Commentaire : Un chancelier idéaliste. Pourquoi Olaf Scholz ne veut pas de droits de douane sur les voitures chinoises

Selon l’OCDE, l’économie allemande passera toute l’année 2024 en récession et ne se rétablira que de 1 % l’année prochaine. Les voitures des usines allemandes perdent du terrain sur le marché mondial, principalement au profit de la Chine, souligne l’étude de Mario Draghi, et selon les statistiques de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), les nouvelles voitures électriques ne parviennent pas à se vendre, même en Europe même. Le gouvernement allemand tente en vain d’empêcher la Commission européenne d’imposer à partir du 1er novembre des droits de douane pouvant atteindre 45 pour cent sur les importations de voitures électriques en provenance de Chine. Selon une étude d’ifo.de, 44 pour cent des entrepreneurs allemands craignent que leurs perspectives commerciales se détérioreront après le possible retour de Donald Trump au poste de président américain.

Il y aurait encore plus de mauvaises nouvelles en provenance d’Allemagne en octobre. Dans le même temps, lorsque l’économie nationale dépend de celle d’un grand voisin, c’est également une mauvaise nouvelle pour la République tchèque.

C’est pourquoi l’annonce selon laquelle le chancelier allemand Olaf Scholz a ouvert une usine Mercedes de recyclage des batteries de voiture à Kuppenheim, dans l’État de Baden, peut être un encouragement pour les Tchèques. Il ne s’agit pas tant d’une nouvelle usine que d’une des déclarations de la chancelière : “Certains disent que la Chine est bien meilleure que nous en matière de moteurs électriques, mais les entreprises allemandes n’ont pas à s’inquiéter de cette concurrence”, a déclaré Scholz. Il a rappelé que les Allemands avaient déjà été confrontés à un défi similaire de la part de la Chine dans les années 1970 et 1980, lorsque les voitures japonaises ont inondé l’Europe ou lorsque la Corée a lancé une offensive d’exportation au début de ce siècle.

Cette affirmation peut avoir plusieurs interprétations. La chancelière a sans aucun doute voulu montrer que les constructeurs automobiles allemands ne sont définitivement pas à genoux. Après tout, le rapport de l’association ACEA affirme que les ventes de voitures européennes chutent en Europe même et que cela affecte également les Allemands, mais ce sont les constructeurs automobiles allemands qui sont les moins touchés. Dans la liste des cinq marques qui vendent aujourd’hui plus ou autant de produits par rapport à la période d’avant la crise, outre le japonais Toyota, le coréen Hyundai et maintenant le chinois Volvo, il y a aussi l’allemand BMW et le domestique Skoda, qui peuvent également être comptés comme allemands. . Les pannes de Volkswagen, Audi et Mercedes ne dépassent pas 20 pour cent et leurs pannes de production n’augmentent plus.

Et comme chacun le sait, ces entreprises ont compensé la baisse des ventes par des prix plus élevés. S’il y a quelqu’un en Europe qui a connu des pertes bien plus importantes, ce sont bien les constructeurs automobiles dont les propriétaires sont français, italiens et américains. Dans cette situation, l’Allemagne dispose de suffisamment de force pour affronter la concurrence asiatique.

Mais il existe également une deuxième interprétation, selon laquelle Olaf Scholz aurait voulu se prononcer contre le verdict de la Commission européenne, qui impose depuis novembre des tarifs sur les voitures électriques chinoises. On pourrait dire qu’il ne fait que remplir la tâche du lobby automobile allemand. Volkswagen et BMW résistent aux droits de douane simplement parce qu’ils fabriquent certaines voitures électriques dans des succursales chinoises et, à partir de novembre, ils ne peuvent les expédier en Europe qu’avec des droits de douane de 30 %. Mais ce ne serait pas le pire.

Comme le rapporte le China Daily, les constructeurs automobiles allemands, parmi lesquels Audi, Porsche et Mercedes en plus de Volkswagen et BMW, réalisent un tiers de leurs ventes en Chine. Si la Chine interprète les droits de douane européens sur les voitures électriques comme une déclaration de guerre commerciale – et il est difficile d’imaginer qu’elle l’interprétera autrement – ​​alors elle érigera des barrières contre l’importation de grosses voitures allemandes. Ainsi, lorsque Scholz oblige la Commission européenne à réduire la surtaxe à l’importation, il se présente non seulement comme un opposant au protectionnisme terre-à-terre, mais aussi comme un lobbyiste terre-à-terre à la solde des entreprises.

Au contraire, la troisième possibilité d’interprétation donne du poids aux déclarations du Premier ministre allemand, qu’on soit d’accord ou non avec lui. Il ne s’agit pas seulement de la Chine, les nouvelles en provenance d’autres continents annoncent également l’arrivée d’une période de guerres commerciales, comme le monde n’en a pas connu depuis des décennies. Les Américains ont imposé des droits de douane de 100 % non seulement sur toutes les voitures chinoises, mais également sur les pièces détachées, notamment les lecteurs et les appareils de navigation, qui sont fournies depuis la Chine aux constructeurs automobiles européens ou américains, même si elles ne coûtent que quelques dollars. Ce faisant, ils forcent de fait l’Europe et le Japon à cesser de travailler avec la Chine s’ils veulent vendre des voitures en Amérique.

Dans ce contexte, l’initiative de Scholz vise à empêcher la Commission européenne de soumettre l’Europe aux restrictions de la politique commerciale américaine. Il peut être irresponsable de la part du chancelier allemand de soutenir la montée économique d’une puissance asiatique non démocratique, ou de la part d’un homme politique social-démocrate d’être avant tout un idéaliste du libre marché. C’est du moins ce que pensent les médias allemands, le Frankfurter Allgemeine Zeitung en tête, qui ne tarissent pas d’éloges à l’égard de leur chancelière.

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