Critique : Jacques Offenbach : Les Bandits | Francfort-sur-le-Main

Texte:Bernd Zegowitz, le 29 janvier 2024

Musicalement, « Les Bandits » à l’Opéra de Francfort sont un grand plaisir. La production offre cependant une facture plutôt solide : les engins explosifs de l’Opéra bouffe de Jacques Offenbach s’éteignent ou n’explosent pas du tout.

Dans l’opérette, la loi du chaos devrait régner, l’hilarité irresponsable devrait prévaloir ou des engins explosifs devraient exploser pour révéler notre véritable tort. L’opérette paria de Jacques Offenbach “Les bandits” a une partie de ce potentiel. D’une part, les rapports habituels de pouvoir et de valeurs sont inversés et l’ordre civil constitué de diplomates, d’envoyés et de dirigeants est désavoué. En revanche, la bande de voleurs n’apparaît pas comme un groupe anarchique, mais plutôt comme une société terriblement conservatrice dans laquelle domine le calcul coût-bénéfice. Néanmoins, les Brigands sont les figures populaires de cette pièce, désormais diffusée sur les écrans. Opéra de Francfort sera affiché.

Le duo de librettistes préféré d’Offenbach, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, situe l’action en trois actes quelque part dans le duché de Mantoue, au XVIIIe siècle. Le capitaine voleur Falsacappa, quelque peu malchanceux, prépare un grand coup pour mettre de l’argent dans les poches vides. Le mariage du duc de Mantoue avec la princesse de Grenade serait à l’origine du pillage de 3 millions. Pour ce faire, la bande de voleurs, tel un groupe de pèlerins hagards, doit d’abord tromper le personnel d’une auberge frontalière, puis l’ambassade ducale et enfin l’entourage de la princesse espagnole. Mais le trésorier frauduleux a dilapidé depuis longtemps l’argent du duc. Par lequel? Eh bien, « l’étude des femmes » est non seulement difficile, mais aussi coûteuse. Et comme le plus grand bandit est son propre ministre des Finances, le duc fait immédiatement du capitaine voleur le chef de la police.

« Les Bandits » d’Offenbach joue sur la confusion et les changements de pouvoir. Photo : Barbara Aumüller

Scène sans présence

Le réalisateur de la première à Francfort, Catherine Thoma, voit très clairement le potentiel de la pièce lorsqu’elle parle, dans le programme de l’Europe et de Bruxelles, de la corruption et du népotisme, des citoyens laissés pour compte et des gilets jaunes. Mais cela n’apparaît pas grand-chose dans la production. Des fanions italiens et espagnols, quelques drapeaux européens – peut-être que la scénographie rappelle encore Étienne Plus au moins dans le premier acte jusqu’au pont Europa au Tyrol. Mais c’était tout. Le fait que le locataire volé Fragoletto soit un agriculteur biologique fait rire, rien de plus.

Cependant, Thoma connaît son métier. Elle met en scène la pièce en allemand de manière spirituelle, habile et expérimentée. Le timing est bon, les personnages sont bien dirigés et ont une liberté ludique, même s’il faut placer chaque pied avec précision. Et les possibilités de jeux et de danse (chorégraphie : Katharina Wiedenhofer) sont nombreuses sous les ponts, dans les auberges et les palais. Le premier acte associe romance de voleur et morosité architecturale, le deuxième couleur espagnole avec un habitat de restaurant rose, le troisième flocons de charme avec des charmes féminins. Le toboggan vers la fosse d’orchestre ou la cave à vin permet des sorties heureuses. Les costumes d’Irina Bartels sont adaptés au type et à l’époque, les danses sont typiques du pays et les décorations sont jolies. Tout va bien et s’adapte, mais d’une manière ou d’une autre, trop bien. Où sont les aspérités, où est le sens caché et le cynisme, où est le lien politique et social avec l’époque ?

Katharina Thoma a mis en scène l’Opéra de Francfort avec habileté, mais pas non plus avec beaucoup de courage. Photo : Barbara Aumüller

Opérette pleine de plaisir musical

Le chef d’orchestre Karsten Januschke fait tout correctement et se retient avec élégance. Avec un orchestre plutôt petit et excellent, il joue un Offenbach svelte, sec et délicat, libéré des fausses idées sur le son. Les éléments rythmiques et dansants sont au premier plan. Les touches de couleurs sont soigneusement mesurées et subtiles, tandis que les marches et les danses dégagent une grande énergie.

Et l’ensemble des solistes de l’Opéra de Francfort, ainsi que leur chœur (répété par Tilman Michael), suivent la performance en termes de jeu et de chant, sans exagérer. Gerard Schneider est un Falsacappa passionnément bon enfant, Kelsey Lauritano est une agricultrice biologique tendre et aimante et Elizabeth Reiter est une fille de capitaine agile et audacieuse avec des aspirations de leadership. Peter Bronder réussit à réaliser un chef-d’œuvre en montrant la chèvre excitée dans le trésorier, qui fait comprendre ouvertement, honnêtement et obscènement que les voleurs ne sont pas seulement dans la forêt. C’est seulement ici que le réalisateur suggère comment le désordre diplomatique aurait pu être montré. Mais la bonne humeur et les plaisanteries les plus folles avaient déjà pris le dessus.

2024-01-29 11:00:00
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