Critique de l’album : Beyoncé – “Cowboy Carter” : Tout est une grange

Critique de l’album : Beyoncé – “Cowboy Carter” : Tout est une grange

RETOUR AU RODEO : La vision audacieuse de Beyoncé du country fait avancer le genre. Photo : Klaudia Lech / VG

Beyoncé embrasse ses racines dans la musique country et renouvelle la tradition dans la même veine.

Là où son prédécesseur « Renaissance » (2022) était une célébration grandiose, évasion et sexy de la musique de danse noire, du disco et de la house aux divers sons de clubs électroniques, Beyoncé Knowles-Carter s’est tournée vers une autre partie de son sol musical dans la suite avec le titre explicite “Cowboy Carter”.

Ce changement de style ne devrait pas faire l’effet d’une bombe pour un auditeur attentif : les liens entre soul, r&b et country sont après tout évidents depuis le début des années 60.

Ayant grandi à Houston, au Texas, passionnée depuis toujours par les événements de rodéo et grand-père avec de généreuses doses de jazz équestre dans sa collection de disques, il n’est pas du tout surprenant que Beyoncé, à 42 ans, renifle plus que cette partie de son identité.

Il faut néanmoins souligner que la musique de “Cowboy Carter” se situe en marge du genre. C’est peut-être pour cela que cela semble frais et naturel.

Charger ce projet de 27 chansons – réparties sur près de 80 minutes – apparaît d’emblée comme une invention mal pensée de la part de Beyoncé. Mais “Cowboy Carter” va vite prouver qu’il défend le temps de jeu et la portée. Du moins presque.

Les moments forts sont rassemblés tout au long de l’album, du morceau d’ouverture épique “American Requiem” à la fin du gospel sacré “Amen”. Entre ces extrêmes, elle équilibre sans effort la pop cool de la côte ouest (“Bodyguard”), le rap hard (“Spaghetti”), la ballade à succès (le duo de Miley Cyrus “II Most Wanted”) et le psychédélisme brumeux de Thundercat (“Desert Eagle”).

Sur le funk rocker à parts égales, fougueux et ludique, “Ya Ya”, Nancy Sinatra et les Beach Boys sont samplés, tandis que “Riverdance” et le paraphrasant Underworld (!) “II Hands II Heaven” penchent vers le folk et l’électro dans un merveilleux chemin.

Petite information : les reprises de « Blackbird » des Beatles et de « Jolene » de Dolly Parton ne sont pas considérées comme essentielles dans ce contexte, même si cette dernière a fait l’objet d’une refonte lyrique. Et 27 chansons, c’est et ce sera trop.

Avec un tiers du matériel éliminé, “Cowboy Carter” aurait été un chef-d’œuvre. Dans sa forme actuelle, c’est tout simplement un très bon album – qui pousse à la fois le protagoniste et le genre country encore plus loin.

MEILLEURE CHANSON : «II Hands II Heaven»

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.