2024-01-03 13:12:29
Comment utiliser les technologies numériques pour réduire le déséquilibre entre l’offre et la demande ? En concevant «automates numériques” qu’ils peuvent effectuer certaines tâches à faible risque ou qui leur permettent de consacrer moins de temps à d’autres que les médecins ou les infirmières font aujourd’hui.
Il est largement admis que la numérisation constitue un levier stratégique pour améliorer le service national de santé. La digitalisation des processus peut, mais ne va pas de soi, générer de la valeur pour les professionnels de santé, les citoyens et le système de santé. J’ai écrit plusieurs articles sur ce sujet, que vous pouvez par exemple retrouver ici ou sur ce lien ou ici. Je ne répéterai donc pas une série de concepts que j’ai déjà exprimés et qui ne sont malheureusement pas souvent appliqués dans les investissements et projets de santé numérique.
La réflexion que je souhaite mener aujourd’hui porte sur l’orientation de la numérisation et la manière dont elle doit être utilisée. La grande majorité des projets concernent le soutien aux processus de santé avec un fort accent sur les aspects de gestion, moins sur les aspects cliniques et de santé. Le numérique est un outil d’accompagnement des professionnels de santé pour les aider à saisir et accéder aux informations, à générer des listes et des flux de travail, à produire des rapports et des fichiers. Même les systèmes les plus avancés, tels que CDSS, restent des outils d’assistance pour les cliniciens. Très peu est fait pour les patients, même si l’on parle depuis des années de les placer au centre du NHS.
Il y a un manque de vision et de perspective pour créer des systèmes destinés à remplacer les professionnels de la santé dans certaines tâches, bien que le NHS soit en crise profonde en raison d’une pénurie de médecins et d’infirmières et du déséquilibre désormais profond entre l’offre et la demande. Il est naturellement compréhensible que lorsqu’on parle de santé et de médecine, il soit très difficile d’envisager l’hypothèse selon laquelle, comme cela s’est produit dans tous les secteurs industriels et de services, des « agents » ou des « systèmes » peuvent être utilisés pour accomplir certaines tâches. Il existe une frontière, pour beaucoup infranchissable, entre ce que le numérique peut faire et ce qui est la prérogative exclusive de l’être humain.
Pourtant, il existe plusieurs domaines dans lesquels nous confions notre vie aux machines et aux systèmes numériques, comme l’atterrissage instrumental d’un avion dans des conditions de faible visibilité (il existe des pilotes mais ceux-ci sont basés sur des technologies et des instruments numériques, quand ce n’est pas tous les pilotes de voiture) , la conduite assistée et autonome des voitures (nous y sommes désormais), le stimulus cardiaque d’un stimulateur cardiaque pour rester dans le domaine médical.
Je ne parle pas de s’appuyer entièrement sur “médecins numériques” ou “infirmières numériques” mais pour commencer à concevoir et à utiliser “automates numériques» qui permettent de réaliser certaines tâches à faible risque ou qui permettent de consacrer moins de temps à d’autres : auto-triage pour orienter le patient vers le bon environnement ou réduire les délais d’attente aux urgences ; l’éducation et la prise en charge des patients chroniques ou en suivi d’hospitalisation ; confirmation d’une thérapie; la réponse à des questions simples, etc.
C’est-à-dire passer de la logique d’accompagnement à celle de la sphère opérationnelle afin d’augmenter l’efficacité des professionnels de santé et d’assister et de traiter un plus grand nombre de patients avec les mêmes ressources. C’est ce qui s’est passé dans les usines, où les robots ne remplacent pas les ouvriers mais permettent d’augmenter la productivité, dans l’agriculture, dans les entreprises de services. C’est vrai, la santé et la médecine sont plus complexes mais cela ne veut pas dire que les technologies numériques ne peuvent pas être utilisées pour réaliser certaines tâches.
Je le répète, il ne s’agit pas de remplacer les médecins et les infirmiers, mais de les doter d’outils numériques, visualisés et suivis par eux, qui peuvent les aider à faire plus et peut-être mieux. L’alternative est d’assister, impuissants, à l’effondrement du système national de santé et à l’augmentation des inégalités entre ceux qui peuvent recourir aux soins de santé privés et ceux qui ne le peuvent pas.
Bonne année 2024 !
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