Mais où sont passés les scénaristes hollywoodiens ? Ont-ils été emportés par un nouveau virus superhéroïque importé par un redoutable ennemi extraterrestre ? Ou bien étaient-ils tous encore en grève au moment d’écrire avec des moufles le script de Godzilla x Kong, Le Nouvel Empirecinquième volet du Monstreverse ? Une chose est sûre : à la vision de ce blockbuster de 135 millions de dollars, on en vient presque à regretter le non-recours à l’intelligence artificielle.
Qualifier l’intrigue de navrante tient, hélas, de l’euphémisme. Perturbée par d’étranges données sismiques que ressent aussi sa fille Jia (par ailleurs dernière survivante des Iwi de Skull Island), la Dr Ilene Andrews se voit chargée d’une mission périlleuse en Terre Creuse, non sans avoir préalablement autorisé son ami Trapper à soigner une dent de King Kong, il y a des priorités dans la vie. Une expédition dans laquelle elle embarque le dentiste, Bernie le “Titan complotiste”, un exterminateur et son ado muette aux étranges pouvoirs. Pendant ce temps, Kong est redescendu au centre de la Terre et Godzilla, lui, fait le plein d’énergie en surface pour affronter de nouveaux dangers.
La suite, cousue de fil (voire de gros cordage marin) blanc se révèle d’autant moins surprenante que la plupart des moments clés sont déjà dévoilés dans la bande-annonce et le slogan du film (”Vaincre ensemble ou mourir seul”). Et pour être sûr que même les spectateurs américains partis acheter des seaux de pop-corns comprennent bien tout à leur retour, l’action est dévoilée en long et en large par une légende avant son déroulement. Dans le registre anti-thriller, impossible de faire mieux.
La SPA et les ligues de protection de la jeunesse, elles, devraient s’offusquer du comportement de Kong, qui frappe violemment d’autres singes en utilisant… un enfant simiesque comme gourdin. Pas sûr que cela convaincrait un tribunal, mais il paraît qu’il souffre de solitude et possède un solide sens des relations sociales. Si, si…
Les pyramides et le Colisée ne résistent pas aux monstres
Côté spectacle, c’est un peu mieux. Les fans de Godzilla et de Kong auront l’impression d’assister à un jeu vidéo géant, avec rugissements bestiaux, combats façon sumos, vols d’animaux préhistoriques, décharges nucléaires qui ne semblent inquiéter personne et destructions de lieux emblématiques de la planète, comme les pyramides de Gizeh, une partie du Colisée (la “couchette” de Godzilla se reconstruit à la vitesse de l’éclair : ils sont rapides ces Romains) ou la plage de Copacabana. Du côté de l’avalanche d’effets spéciaux, le contrat est rempli.
Godzilla x Kong, Le Nouvel Empire (en anglais, le x entre deux noms signifie une collaboration, pas une multiplication, mais alors, pourquoi l’avoir gardé en français ?) ne s’adresse qu’aux amateurs inconditionnels de divertissements bruyants purs et durs, peu soucieux de l’histoire, des explications pseudo-scientifiques sur la gravité, des mythes neuneus sur le monde en harmonie avant qu’un vilain méchant ne dompte un monstre aux pouvoirs glaçants, ou des soucis des Titans concernant la préservation architecturale historique. Eux seuls parviendront à tenir une heure et cinquante-cinq minutes sans se demander s’ils n’ont pas oublié d’éteindre le gaz à la maison, quelle heure il est aux Bahamas ou s’il n’y a pas à la télé une dispute encore plus palpitante lors du nouvel opus de Danse avec les stars.
Pour les autres, après s’être désespérément jetés sur un film d’auteur le plus hermétique possible en guise d’antidote, il ne reste plus qu’à espérer que les prochains blockbusters hollywoodiens se révèleront plus récréatifs et moins formatés. Vivement Barbenheimer2…
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