Cinq livres essentiels de Luis Mateo Díez, prix Cervantes 2023 | Babelia

Cinq livres essentiels de Luis Mateo Díez, prix Cervantes 2023 |  Babelia

2023-11-07 23:46:27

L’écrivain espagnol Luis Mateo Díez (Villablino, León, 81 ans), lauréat ce mardi du Prix Cervantes, le plus important de la littérature hispanique, est l’auteur d’une vaste œuvre littéraire, commencée en 1973 avec le livre de contes mémorial à base de plantes. Ce sont ses cinq livres les plus marquants.

Les gares provinciales (Alfaguara). Rares sont ceux qui auront lu ce roman au moment de sa parution, en 1982. Ils l’auront plutôt lu, nous l’avons fait, dans le sillage de La fontaine de l’âge, quelques années plus tard et l’œuvre qui a fait connaître Luis Mateo Díez. C’est pourquoi nous l’avons compris comme un lieu de passage vers un autre plus substantiel. En d’autres termes : une œuvre qui valait ce qu’elle annonçait. Erreur irréversible, car personne ne peut relire pour la première fois une œuvre qu’il a déjà lue. Les gares provinciales C’est un roman complet qui donne un sens aux mots et aux silences d’une époque inhospitalière et de l’Espagne. Bien sûr, cette Espagne s’est révélée, comme dans une humble synecdoque, dans la ville de León. Et j’ajoute : une ville provinciale (qui est un adjectif intrinsèque), non provinciale (qui est extrinsèque), emblème de la province éternelle dans laquelle se fonderaient ses meilleures fables.

La fontaine de l’âge (Alfaguara). La publication de ce roman en 1986 marque la découverte d’un auteur dont l’extraordinaire aventure créatrice restera, je ne sais si pour le meilleur ou pour le pire, enfouie sous le prestige de ce chef-d’œuvre. Cervantina en su germen y valleinclanesca en su remate, tiendo a creer que se le desmandó en el curso de su escritura, pues lo que nació como disparate fabulado (una cofradía provinciana de excéntricos y letraheridos que, en los años cincuenta, pretenden creerse que van après fons vitae, la fontaine de jouvence et de vie) finit par être une élégie du rêve. Cette vie éternelle (le contraire de la vie éternelle) dont rêvaient ou faisaient rêver les frères était aussi la crypte de leurs illusions. Et le roman dans lequel il nous a été présenté s’est révélé être une machine de fureur linguistique, d’humour hilarant et de tristesse irréversible. Avec la substance du grand Cervantes, oui, bien que truffée – personne n’a un seul visage – par celle de la Vallée la plus folle.

Braises d’août (Alfaguara). Il existe des œuvres dont la congruence et la systématicité découlent d’un plan conçu en équerre et en biseau. Cet ensemble d’histoires (1989) a au contraire une cohérence qui lui donne la lymphe qui les baigne toutes, additionnées, presque serrées, comme au hasard, les unes après les autres, les unes au-dessus des autres. autre. Et, au-dessous d’eux, la poésie de Luis Mateo Díez (oui : il a publié des vers dans sa jeunesse, dans la revue léonaise Lucarne, même s’il détourne le regard). Et je dis poésie parce que, bien plus que dans ses vers, il y en a en abondance dans ces histoires, avec l’humour, l’amour, l’habitude stagnante qui craque et laisse surgir la surprise, le miracle, la vie. A titre d’exemple, l’histoire qui donne son titre à l’ensemble : Braises d’août. Le retour d’un clerc exclaustré – de sa profession, de sa ville et de son passé – à la ville où il s’est fait et défait, et à l’amour qui a été la charnière de son existence, donne naissance à l’une des plus belles et des plus belles fables les plus tristes de notre époque.

Les moindres maux (Alfaguara). Paru en 1993, l’auteur propose dans ce volume quelques histoires petites, voire minimes, dont plusieurs micro-histoires, qui renoncent à expliquer prétentieusement la vie et se limitent à montrer (seulement, mais rien de moins) des éclats, des miettes, des recoins de l’existence, certains anecdote dépourvue d’excipient et d’emballage. Chez eux, la tendresse ou la pitié viennent presque toujours de la crudité de ces flocons qui sont plus des images que des séquences. De la totalité des facettes naît un prisme qui génère d’étonnantes irisations. Le style de l’auteur, qui a renoncé au riche verbalisme d’autres œuvres, se rétrécit et se rétracte, comme entassé sur des tables, pour ne pas perturber les espaces qu’il nous montre. Joueuses, voire hilarantes, scrutatrices, émouvantes, avant-gardistes car nourries sans complexes (mais sans liens ni obéissance dûes) à la tradition, ces histoires, qui semblent avoir été écrites avec désinvolture et au dos d’une facture d’électroménager, sont un œuvre d’art nom d’un écrivain nom.

Le royaume de Celama (Alfaguara). En réalité, cet ouvrage est la bouche éditoriale (2002) où trois nouvelles dont chacune avec vie indépendante : L’esprit du désert, La ruine du ciel oui L’assombrissement. L’ensemble va bien au-delà de ce que la simple somme de ses ingrédients impliquerait. Bien que la substance réaliste initiale de l’auteur ait dérivé dans d’autres directions, d’abord par distorsion expressionniste puis par sublimation symbolique, Celama constitue la crête de la pyramide : un territoire où les morts, avec leurs linceuls, leurs conversations et leurs liturgies, leur odyssée viennent et les actes ont une plus grande corporéité et ne sont pas moins vivants que ceux du Comala de Juan Rulfo. La densité mythique de Celama atteint la catégorie des grands – bien que fermée par parfait-des espaces narratifs. Il s’agit d’une friche cloîtrée, réalisée à l’image du jardin clos classique, avec un enchaînement d’histoires, de paraboles et de phrases qui semblent nous dire, comme c’est typique de la meilleure poésie, le dernier mot.

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