Sur les réseaux sociaux, les images des conflits actuels défilent, rendant une violence extrême plus proche et immédiate. Bruno Boniface, psychiatre spécialisé en psychotraumatologie, explique les mécanismes d’une fascination parfois morbide et offre des clés pour s’en prémunir.
Plus la proximité géographique du drame est grande, plus on compatit, pense-t-on volontiers. Or, avec les réseaux sociaux, on fait défiler du matin au soir, venus de l’est de l’Europe ou de la pointe de Gaza, des témoignages déchirants, des images de cadavres dans des hôpitaux, des immeubles désossés, photos coups de poing, partagées en masse, montrées aux parlementaires.
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Le but est de faire relais, d’alerter, de militer, ou de distiller de la propagande. Parfois, il n’y a pas de but précis, simplement de la stupeur. Peut-on développer un traumatisme à distance ? Bruno Boniface, psychiatre à l’hôpital Bicêtre, près de Paris, spécialisé en psychotraumatologie, explique ce qui se cache derrière notre consommation d’images violentes, et donne des clés pour nous protéger.
Fascination des images
Depuis quelques mois, Sonia*, Parisienne de 34 ans, s’extirpe chaque matin d’une nuit sans grand sommeil. Les cauchemars sont réguliers : des bombardements, du sang. Sur son fil Instagram, l’algorithme nourrit une…