Concours d’affiche Rock in Évreux : polémique sur la rémunération des artistes

C’est une volonté de l’organisation de « rendre l’événement davantage participatif ». Pour sa prochaine édition, les 28 et 29 juin 2024, Rock in Évreux fait appel au grand public pour concevoir l’affiche officielle du festival.

Avant le 16 février, « rockez votre créativité » et proposez « une œuvre qui reflète la diversité et l’inclusivité, tout en restant fidèle à l’âme du rock », invitent les organisateurs. Conditions pour participer : être résident actuel de l’agglomération Évreux Porte de Normandie ou être étudiant dans un établissement d’enseignement supérieur de la région Normandie.

« Faites travailler les artistes sainement »

Depuis sa naissance, en 2017, la réalisation de l’identité visuelle de l’événement musical était confiée à l’agence de communication Antharèsbasée à Gravigny (Eure).

Un professionnel reconnu auquel RIE substitue un travail possiblement plus amateur… et moins rémunéré : un chèque de 1 000 € au vainqueur du concours (cession des droits comprise « uniquement dans le cadre du festival »), et des dotations pour les 2^e et 3^e prix. Loin, très loin, de la rémunération réclamée par un graphiste expérimenté. En tout cas, de quoi diminuer cette ligne dans le budget d’un festival largement déficitaire année après année.

La méthode, et le concours, n’ont pas tardé à faire réagir sur Facebook. « Arrêtez de miser sur les espoirs de gens qui vont se défoncer pour rien à part un seul et faites travailler les artistes sainement », implore Clément. « Ce n’est pas cohérent avec le soutien envers la communauté artistique de manière éthique et équilibrée dont vous parlez », embraye Gwenaëlle.

« C’est un boulot »

Graphiste, professeur d’arts appliqués au lycée Modeste-Leroy, Olivier Le Meur estime la facture pour la création de ce type de visuel entre 4 et 5 000 euros. Et ce n’est qu’un début. « Créer un visuel, c’est une chose, mais il faut qu’il soit conçu pour être déclinable sur tous les supports, affiches, flyers, programmes, calicots, bâches, etc.  Il doit être accompagné d’une charte graphique. »

Bref, dit-il, « c’est un vrai travail » qui, confié à une agence ou un professionnel indépendant, coûte beaucoup plus cher. « On fait des économies sur des artistes, des créatifs, pour un festival d’art, c’est tout simplement honteux », déplore le graphiste.