2024-04-05 22:34:53
L’édition (Aragno) de la correspondance entre les deux intellectuels. L’initiative Laterza qui demandait à des écrivains de s’immerger dans un site muséal. Les conséquences de la Première Guerre mondiale racontées par Jay Winter (il Mulino)
Il est difficile pour des livres importants de devenir des best-sellers, et celui-ci ne le sera certainement pas non plus (Benedetto Croce, Giovanni Gentile, Correspondance 1915-1924, Aragno, 2 volumes, 966 pages, 60 euros : édité très soigneusement par Cinzia Cassani et Cecilia Castellani). Mais ce n’est pas une bonne raison pour ne pas le signaler. Afin de ne pas signaler la publication de la dernière phase de la longue relation épistolaire entre les deux figures intellectuelles les plus importantes (sans tenir compte de Gramsci) de la première moitié du XXe siècle italien. Où il est donc possible de lire l’enregistrement, pour ainsi dire, au jour le jour de leur relation de travail très étroite – représentée ici par exemple par le partage total de Croce avec la réforme scolaire de Gentile (autre qu’une réforme fasciste comme continuent de le dire les imbéciles) – jusqu’à la fin de 1924, après le crime de Matteotti, comme l’écrit Croce, le désaccord mental qui existait depuis longtemps entre eux se transforma en un autre de nature pratique et politique destiné à durer pour toujours.
c’est une bonne idée qu’ils ont eu de Laterza de demander à quelques écrivains de passer une nuit dans un musée et de raconter à quoi cela ressemble. Le premier à essayer fut Paul Nori et c’est né Une nuit au Musée Russe (128 pages, 15 euros), c’est-à-dire le musée pétersbourgeois de l’art russe des XIXe et XXe siècles. Nori prend naturellement cette mission comme prétexte à une rafle que l’on pourrait qualifier de souvenirs et de réflexions sur la Russie. Et comme il sait tenir la plume à la main et sait de quoi il parle, le livre qu’il nous présente plein de choses intéressantes, de notes curieuses, de visages et de souvenirs, de reconnaissance de lieux célèbres et non célèbres ; traversé à chaque page ou presque par les événements des rapports entre pouvoir politique et écrivains, sujet presque obligatoire compte tenu du contexte. Au-dessus de tout, il y a la guerre en Ukraine et la difficulté évidente aujourd’hui de parler de certaines choses avec les Russes. Ce n’est pas un hasard si Nori écrit à un moment donné : c’était la première fois en Russie que je me sentais occidental. Pas même un Italien, un Occidental.
Le mal a rarement quelque chose d’original : presque toujours toute atrocité peut révéler un passé. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsque l’Empire ottoman vaincu s’est dissous, La Turquie elle-même courait le risque de se démembrer. Seule la réaction politico-militaire décisive de Mustafa Kemal contre la paix jugulatrice imposée par les puissances occidentales et les objectifs expansionnistes de la Grèce l’a sauvé. Mais au prix d’une nouvelle paix signée à Lausanne et rendue possible par un gigantesque mouvement forcé de population : un million de Turcs résidant en Grèce et trois cent mille Grecs résidant en Turquie – tous deux depuis des siècles – furent contraints de tout quitter d’ici un jour. aujourd’hui et sur la base exclusive de son appartenance religieuse. Le beau livre de raconte toute l’histoire Geai hiver (Le jour où la Grande Guerre s’est terminéetraduit par Karel Plessini, il Mulino, 343 pages, 28 euros) qui souligne combien précisément de cette manière a été établi un atroce précédent (disons d’ailleurs, dans un bon but : éviter certains massacres) destiné à se répéter dans l’avenir est bien plus tragique.
5 avril 2024 (modifié le 5 avril 2024 | 21h17)
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