À l’heure où la France dormait ou faisait la fête, c’est une drôle de course qui s’est nouée dans la nuit de ce samedi 24 à ce dimanche 25 juin, entre Lyon (Rhône) et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Celle des fans de Mylène Farmer désireux d’être les premiers à poser leurs tentes devant les portes du Stade de France après avoir assisté à ses concerts, le week-end précédent, dans l’antre de l’Olympique lyonnais.
Quatorze ans après sa première venue dans l’enceinte dyonisienne, la chanteuse s’y produira ces vendredi et samedi dans le cadre de sa tournée des stades entamée le 3 juin. Quelques-uns de ces fans surmotivés sont arrivés dès vendredi dernier pour l’événement. « Mais ce sont ceux qui ont sacrifié les concerts à Lyon, confie l’un des campeurs. Ils font ça pour être sûrs d’être devant pour les suivants. »
« Gentille guéguerre » pour s’assurer d’être au premier rang
Ce mardi, ils sont une quinzaine à improviser un pique-nique sur des chaises de camping. Certains, comme Loïz, steward, ont posé des jours de vacances pour assister à quelques dates.
D’autres, comme Julien, serveur dans un salon de thé à Strasbourg (Bas-Rhin), ont carrément pris trois mois sans solde pour suivre toute la tournée. Il a fait Lyon – Saint-Denis en voiture. « Comme ça, t’es sûr d’arriver avant ceux qui sont en train, s’exclame-t-il. C’est une gentille guéguerre. »
Même s’ils l’ont vu sur scène il y a quelques jours, ils veulent voir et revoir « Mylène ». Et pas de n’importe où : depuis le premier rang, sur chaque date. « C’est l’ordre d’arrivée devant le stade qui fait foi », fait remarquer un autre fan.
Pour y arriver, Julien n’a pas laissé le choix à son patron : « De toute façon, il sait que si je n’ai pas mes congés pour la tournée, je me casse… » Il a donc « quitté sa baraque trois mois » pour se mettre dans « la bulle Mylène ». « Quand je fais ça, c’est pour être à fond, témoigne le serveur. Au trentième rang, peut-être que tu vois mieux le show mais moi, je veux passer deux heures à la mater, devant. Je veux voir son visage, ses émotions… »
Il est aussi fier d’apparaître « sur tous les DVD depuis vingt ans », un rêve de gosse pour celui qui avait demandé à ses parents une cassette de la chanteuse pour ses 6 ans. « Moi, c’est peut-être un peu égoïste mais j’ai aussi envie qu’elle nous voit, nous », confie Maximilien, demandeur d’emploi de 26 ans qui a quitté Bastia (Haute-Corse) pour quelques dates.
Dans le groupe, certains confient attendre un petit regard toute la tournée, ce fameux « eye contact », comme le glisse Bénédicte, habitante de la banlieue sud de Paris ; qui suit l’artiste « partout depuis ses débuts ». Elle en est à son 116e concert.
« On est quand même tous un peu fêlés »
Pour Julien, ces trois mois de congé sans solde représentent un sacré budget. « Entre 4 000 et 5 000 euros », calcule-t-il. Il faut compter 125 euros pour être dans le « carré or » de la fosse, pour chaque concert au Stade de France. « Certains nous prennent pour des teubés qui n’ont pas de vie, mais la mienne n’est pas tournée autour de Mylène, insiste-t-il. Là, on est à fond. Après, je retrouve une vie normale. »
« On est quand même tous un peu fêlés, reconnaît Maximilien. Mais Mylène, c’est mon antidépresseur. C’est elle qui m’apporte le plus de joie dans la vie. Quand on se sent différent et qu’on écoute ses chansons, c’est comme si elle nous comprenait. »
Précision : tous ces fans ne campent pas forcément chaque nuit, l’heure d’installation de sa tente suffisant à conserver sa place à l’intérieur du stade. Certains dorment donc chez des amis ou prennent une location. « Ici, ça craint, glisse un autre admirateur. La première nuit, il y a eu des vols. Beaucoup ne feront que la dernière nuit. En province, par contre, on peut camper une semaine. »
L’occasion de voir naître des histoires d’amour
Durant ces « vacances », ils ne squattent pas non plus le bitume du matin au soir. Ce mardi, un petit groupe décide de partir à la visite de la basilique Saint-Denis. À Lyon, beaucoup se sont baignés plusieurs fois dans un lac, près du stade. « Mais il y en a quand même certains qui veulent le vivre comme un pèlerinage, raconte Julien. Ils restent ici et y dorment tous les soirs. Je faisais ça quand j’avais 20 ans, mais je viens d’en avoir 40, je la joue farniente. »
Tous ces groupes de fans se retrouvent sur les dates depuis parfois des décennies. Ce qui n’empêche pas quelques tensions. « Quand tu vis trois mois ensemble, c’est normal qu’il y ait des prises de bec, mais ça ne sert à rien d’en parler, ça attiserait le truc, demande le serveur. C’est une toute petite rivalité. Entre groupes, on se respecte. »
Lui préfère parler des belles histoires : « Des histoires d’amour, des histoires de cul. Il y a beaucoup de gens du milieu gay et il se passe pas mal de choses dans les tentes (rires)… » D’autres racontent l’histoire de « ces deux lesbiennes qui se sont rencontrées en 2013, sur un concert », et qui se sont mariées depuis.
2023-06-29 10:00:00
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