2024-01-05 03:36:00
Pourquoi la nouvelle crise entre les deux Corées
Cette fois, la situation est grave. Non seulement et pas tellement pour l’épisode marquant de ces dernières heures, avec le Corée du Nord qui a tiré environ 200 obus d’artillerie près des frontières maritimes avec les Corée du Sud, mais aussi et surtout pour le changement de trajectoire quasi “historique” après son discours de fin d’année devant les délégués du Parti des Travailleurs, Kim Jong Un il a reconnu comme une “erreur” d’avoir cherché la réunification avec Séoul dans le passé, entamant un dialogue entre 2018 et 2019 qui a ensuite échoué. Mais l’objectif de la « réunification » a en réalité toujours été présent dans la rhétorique du Nord, sa « suppression » modifie les scénarios futurs de manière non négligeable.
Il ne faut évidemment pas oublier que la nouvelle escalade se produit précisément en conjonction avec la première accusation officielle des États-Unis contre la Corée du Nord, avec la La Maison Blanche qui a révélé que des missiles balistiques avaient été découverts de la production nord-coréenne parmi celles utilisées par Russie attaquer Ukraine entre les derniers jours de 2023 et les premiers jours de 2024.
Mais que s’est-il passé le matin du 5 janvier ? Il arriva que l’armée de Pyongyang a tiré plus de 200 obus d’artillerie près de la frontière maritime contestée avec la Corée du Sud. Pendant environ deux heures, entre 9 et 11 heures du matin, des tirs de l’armée nord-coréenne ont retenti vers les eaux au large de la côte ouest de la péninsule. Et pour la première fois depuis de nombreuses années, les autorités sud-coréennes ont été contraintes d’évacuer deux îles de leur territoire.
Parce que Kim tire vers les deux îles situées sur la ligne de front entre les deux Corées
Il s’agit de Yeonpyeong et Baengnyeong. Le premier accueille un peu plus de deux mille habitants et militaires, tandis que le second compte près de cinq mille habitants. Les eaux proches de la ligne de démarcation maritime contestée ont été le théâtre de nombreux affrontements meurtriers entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, notamment des combats impliquant des navires de guerre et le naufrage d’une corvette sud-coréenne en 2010 par une torpille présumée nord-coréenne, tuant 46 marins. En novembre 2010, l’artillerie nord-coréenne a tiré plusieurs dizaines d’obus sur l’île de Yeonpyeong, tuant deux soldats et deux civils, lors de l’une des attaques les plus violentes depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.
Aucun blessé n’a été signalé parmi la population des deux îles, mais cet épisode représente une nouvelle escalade dans les relations déjà tendues entre les deux Corées. Le Sud a répondu aux tirs du Nordqui a également organisé une série d’exercices de tir réel avec des obus d’artillerie depuis Yeonpyeong.
Le risque est qu’il ne s’agisse pas d’un incident isolé, après la récente annulation de l’accord militaire de 2018. Une décision intervenue fin novembre, après Pyongyang a mis en orbite son premier satellite espion. Kim Jong-un a également annoncé que d’autres seraient lancés courant 2024. Selon la propagande nord-coréenne, le premier satellite serait déjà capable de collecter des données et des images sur la base américaine de Guam, dans le Pacifique. Hypothèse non confirmée par Séoul, dont les services de renseignement ont toutefois admis que l’aide de Moscou pourrait être à l’origine du succès du premier lancement.
Front uni entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine
Tout cela serait le résultat du voyage de Kim dans l’Extrême-Orient russe, qui a eu lieu en septembre, et de la rencontre ultérieure avec Poutine. En échange de fournitures militaires pour la guerre en Ukraine, La Corée du Nord bénéficierait d’une aide pour son programme satellitaire et, potentiellement, le transfert de technologie également dans d’autres secteurs sensibles. Une menace pour la Corée du Sud, mais aussi pour le Japon. Kim a également appelé à une augmentation de la production de lanceurs de missiles précisément dans les heures qui ont suivi les déclarations des États-Unis sur l’envoi présumé de missiles à Moscou.
Deux innovations « politiques » et « conceptuelles » venues de Pyongyang ont également une implication inquiétante à moyen terme. Le premier, arrivé l’année dernière, c’est la mise à jour de la doctrine nucléaire ce qui affirme en fait les ambitions du pays en matière de développement atomique malgré les demandes internationales de désarmement. La seconde est celle de ces derniers jours, où Kim a renoncé à l’objectif de réunification avec le Sud, susceptible à ce stade d’être traité en véritable ennemi.
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