Cienciaes.com : Combat entre gymnots et chevaux. Alexandre de Humboldt.

2010-02-23 15:38:49

En 1783, un adolescent de 14 ans qui collectionnait les rêves et les noms, nommé Friedrich Wilhelm Karl Heinrich Alexander, passait son temps à dessiner des cartes du monde. Ce n’étaient pas des dessins au hasard ou des devoirs scolaires, c’était sa façon d’énumérer tous les endroits exotiques qu’il rêvait de visiter. Avec le temps, cet adolescent deviendra connu sous le nom d’Alexander von Humboldt, explorateur, aventurier et scientifique.

Humboldt est arrivé en Amérique en 1799 et pendant cinq ans, il a parcouru de vastes territoires du Venezuela, de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou, de Cuba et du Mexique. Au cours de ses voyages d’exploration, il a montré un énorme intérêt pour les volcans, il a étudié et dessiné les contours des montagnes et a enregistré tout cela dans ses peintures, qui sont une étrange symbiose entre la science et l’art. Partout où il allait, il recueillait des échantillons de chaque plante à sa portée, la classait, lui donnait un nom scientifique selon le système établi par Linné, et la situait en enregistrant la hauteur, la longitude et la latitude du lieu.

Les animaux n’ont pas non plus échappé à son pouvoir d’observation. Il a étudié le larynx des crocodiles, des oiseaux et des singes. Il a capturé des singes des jungles de l’Orénoque, les a dessinés dans les moindres détails, leur a donné un nom scientifique et les a envoyés en Europe. Parmi les nombreuses histoires qu’il raconte dans ses livres, nous en avons choisi une qui apparaît dans le volume III de son “Voyage aux régions équinoxiales”. Il y raconte comment il a été témoin du combat inégal entre chevaux et gymnoti, des poissons semblables à des anguilles qui génèrent des décharges électriques avec lesquelles ils paralysent leurs proies.

La première connaissance à part entière d’un gymnotum était plutôt une plaisanterie. L’écrivain vénézuélien Arístides Rojas raconte, dans ses “Humboltiadas”, que le savant des phénomènes électriques, Carlos del Pozo, conscient de l’intérêt de Humboldt pour les gymnotos, en obtint un et, avec une dextérité admirable, réussit à attacher un long fil à sa queue qui il s’est ensuite attaché au heurtoir par lequel le scientifique entrerait plus tard. Lorsque Humboldt a touché le loquet, il a reçu un tel choc électrique qu’il est tombé au sol. Se remettant de sa frayeur, il s’écria :

« Eh bien, très bien, j’ai connu les effets avant la cause !

Connaître le mécanisme capable de générer 650 volts dans le corps du gymnotum était une obsession pour Humboldt. Désireux d’avoir un nombre suffisant d’animaux à expérimenter, il apprit que les indigènes d’un endroit près de la ville vénézuélienne de Calabozo, sur les rives de la rivière Guárico, les pêchaient avec une curieuse méthode. Voici l’histoire racontée par Humboldt :

« Les Indiens nous ont dit qu’ils allaient pêcher avec des chevaux… Nous avons bientôt vu nos guides revenir de la savane, où ils avaient fait une ronde de chevaux sauvages et de mules. Ils en ont amené une trentaine qui ont été forcés d’entrer dans la mare. Le bruit extraordinaire produit par le piétinement des chevaux fait sortir les poissons de la vase et les excite au combat. Ces anguilles jaunâtres et livides, semblables à de grands serpents aquatiques, nagent à la surface de l’eau et se réfugient sous le ventre des chevaux et des mulets… Les Indiens, équipés de harpons et de longues et fines cannes, entourent étroitement la mare, les uns grimpent dessus jusqu’aux arbres dont les bras s’étendent les uns à l’horizontale au-dessus de l’eau. Avec leurs cris sauvages et leurs longs perchoirs ils empêchent les chevaux de s’échapper en atteignant le bord de l’étang. Les anguilles, étourdies par le bruit, se défendent en déchargeant à plusieurs reprises leurs batteries électriques et pendant longtemps elles font semblant de gagner. Plusieurs chevaux succombent à la violence des coups invisibles reçus çà et là dans les organes les plus essentiels à la vie, et ravis par la force et la fréquence des chocs, ils disparaissent sous l’eau. D’autres haletants, la crinière hérissée, les yeux perdus et manifestant leur angoisse, se redressent et tentent de fuir l’orage qui les surprend. Les Indiens les repoussent jusqu’au milieu de l’eau, mais un certain nombre parviennent à tromper la vigilance active des pêcheurs et on les voit gagner le rivage, trébuchant à chaque pas et s’allongeant sur le sable, épuisés et endormis. membres par les décharges électriques du Gymnotus. En moins de cinq minutes, deux chevaux se sont noyés. Enserrant l’anguille, longue de cinq pieds, contre le ventre du cheval, elle lance sur toute la surface de son organe électrique une décharge qui attaque à la fois le cœur, les viscères et le plexus coeliaque dans les nerfs abdominaux. .. Les chevaux ne sont pas tués, mais étourdis. Ils se noient parce qu’ils sont incapables de se relever à la suite du combat prolongé avec les autres chevaux et les Gymnotus. Nous ne doutions pas que la pêche se terminerait par la mort massive des animaux qui y étaient employés, mais peu à peu l’impétuosité de ce combat inégal diminuait avec la dispersion des Gimnotus fatigués. Ils ont besoin d’un long repos et d’une nourriture abondante pour réparer la force galvanique perdue…”

Après la bataille, les gymnoti, ayant perdu leur capacité à produire de nouvelles décharges, ont été capturés et conduits à terre. Humboldt a soumis ceux qui étaient vivants à une série d’expériences simples et a disséqué ceux qui étaient morts pour découvrir leurs organes électriques. Ce fut une étude non sans risque comme il le décrit lui-même :

« Je ne me souviens pas d’avoir reçu une secousse plus affreuse d’une bouteille de Leiden que celle que j’ai ressentie lorsque j’ai bêtement posé les deux pieds sur un Gymnotus que je venais de sortir de l’eau. Tout au long de la journée, j’ai ressenti de fortes douleurs dans les genoux et dans presque tous les membres… »

Écoutez la biographie de Humboldt.



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