Critique du film “Ibelin”: Puissant sur Mats

Critique du film “Ibelin”: Puissant sur Mats

DOCUMENTAIRE

«Ibelin»

Première en salles le vendredi 8 mars

Norvège. 9 années. Réalisateur : Benjamin Ree

Médecin : Mats Steen, Lisette Roovers, Kai Simon Fredriksen, Robert Steen, Trude Steen, Mia Steen

Asbjørn Slettemark est critique télé pour Aftenposten. VGTV est coproducteur de “Ibelin” et Benjamin Ree, employé de VGTV, le réalise. VG a donc demandé à un critique externe d’évaluer le film.

À la mort de Mats Steen (25 ans), ses parents ont découvert qu’il leur avait donné le mot de passe de son blog. Ils ont posté un message annonçant le décès de leur fils et la boîte de réception n’a cessé d’envoyer des alertes. De belles et chaleureuses réactions ont afflué du monde entier.

“Ibelin” raconte l’histoire touchante d’un jeune garçon norvégien malade qui a vécu une vie internationale en ligne depuis un fauteuil roulant.

JOUEUR PASSIONNÉ : Mats Steen dans “Ibelin”. Photo : Opérateurs de médias / Bjørg Engdahl / Euforia

Le garçon d’Oslo, Mats, est né avec la dystrophie musculaire de Duchenne, une maladie qui empêche les muscles de se développer. Les parents ont découvert la maladie au fur et à mesure que le petit garçon grandissait et devenait comme les autres enfants en bonne santé.

Il a trébuché dans les escaliers. Le garçon ne savait pas jouer au football. La vie s’est terminée dans un fauteuil roulant pendant que les muscles s’affaiblissaient et que les amis s’épanouissaient physiquement. Les heures d’éveil de Mats étaient passées sur Internet, où il passait de plus en plus de temps dans le jeu «World of Warcraft». Les médecins disaient qu’il ne vivrait probablement pas au-delà de vingt ans.

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Les parents étaient inquiets même si le fils s’épanouissait visiblement dans un monde numérique. À sa mort, ils ont découvert via le blog que Mats avait vécu une vie riche en ligne. Il avait des amis. Un grand cercle d’autres joueurs se souciaient et admiraient Mats. Le fils avait même vécu ce que ses parents pleuraient le plus et qu’il ne connaîtrait jamais : l’amour.

AMOUR EXPÉRIMENTÉ : les avatars de Lisette Roover et Mats Steen dans “World Of Warcraft”. Photo : Opérateurs de médias / Euforia

L’histoire d’Ibelin, surnom de Mats Steen, a déjà été racontée. D’abord dans l’une des histoires en ligne les plus lues de NRK en 2019. Plus tard, Robert Steen – que beaucoup connaissent en tant qu’ancien conseiller municipal d’Oslo et fils de Reiulf Steen – a écrit la biographie familiale profondément émouvante “Om natten lyser stjernen”.

C’est tout naturellement que la vie surprenante de Mats Steen est devenue le documentaire “Ibelin”. Mais le film peut-il ajouter quelque chose à une histoire déjà établie ? “Ibelin” a déjà été célébré dans des festivals américains et le géant du streaming Netflix l’a acheté pour le visionner ultérieurement, après sa première dans les cinémas norvégiens.

Le marché international du documentaire peut être un lieu presque anarchique où des histoires déchirantes sont déformées au point de devenir méconnaissables pour s’assurer les faveurs de l’algorithme. Mais l’histoire de Mats est entre de bonnes mains avec Benjamin Ree.

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DOCUMENTAIRE : Benjamin Ree a réalisé “Ibelin”. Photo : Kristoffer Kumar / Euforia

Le réalisateur norvégien a obtenu d’excellentes notes avec “L’Artiste et le Voleur”. Dans “Ibelin”, il montre une fois de plus comment il peut transmettre les éléments importants d’une histoire, tout en surprenant par des rebondissements simples mais astucieux.

“Ibelin” se compose grosso modo de deux parties. Nous abordons d’abord l’éducation de Mat, que beaucoup connaissent grâce à des articles et des livres. Ici, la famille parle de la maladie et de ses défis pour toutes les personnes impliquées. A mi-parcours, Benjamin Ree met cette histoire de côté, emmenant le spectateur avec lui auberge dans “World of Warcraft”. Les cinéastes ont animé un monde distinct “World of Warcraft” basé sur les dialogues de Mats et de ses amis de l’équipe Starlight. Ceci est complété par des entretiens avec d’autres joueurs.

L’effet est puissant. Alors que l’article et le livre se trouvaient à l’extérieur et racontaient la longue vie en ligne de Mats, nous sommes maintenant attirés par les expériences de Mats dans le monde numérique.

AMITIÉ NUMÉRIQUE PROCHE : Lisette Roovers dans “Ibelin”. Photo : Opérateurs de médias / Euforia

De cette façon, le film peut aussi raconter ses hauts et ses bas. “Ibelin” explique minutieusement ce que “World of Warcraft” a fait pour la courte vie de Mats Steen. Le film dresse ainsi un portrait encore plus profond de Mats, à mesure que l’on voit davantage ses côtés frustrés et impatients. Une vie riche en ligne n’est pas la même chose qu’une vie simple et insouciante. Même une bande joviale dont faisait partie la guilde “Starlight” Mats s’est disputée. La jalousie n’est pas une émotion qui n’existe que dans la vraie vie.

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Le film présente quelques faiblesses. Dans la première partie, il y a trop de répétitions d’enregistrements vidéo d’événements familiaux. Cela atténue la puissance émotionnelle des images. J’aimerais aussi que la famille puisse réagir un peu plus lors de la seconde moitié du film. Je me surprends à manquer à plusieurs reprises la voix de Robert Steen dans la biographie.

ENSEMBLE POUR UNE HISTOIRE IMPORTANTE : le réalisateur Ibelin Benjamin Ree, le père Robert Steen et la productrice Ingvil Giske. Photo de : Euphorie

Lorsque des articles sur le film sont placés côte à côte avec des critiques des nouvelles images de réalité virtuelle d’Apple, le tout ressemble étrangement à un thème partiellement dépassé. C’est peut-être pour cela que le film tente peu de discuter des avantages et des inconvénients d’une vie numérique ?

Le format du film documentaire constitue néanmoins un cadre solide pour l’histoire importante de Mats Steen. Cela n’aurait guère pu être résolu d’une meilleure manière que ce que fait Benjamin Ree dans “Ibelin”. Mats Steens connaît probablement aujourd’hui un nouveau public international, dix ans après que des amis du monde entier se soient fait leurs derniers adieux.

ASBJØRN SLETTEMARK

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