Cienciaes.com : Faune et activités humaines, une relation difficile. Nous avons parlé avec Beatriz Arroyo.

Depuis l’invention de l’agriculture, la relation entre la faune et les activités humaines est difficile. De nombreuses espèces ont été déplacées de leurs habitats en raison de l’expansion des zones agricoles, mais d’autres se sont adaptées.

Malgré tout, à l’époque moderne, les activités agricoles ont été grandement améliorées grâce à l’utilisation de machines de travail du sol. L’utilisation de tracteurs, de moissonneuses-batteuses, etc., a permis de surmonter les difficultés du travail des champs et de varier les rythmes des récoltes. Ces changements affectent également de nombreuses espèces d’animaux qui ont trouvé leur habitat naturel dans les champs de culture et qui doivent désormais s’adapter aux temps nouveaux pour survivre. Certaines de ces espèces présentent également le problème supplémentaire d’être des proies convoitées par les êtres humains.

Notre invité, Beatriz Arroyomembre du Groupe de gestion de la faune et de la chasse du IRLANDAIS dans la Université de Castille-La Mancheétudie depuis plus de 20 ans un oiseau de proie, le busard cendré, ce qui illustre la difficulté de trouver des moyens de rendre compatible la conservation de la faune sauvage avec les activités humaines.

Le Busard cendré (Circus pygargus) est un oiseau de proie qui occupe de vastes zones d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie. Il n’est pas très grand, les adultes mesurent un peu plus de 40 centimètres du bec à la queue, même si avec ses ailes déployées il peut s’étendre sur un mètre. Le nom « cendré » est dû au fait que les mâles ont une couleur grise avec des plumes primaires noires, cependant, ce surnom ne peut pas être appliqué aux femelles car, comme vous pouvez le voir sur l’image, elles sont brun rougeâtre. Ce dimorphisme sexuel est dû au fait que le Busard cendré est un oiseau qui construit habituellement son nid à terre, dans les zones d’herbes hautes et de champs de céréales. La couleur brune de la femelle est idéale pour se camoufler avec le terrain lors de la reproduction.

L’habitude de nidifier dans les champs de céréales pose de sérieux problèmes lorsque vient le temps des récoltes et que les jeunes n’ont pas eu le temps de se développer pleinement. C’est la raison pour laquelle cet oiseau, qui profite aux agriculteurs en débarrassant leurs cultures d’un bon nombre de petits rongeurs et d’insectes, comme les sauterelles, a besoin d’une protection particulière.

Notre invitée et son groupe étudient des formules qui rendent les travaux agricoles compatibles avec la protection de cette espèce. L’étude nécessite l’observation des oiseaux et de leurs zones de nidification, la qualité de leurs couvées, le succès de la reproduction et, comme il ne peut en être autrement, les relations avec les êtres humains.

Convaincre un agriculteur de retarder la récolte ou de laisser une zone non exploitée, lorsqu’il y a des nids de Busard cendré sur ses terres, est l’une des tâches du Groupe de gestion de la faune et de la chasse du UCLM.

En revanche, la surveillance des nids et l’interaction entre les chercheurs et les oiseaux posent également des problèmes. Visiter les nids pour surveiller l’espèce provoque généralement du stress chez les adultes qui voient les humains comme une menace pour leurs petits. Les chercheurs ont vérifié différentes formes de comportement qui vont de la fuite de l’adulte à la démonstration d’agressivité qui se traduit par des vols à basse altitude au-dessus de la tête des chercheurs, des cris d’alarme et même des attaques pour défendre leurs petits. Le comportement dépend de la personnalité de l’aigle : certaines femelles sont toujours agressives et attaquent les humains qui visitent leur nid, d’autres sont toujours timides et fuient ou s’éloignent lors des visites. Dans leurs études menées depuis près de 20 ans, les chercheurs ont constaté que le nombre de femelles agressives était en augmentation.

Nous vous invitons à écouter Beatriz Arroyochercheur à l’Institut de recherche sur les ressources de chasse (IRLANDAIS) du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique d’Espagne et de l’Université de Castilla – La Mancha.