Les députés sénégalais se réunissent ce lundi dans un climat explosif pour examiner une proposition de loi controversée sur le report de l’élection présidentielle annoncée par le président Macky Sall. Ce débat fait suite à des heurts entre des opposants et les forces de l’ordre à Dakar la veille.
Publié le : 05/02/2024 – 07:13
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Un débat houleux est prévu au Parlement. Après une manifestation violemment dispersée à Dakar, les députés sénégalais examinent dans un climat explosif une proposition de loi controversée sur le report de l’élection présidentielle annoncé par le président Macky Sall.
Le débat sur ce texte, qui prévoit le report du scrutin de six mois maximum et nécessite une majorité des trois cinquièmes des 165 députés pour être approuvé, s’annonce agité. Le vote est prévu en fin de matinée.
Macky Sall a signé un décret samedi, quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale, annonçant le report de la présidentielle qui devait initialement avoir lieu le 25 février. Il s’agit de la première fois depuis 1963 qu’une élection présidentielle par suffrage universel direct est reportée au Sénégal, un pays qui n’a jamais connu de coup d’État, une rareté sur le continent.
Cette annonce a provoqué un tollé et suscité des craintes d’instabilité dans un pays réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, mais qui a connu des périodes troublées depuis 2021.
Le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé les Sénégalais à résoudre leurs “différends politiques par la concertation, l’entente et le dialogue”, suite aux tensions et violences provoquées par le report de l’élection présidentielle.
Exprimant sa “préoccupation” concernant ce report, il a appelé les autorités à “organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale”.
Le report du scrutin a été annoncé sur fond de conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé vingt candidatures en janvier, un record, tout en rejetant plusieurs dizaines d’autres.
La proposition de loi sur le report de l’élection présidentielle de “six mois maximum” sera examinée par les députés, avec des spéculations selon lesquelles certains du camp présidentiel auraient proposé de prolonger d’un an le mandat du président sortant lors d’une réunion préparatoire à la séance de lundi.
Le report de la présidentielle est rejeté par plusieurs candidats de l’opposition, qui ont manifesté dimanche à Dakar contre cette mesure. Des opposants affirment que des arrestations ont été effectuées et que les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à l’aide de grenades lacrymogènes.
Aminata Touré, ancienne Première ministre et farouche opposante à l’ajournement, a été arrêtée lors d’un des rassemblements, selon le député d’opposition Guy Marius Sagna.
Selon le code électoral, un décret fixant la date d’une nouvelle présidentielle doit être publié au plus tard 80 jours avant le scrutin. Le président Sall, élu en 2012 pour cinq ans puis réélu en 2019 pour sept ans et qui n’est pas candidat cette fois, risque d’être encore à son poste au-delà de l’échéance de son mandat, le 2 avril.