Ce drame aux accents de comédie à l’italienne, suscitant de l’émotion et des rires, tantôt francs tantôt grinçants, est pourtant iranien pur jus. Saeed Roustaee a choisi, pour son troisième long-métrage, l’univers clos de la cellule familiale pour décrire la société iranienne en proie à d’énormes difficultés économiques. Il avait réalisé La Loi de Téhéran en 2019, un magnifique polar dans le monde de la drogue en Iran, multirécompensé à l’étranger.
L’histoire de ce nouveau film ? Leila s’est sacrifiée toute sa vie pour ses parents et ses quatre frères. Avec la crise, la famille croule sous les dettes. Leila, courageuse et déterminée, a un plan : acheter avec ses frères une boutique, mais leurs économies ne suffisent pas. Pire, au même moment, son père annonce qu’il va donner une forte somme d’argent à la famille élargie pour devenir le parrain, un titre honorifique dans la tradition persane. Leila ne veut pas laisser le magot disparaître… Les relations avec son père se compliquent. La famille implose.
Tous les acteurs sont épatants, à commencer par Saeed Poursamimi en patriarche madré, fier et propriétaires complètement dépassé. Leila est magnifiquement incarnée par Taraneh Allidousti, l’actrice fétiche du réalisateur Asghar Farhadi (À propos d’Elly, Le Client). Les dialogues sont un régal, notamment dans les engueulades homériques. On rit beaucoup. Avec un morceau d’anthologie : la scène du mariage qui va offrir le rôle de sa vie au père, fier comme un paon… durant quelques instants.
Pas frontalement politique, le film a été censuré en Iran alors que, début juillet, les réalisateurs Mohammad Rasoulof (Le diable n’existe pas) et Jafar Panahi (Taxi Téhéran) ont été arrêtés par le régime. 2h39.
