Une course contre la montre et surtout contre les éléments se déroule dans le golfe du Saint-Laurent, sur les Îles-de-la-Madeleine. Les falaises reculent, les dunes disparaissent et des sentiers s’effondrent, laissant les maisons vulnérables face à l’océan. Le changement climatique est devenu une réalité palpable au quotidien dans cette région et le paysage naturel change d’une saison à l’autre. Les îles sont confrontées à des bouleversements rapides qui bouleversent les 13 000 habitants et qui transformeront radicalement leur environnement. Les berges des îles reculent déjà à une vitesse moyenne de 0,5 mètre par an, selon une étude de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Pour certains habitants, comme Diane Saint-Jean et sa compagne, cette situation est angoissante. Elles habitent à La Martinique, une étroite bande de terre qui relie les deux principales îles. Elles ont dépensé des milliers de dollars pour renforcer la falaise avec des rochers, mais la tempête Fiona en septembre 2022 a tout emporté en quelques heures. La résidente se sent impuissante et déplore d’avoir gaspillé son argent. L’érosion est un sujet sensible pour les habitants des Îles-de-la-Madeleine, qui ont vu des lieux disparaître au fil des années et des maisons être déplacées en raison du risque de les voir emportées. Les autorités doivent investir des millions de dollars canadiens dans des travaux d’urgence pour protéger les zones vulnérables. Par exemple, sur l’île principale de Cap-aux-Meules, une partie de la falaise s’est effondrée en 2018, emportant la piste cyclable et exposant le cimetière, l’hôpital et la maison de retraite aux vagues. En 2022, la municipalité a dû créer une plage de gravier en déposant 143 000 tonnes de roches sur plus de 800 mètres pour renforcer la côte. Mais ces mesures sont coûteuses et nécessitent un entretien constant, ce qui représente un fardeau financier pour l’avenir. Certaines zones devront même être appelées à changer car les épisodes de météo extrême sont plus fréquents et plus dévastateurs en raison du changement climatique. L’absence de glace pendant l’hiver laisse les côtes exposées aux tempêtes hivernales, et le grès rouge des falaises devient plus fragile en raison des cycles de gel et de dégel plus fréquents. Des organismes comme Attention FragÎles travaillent sur des solutions pour revégétaliser les dunes et retenir le sable. Les Îles-de-la-Madeleine sont également menacées par la submersion due à l’élévation du niveau de la mer et à leur propre enfoncement. Il est important de prendre en compte les scénarios réalistes et de ne pas ignorer la situation. Les habitants veulent faire partie de la solution en développant de nouvelles techniques pour recharger les plages et en utilisant du béton “vert” à base de coquilles de mollusques. L’archipel pourrait être un laboratoire contre le danger que représente le changement climatique pour des millions de personnes dans le monde. Il est urgent d’agir, et c’est pourquoi des postes tels que celui de médecin-conseil pour la santé publique – spécialité changements climatiques – ont été créés pour sensibiliser la population à prendre des mesures collectives face à ce défi. Il faut que les personnes fassent le lien entre les tempêtes et les changements climatiques et se sentent concernées sans succomber à l’écoanxiété.
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