Commerce en Lorraine. Metz, Nancy, Thionville : on fait quoi ?

La Semaine

Les élus et les commerçants de Metz, Nancy et Thionville multiplient les initiatives et les projets pour renforcer l’attractivité commerciale de leur cœur de ville à l’heure où le shopping du samedi après-midi ne séduit plus autant les consommateurs… Tour d’horizon.

Essor des zones commerciales, envol de l’e-commerce, inflation, hausse de l’énergie… Les raisons qui expliquent les difficultés du commerce dans les centres-villes, sont identifiées. Metz, Nancy ou Thionville ne sont pas épargnées. Mais si certaines artères autrefois attractives ont perdu de leur superbe, ce n’est pas la catastrophe si on s’en tient aux chiffres. En France, la vacance commerciale moyenne se situe à 9,67 % selon Codata (spécialiste de la data au service du retail et de l’immobilier), en 2023. À l’échelon du Grand Est, c’est 10,34 % (10,48 % pour la vacance aux pieds des immeubles, donc hors centres commerciaux et zones commerciales). À Metz et Nancy, elle est autour de 8 %, à en croire les acteurs locaux, certainement « optimistes ». C’est aussi le cas du côté de Thionville qui bénéficie du programme Action Cœur de Ville qui vise à conforter le rôle des villes moyennes au bénéfice du développement du territoire et s’appuie sur l’expertise d’un manager de centre-ville. Il y a 10 ans, la vacance était de 20 %. Une belle progression alors que ce territoire accueille une zone commerciale dynamique avec le Linkling. Metz aussi, avec « Augny ».

Injecter de la… vie

Pour relancer l’attractivité de leurs cœurs de ville, les collectivités (et leurs agences d’attractivité) sont à la manœuvre avec de grandes lignes directrices en tête. L’une des priorités est d’y réinjecter de la vie en attirant des habitants. Metz, avec des partenaires, s’attache à transformer les étages qui servaient autrefois de réserve aux magasins du rez-de-chaussée, en logements. Des immeubles entiers sont aussi réhabilités comme le bâtiment du magasin Printemps. Cela s’accompagne d’un redécoupage des cellules commerciales, les commerçants recherchant désormais de petites surfaces. Thionville est aussi à la manœuvre dans ces registres. C’est l’un des axes du programme « Thionville 2030 ». Plusieurs centaines de logements ont déjà enrichi le parc immobilier. « Repeupler » le centre-ville, c’est également veiller à ce que les services soient au rendez-vous, notamment en matière de santé, l’offre médicale étant un levier d’attractivité.

Une autre grande priorité pour redonner du souffle au centre-ville, c’est de le « réenchanter » pour reprendre une expression chère à François Grosdidier, le maire de Metz. Cela passe par de la piétonnisation et de la végétalisation, une atmosphère qui procure du bien-être ou une « expérience ». Il importe aussi d’assurer une mobilité performante, d’offrir des solutions de stationnement (à des prix jugés acceptables), de garantir la sécurité et la propreté, de favoriser les boutiques éphémères pour tester des concepts, de déployer des animations et une offre commerciale en phase avec les attentes des consommateurs (qualité, éthique…)…

À Thionville, comme à Metz et Nancy, des services sont aussi mobilisés pour accompagner les commerçants dans leurs projets – au-delà de la recherche d’une cellule – alors que ce métier a évolué. Si la qualité de la relation et le conseil restent des valeurs fortes aux yeux de consommateurs, il doit aujourd’hui savoir communiquer pour aller « chercher » les clients. Bref, élus et commerçants sont à la manœuvre.

Ça porte ses fruits ? Non, si on focalise sur les fermetures d’enseignes d’autant plus nombreuses que le secteur du prêt-à-porter est dans le dur et libère des espaces (ce secteur représentait 21,6 % des magasins en 2013 contre 15,2 % en 2023, source Codata). Oui, si on s’intéresse aux créations. À Metz comme à Thionville et Nancy, des points de vente ouvrent régulièrement car ces villes restent attractives aux yeux des commerçants indépendants comme des enseignes nationales, confie un expert immobilier… Et cela dans de multiples domaines même si la restauration rapide est très active et qu’il importe de la réguler.

Que disent les chiffres ?

Selon l’Observatoire du Commerce et de la Consommation en Moselle, l’Eurométropole de Metz compte 4 340 établissements. La dépense annuelle des ménages s’élève à 1,4 milliard d’euros. En 2024, les zones commerciales captent 48 % de la dépense « commercialisable ». La zone de chalandise est de 408 000 habitants. La part de l’évasion commerciale est estimée à 364 millions d’euros (environ 25 %). La vente à distance pèse pour 10 % (contre 5 % en 2014).

Selon la feuille de route 2022-2026 du Développement Commercial de la Métropole du Grand Nancy, le chiffre d’affaires métropolitain est de 1,8 milliard d’euros et sa zone de chalandise est de 650 000 habitants. 4 900 établissements sont recensés sur le Grand Nancy. L’évasion commerciale est évaluée à 20 % (env. 360 millions). La part des achats en ligne a progressé pour atteindre 14 %.

En transition

Tout cela s’inscrit dans un temps long – au regard du temps de « l’entreprise » – puisqu’il importe pour les acteurs locaux de résoudre un Rubiks’Cube géant sans détenir toutes les clés. Le pouvoir d’achat et le moral des consommateurs en est une. De telles dynamiques impliquent des travaux contraignants comme l’illustrent les aménagements de la rue Serpenoise à Metz ou l’extension du plateau piétonnier à Nancy. Dans le deuxième baromètre de proximité « Spécial commerce » de l’agence d’attractivité Inspire Metz (publié cet été), 55,1 % des commerçants du territoire de l’Eurométropole de Metz indiquent afficher des chiffres d’affaires en recul.

À Nancy, l’enquête menée l’an dernier sur la piétonnisation, divise les commerçants quant à sa valeur ajoutée. Il n’empêche, que l’on apprécie ou pas les options prises, les collectivités agissent. Le pire en la matière serait l’apathie. Bonne nouvelle, bon nombre d’aménagements sont réalisés ou en passe de l’être. D’autres informations invitent à l’optimisme. Selon un récent sondage d’OpinionWay, les Français restent attachés au commerce de proximité (89 %). La prise en considération de l’environnement, le besoin de relations sociales comme l’appétence pour les produits locaux affichés par les consommateurs, sont aussi des notes positives. Les deux grandes villes lorraines profitent d’un dynamisme touristique qui va crescendo et Thionville, d’une démographie positive. Des « atouts » sur lesquels, il faut capitaliser. Les centres commerciaux (qui se réinventent) comme les acteurs de l’e-commerce, ont aussi des ambitions. Et de solides arguments, à commencer par… des prix.

2024-09-20 10:00:00
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