Un troupeau de moutons broutant en se déplaçant à travers la campagne est un spectacle rare en ce moment en Espagne, mais il y avait des moments où c’était courant, comme c’est encore le cas dans de nombreuses parties de la planète, en fait, le pâturage est une activité de la sur dont dépendent des milliards de personnes. Or, le passage des bovins laisse une empreinte importante sur les écosystèmes : ils consomment la couverture végétale, leurs empreintes compactent le sol, influencent la séquestration du carbone, etc. D’un autre côté, il y a des facteurs positifs : leurs excréments fertilisent le sol, éliminent les déchets végétaux qui favorisent la propagation et l’intensité des incendies et, bien sûr, fournissent de la nourriture et un mode de vie à une grande partie de la population.
Le pâturage est une activité complexe et ses effets sur les écosystèmes dépendent de nombreux facteurs, c’est pourquoi son étude est essentielle si nous voulons maintenir l’équilibre entre nos activités et la nature.
Au programme d’aujourd’hui, notre invité, Fernando T. Maestre, chercheur au Département d’écologie Ramon Margalef et à l’Institut multidisciplinaire d’études environnementales de l’Université d’Alicante, commente les résultats d’une étude, récemment publiée dans Science, dans laquelle Les effets de pâturage dans les zones arides sont présentés dans 98 endroits sur tous les continents.
Fernando Maestre et une équipe de plus de trois cents personnes, comprenant des chercheurs, des techniciens et des collaborateurs de différents domaines, ont collecté des données sur 326 parcelles de 45 mètres sur 45, représentatives de la pression exercée par le pâturage dans une mesure très différente, du pâturage intensif jusqu’à son absence. Dans chaque parcelle, des données sur le climat (température, précipitations), les propriétés du sol (teneur en sable et fertilité) et sur la diversité des plantes, des mammifères herbivores, domestiques et sauvages, des microorganismes du sol, etc. ont été collectées.
A l’énorme diversité des facteurs qui influencent chaque lieu, Maestre et ses collègues ont ajouté les effets de la pression de pâturage du bétail, selon que les zones sont soumises à un pâturage plus ou moins intense.
Les résultats de l’étude révèlent que la pression de pâturage a surtout eu des effets négatifs dans les zones arides lorsque les conditions étaient plus chaudes. Ces effets comprennent une diminution de la richesse en espèces végétales, une moindre quantité de biomasse végétale, qui se traduit par une diminution du stockage de carbone dans le sol, et la décomposition de la matière organique. Dans ces conditions, le sol est exposé à une plus grande érosion.
Au contraire, la pression de pâturage avait surtout des effets positifs lorsque les conditions environnementales étaient plus froides et qu’il y avait une grande richesse en espèces végétales. La variété des herbivores dans les environnements où le bétail partage l’espace avec un assemblage diversifié d’espèces sauvages contribue également à l’amélioration, tant que la pression de pâturage est faible.
Les données de Fernando Maestre et de son équipe peuvent être utiles pour identifier les zones arides les plus susceptibles de se dégrader sous l’effet du changement climatique et d’une forte pression de pâturage.
Je vous invite à écouter Fernando T. Maestre, Chercheur du Département d’Ecologie et Institut Multidisciplinaire d’Etudes Environnementales “Ramon Margalef”
Université d’Alicante et professeur d’écologie à l’Université Rey Juan Carlos.
Les références:
Maestre FT, Le Bagousse-Pinguet Y, Delgado-Baquerizo M, Eldridge DJ, Saiz H, Berdugo M, Gozalo B, Ochoa V, Guirado E, Garcia-Gomez M, Valencia E, Gaitan JJ, Asensio S, Mendoza BJ, Plaza C, Diaz-Martinez P, King A, Hu HW, He JZ, Wang JT, Lehmann A, Rillig MC, Cesarz S, Eisenhauer N, Martinez-Valderrama J, Moreno-Jimenez E, Sala O, Abedi M, Ahmadian N, CL ailé, Aramayo V, Amghar F, Arredondo T, Smoky RJ, Bahalkeh K, Ben Salem F, Blaum N, Boldgiv B, Bowker MA, Bran D, Bu C, Canessa R, Castle-Monroy AP, Castro H, Castro I , Castro-Quezada P , Chibani R , Conceição AA , Currier CM , Darrouzet-Nardi A , Deak B , Donoso DA , Dougill AJ , Duran J , Erdenetsetseg B , Espinosa CI , Fajardo A , Farzam M , Ferrante D , Frank DEMANDERFraser LH , Gherardi LA , Greenville AC , War CA , Gusman-Montalvan E , Hernandez-Hernandez RM , Hölzel N , Huber-Sannwald E , Hughes FM , Jadan-Maza O , Jeltsch F , Jentsch A , Kaseke KF , Köbel M , Koopman JE , Leder CV , Linstädter A , le Roux PC , Li X , Liancourt P , Liu J , Louw MA , Maggs-Kölling G , Makhalanyane TP , Issa OM , Manzaneda AJ , Marais E , Mora JP , Moreno G , Munson SM, Nunes A, Olive G, Oñatibia GR, Peter G, Pivari MODPueyo Y, Quiroga RE, Rahmanian S, Reed SC, Rey PJ, Richard B, Rodríguez A, Rolo V, Rubalcaba JG, Ruppert JC, Salah A, Schuchardt MA, Spann S, Stavi I, Stephens ARC, Swemmer AM, Teixido AL, Thomas AD, Throop HL, Tielbörger K, Travers S, Val J, Valkó O, van den Brink L, Ayuso SV, Velbert F, Wamiti W, Wang D, Wang L, Wardle GM, Yahdjian L , Zaady E, Zhang Y, Zhou X, Singh BK, Gross N. Pâturage et prestation de services écosystémiques dans les zones arides du monde. Science. 2022 25 novembre;378(6622):915-920. doi : 10.1126/science.abq4062. Publication en ligne le 24 novembre 2022. PMID: 36423285.
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