2017-12-02 20:30:36
Aujourd’hui, nous reparlons des estuaires avec Manuel Díez Minguito, chercheur au sein du Groupe de dynamique des flux environnementaux du Centre andalou de l’environnement de l’Université de Grenade. Dans une précédente interview, Manuel a parlé des caractéristiques les plus remarquables des endroits où les rivières se jettent dans la mer.
Bien qu’il existe également des rivières qui se terminent par de grands lacs d’eau douce et des mers intérieures, dans la plupart des cas, l’estuaire est un lieu de rencontre entre un courant d’eau douce et un grand réservoir d’eau salée. Les différences de température et surtout les différences de salinité et de densité motivent l’apparition de courants typiques. Ainsi, la bouche devient un environnement dynamique unique d’une énorme richesse biologique qui, depuis des temps immémoriaux, a soutenu de grandes civilisations nées et prospéré sur ses rives.
Comprendre à quoi ressemble un estuaire est un défi impressionnant. Cela nécessite la collecte d’innombrables données sur de longues périodes et l’utilisation de modèles physico-mathématiques capables de renfermer, en quelques équations, les secrets du comportement de la collision des eaux. Plus tard, lorsque les conditions changent, qu’il s’agisse de changements dus à des phénomènes naturels ou à l’action humaine, ces modèles peuvent fournir des informations extrêmement précieuses qui nous permettent de prédire les conséquences.
Un bon exemple d’action artificielle sur un estuaire est la décision de le draguer. Les rivières transportent des sédiments qui ont tendance à s’accumuler dans l’estuaire et il arrive parfois que l’accumulation excessive modifie la profondeur d’une manière qui affecte le trafic maritime. Dans d’autres occasions, ce sont des intérêts économiques qui conseillent d’approfondir le lit d’un fleuve pour permettre l’entrée de navires ayant un tirant d’eau plus important.
Augmenter la profondeur d’un estuaire peut modifier le régime actuel qui s’y déroule, modification qui peut affecter les espèces qui l’habitent ou les activités qui y sont exercées. « En éliminant les sédiments, un nouveau volume est créé qui doit être rempli d’eau. Puisque le débit du fleuve n’a pas changé, c’est l’eau de mer qui prendra la place », explique Manuel Díez. Il se peut qu’un estuaire qui, en raison de sa faible profondeur, ait ses eaux bien mélangées avant le drainage change de comportement et que les eaux se stratifient, c’est-à-dire que deux couches se forment, une d’eau douce en surface et une autre d’eau salée. Fondamentalement, il se déplace dans des directions opposées.
Ce changement pourrait affecter non seulement l’écologie du fleuve, mais pourrait également transporter de l’eau salée vers des endroits situés à l’intérieur des terres, une intrusion saline pouvant atteindre les aquifères, les rendant inutilisables pour la consommation humaine ou l’irrigation. Cet exemple illustre très bien la nécessité de recherche et de développement de modèles physico-mathématiques qui permettent de prédire les effets d’une activité et d’évaluer les conséquences avant de réaliser une action.
Manuel Diez Minguito Il est docteur en sciences physiques et chercheur dans le Groupe de dynamique des flux environnementaux du Centre Andalou de l’Environnement de la Université de Grenade, bien qu’au moment de l’interview, il se trouve aux Pays-Bas, plus précisément à l’Université d’Utrecht, pour effectuer un séjour José Castillejo financé par le Plan National pour la Recherche Scientifique et l’Innovation 2013-2016 en R&D&i, Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports. Une partie de ses activités de recherche liées à ce sujet sont développées avec le soutien de la Fondation Biodiversité, du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, de l’Alimentation et de l’Environnement (PLANS).
Manuel est également l’auteur d’un de nos podcasts : Oceans of Science.
Je vous invite à l’écouter.
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