La rue silencieuse est plongée dans la boue. Quelques pick-up cabossés attendent sur le bas-côté. Aucune lumière, aucun signe de vie, le village n’est pourtant pas abandonné: derrière les portails métalliques qui baignent dans les flaques, les maisons délaissées par leurs propriétaires ont été réinvesties par les militaires qui en ont fait leurs bases arrière, à une vingtaine de kilomètres du champ de bataille. Soudain, dans un grincement suivi d’aboiements furieux, Sacha, un jeune commandant qui ne veut pas que son nom véritable ne soit dévoilé, sort hébété de la nuit en survêtement kaki et en claquettes de plastique enfilées sur des chaussettes de laine. Trois jours qu’il est bloqué à cause de sa voiture en panne. Alors, il attend en maugréant car tout part à vau-l’eau: plus assez d’hommes ni de munitions, son bataillon se disloque et ses derniers hommes se meurent dans des tranchées creusées sur les hauteurs de Bakhmout.
Sur tout le front est, les forces ukrainiennes accusent le coup de la fatigue et du manque d’armes et les Russes grignotent lentement, pied à pied, du terrain. La situation est désormais aussi critique que dans les premiers jours de la guerre. Le ministre de la Défense, Roustem Oumerov, tire lui aussi la sonnette d’alarme: «La pénurie de munitions est un problème très réel et urgent auquel nos forces armées sont actuellement confrontées», a-t-il déclaré jeudi sur son compte X.
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