánchez Prieto et de son équipe.
Dans un ouvrage récemment publié dans Oncotarget, signé par Jesús García Cano et un groupe de chercheurs espagnols et français, coordonné par Ricardo Sánchez Prieto, étudie la relation entre la résistance de certaines cellules cancéreuses du poumon à la chimiothérapie traditionnelle, avec le mécanisme de l’autophagie. La recherche, menée avec deux lignées cellulaires du cancer du poumon, a permis de découvrir que, lorsque les cellules cancéreuses étaient traitées avec des composés stimulant l’autophagie, comme le monoplatine, les cellules perdaient leur capacité de résistance.
Je vous invite à écouter « Ricardo Sánchez Prieto » directeur du Laboratoire d’oncologie moléculaireUnité de Médecine Moléculaire du Centre Régional de Recherche Biomédicalede l’Université de Castille-La Manche.
Les références:
García-Cano J, et al. Exploiter le potentiel de l’autophagie dans le traitement au cisplatine : une nouvelle stratégie pour vaincre la résistance. Sur la cible. 20 juin 2015;6(17):15551-65.
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