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Critique du film «Mai décembre» : Fête des acteurs

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Critique du film «Mai décembre» : Fête des acteurs

DRAME

«Mai décembre»

Première en salles le vendredi 23 février

ETATS-UNIS. 9 années. Réalisateur : Todd Haynes

Médis : Natalie Portman, Julianne Moore, Charles Melton, Gabriel Chung

Le nom de Mary Kay Létourneau vous dit quelque chose ? L’Américaine de 34 ans, mère de jeunes enfants et enseignante dans une école primaire, a été reconnue coupable du viol de son élève de 13 ans, Vili Fualaau. Avec qui elle s’est mariée plus tard et avec qui elle a eu des enfants.

Si vous lisez les journaux du début des années 2000, il y a de fortes chances que vous vous souveniez d’elle (pas de lui). L’affaire a suscité beaucoup d’attention, également en Norvège. Pas seulement à cause de ce qui s’était passé. Mais parce que Létourneau était stylo.

ACTRICE À VOS DOIGTS : Natalie Portman dans “Mai Décembre”. Photo : François Duhamel / Netflix / Ymer Média

“Mai décembre” est basé sur cette affaire et parle d’une actrice, Elizabeth (Natalie Portman), qui rend visite à Gracie (Julianne Moore), d’âge moyen, et à son mari beaucoup plus jeune, Joe (Charles Melton), à Savannah, en Géorgie. Dans le cadre des préparatifs qu’elle fait pour jouer le rôle de Gracie dans un film sur le célèbre “couple à scandale”.

Comme Létourneau, Gracie était mariée et avait des enfants lorsqu’elle a rencontré Joe. Il avait 13 ans et était en septième année. La relation illégale a explosé comme une bombe dans la communauté locale conservatrice et a fait de Gracie une ennemie publique largement méprisée.

C’est une femme fragile, dramatisée et jalouse. Pleurer souvent et beaucoup. Est manipulateur envers les enfants, calculateur envers le mari. Elle et Joe sont toujours ensemble, 24 ans plus tard. Aujourd’hui, à seulement 36 ans, il constate que les enfants quittent le nid pour aller à l’université.

“ET C’EST COMMENT J’APPLIQUE LE MAQUILLAGE” : Natalie Portman prend des notes dans “Mai décembre”. Julianne Moore à droite. Photo : Ymer Média

Elizabeth intervient. Elle est loin d’être la meilleure actrice du monde, et rien n’indique que le travail dans lequel elle incarnera Gracie sera bien plus qu’un film B spéculatif et “sexy”.

Elle est néanmoins suffisamment ambitieuse pour vouloir faire le bon choix recherche au rôle. Ne vous contentez pas d’apprendre à connaître Gracie. Mais devenir elle, tu comprends ? Au cours de la visite, Elizabeth commence à lécher, tout comme Gracie.

Que Moore, l’un des principaux acteurs américains de sa génération, brille dans ce film n’est pas un choc (mais bien sûr bienvenu quand même). Que Portman, dont il faut dire qu’il joue le rôle principal, fasse si bien mouche est plutôt une agréable surprise.

Portman est un acteur talentueux sur lequel il n’est pas toujours facile de se laisser impressionner. Ici, où elle incarne un acteur qui pourrait ne pas est si douée, elle est à son meilleur. Je ne l’ai pas vue mieux.

POSER PROFESSIONNELLE : Natalie Portman dans “Mai Décembre”. Photo : Ymer Média

Elisabeth est très consciente de l’effet qu’elle a sur son environnement. Elle ne passe jamais devant un miroir sans poser et crée immédiatement une tension sexuelle lorsqu’elle rencontre n’importe quel adulte – y compris Gracie et Joe (« c’est ce que font les adultes », comme elle dit).

Elizabeth a capitale érotiqueen raison de sa beauté (elle est la star d’un feuilleton publicitaire à la télévision) et de son statut de célébrité.

Et elle a avalé tout le mythe de l’actrice. Son attitude est guindée et artificielle. Lorsqu’elle visite l’animalerie où Gracie et Joe travaillaient ensemble et qu’on la découvre en train de faire l’amour, elle joue la scène dans la solitude, comme si elle était perdue dans le plaisir sexuel. Elle excellera dans ce rôle, oui !

Le réalisateur Todd Haynes s’est imposé ces dernières années comme un Douglas Sirk de notre époque. Il réalise, comme Sirk l’a fait autrefois, des mélodrames sur les relations et le désir sexuel qui luttent pour être rachetés dans un environnement exigu, généralement vu du point de vue d’une femme.

L’ENNEMI PUBLIC DE LA PETITE SOCIÉTÉ : Julianne Moore (à gauche) et Natalie Portman dans “Mai décembre”. Photo : Ymer Média

Dans les années 1950, les productions de Sirk étaient souvent considérées comme des « films de femmes » (elles ont ensuite été redécouvertes et améliorées pour devenir ce qu’elles sont, à savoir des chefs-d’œuvre). Pour Haynes, c’est un honneur. Il s’intéresse vraiment aux femmes.

Le sentiment de mélodrame de banlieue des années 1950 est souligné par la bande originale. Signé Michael Legrand, il est tiré d’une autre histoire d’amour interdit, à savoir “The Go-Between” de Joseph Losey (1971).

«Mai Décembre» est une fête d’acteurs. Oui, il agit comme je l’ai vu, à propos pièces. Faire semblant, les rôles que nous jouons pour nous « sécuriser » – souvent aux dépens des autres. Auto-tromperie avancée.

Portman aurait dû être nominé pour un Oscar pour cela.

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