2024-02-17 02:00:00
“Averroès & Rosa Parks” de Nicolas Philibert est le deuxième volet d’une trilogie documentaire qui traite de la pratique psychiatrique dans une clinique parisienne. Le premier, « On the Adamant », a remporté l’Ours d’or l’année dernière. Comme les participants aux deux films vivent à l’Hôpital Esquirol, il y a des chevauchements de personnel. Cependant, le passage de la garderie flottante au bâtiment de la clinique change l’orientation. Philibert documente principalement les conversations individuelles et de groupe entre patients et psychiatres. Ces discours révèlent une conception du travail psychiatrique dont les formes de réactivité et de convivialité ont laissé loin derrière elles les phases d’un noir profond.
Les patients présentent des comportements, des répartitions par âge et des tableaux cliniques très divers. De nombreux visages sont abîmés par la maladie ou l’âge. Dans le cas d’un travailleur culturel et d’un « juif bouddhiste », seuls des changements de comportement à peine perceptibles font la différence avec la grande gueule et la mégalomanie que l’on ne connaît que trop bien dans la vie de tous les jours. Une très vieille femme à la voix rauque est paranoïaque à plusieurs reprises, révélant une grande colère et une souffrance réprimée.
De nombreux patients se déplacent dans le système depuis si longtemps que celui-ci est devenu presque le seul espace dans leur expérience. Un jeune homme est interrogé sur ses idées sur son avenir. « Voyez-vous des progrès ? » « Pas vraiment. » Il apparaît sans cesse à quel point il peut être clair de connaître sa propre situation et celle de l’institution : “Je sais que c’est difficile pour tout le monde, les services manquent également de personnel.” “Merci de prendre soin de moi.” Certaines personnes manquent de proximité physique ou même l’exigent, alors il y a un câlin. Mais tout a ses limites, d’autant plus que même la séance la plus agréable se termine au plus tard au bout de 50 minutes.
La démarche de Philibert est philanthropique et peut-être un peu trop anodine dans son ouverture. La présence de la caméra ou de l’équipe de tournage n’est pas le sujet du film, ni un fait pourtant très visible : la classe des travailleurs qualifiés de l’esprit et de l’âme est considérablement plus homogène que celle des patients. Tous ces médecins montrent la douceur des gens de la classe moyenne, sûrs d’eux et socialement sûrs, qui se détendent au bar à vin après le travail.
De temps en temps, « Averroès & Rosa Parks » sortent de la conversation et on voit alors des détails sur le lieu et les locaux. Une passerelle avec des colonnes doriques suggère qu’une grande partie de l’histoire s’est accumulée dans ce bâtiment.
En fait, l’Hôpital Esquirol remonte à une institution que les religieux ont construite au XVIIe siècle devant l’enceinte de l’est de Paris et à proximité de la Seine. Au milieu du XIXe siècle, le site a été agrandi à un point tel qu’il est devenu un monument architectural, dont une partie a été récemment transformée en condominiums. Il est peut-être tout aussi anecdotique que Donatien Alphonse François de Sade ait été enfermé dans ce lieu, alors appelé Hospice Royal de Charenton, jusqu’à sa mort. C’est à cette époque qu’il écrit les « 120 journées de Sodome ».
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