Cuba connaît une panne d’électricité à l’échelle nationale après la panne de sa principale centrale énergétique, privant ainsi d’électricité ses 10 millions d’habitants.
Son réseau électrique s’est effondré vendredi vers 11h00 (15h00 GMT), a annoncé le ministère de l’Energie sur les réseaux sociaux.
Les responsables du réseau ont déclaré qu’ils ne savaient pas combien de temps il faudrait pour rétablir le courant.
L’île a subi des mois de coupures de courant prolongées, ce qui a incité le Premier ministre à déclarer jeudi une « urgence énergétique ».
La panne totale de vendredi est survenue après la mise hors service de la centrale électrique Antonio Guiteras de Matanzas, la plus grande de l’île.
Le président Miguel Díaz-Canel Bermudez a déclaré que cette situation était sa “priorité absolue”.
“Il n’y aura pas de repos tant que le courant ne sera pas rétabli”, a-t-il écrit sur X.
La responsable de l’approvisionnement en électricité au ministère de l’Energie, Lazara Guerra, a ensuite été citée par l’agence de presse AFP, affirmant que le processus de rétablissement du courant n’en était qu’à ses débuts.
Il existe, a-t-elle ajouté, « un certain niveau de production d’électricité » qui serait utilisée pour démarrer des centrales électriques dans plusieurs régions du pays.
Plus tôt vendredi, les autorités ont annoncé que toutes les écoles et activités non essentielles, y compris les discothèques, devaient fermer jusqu’à lundi.
Les travailleurs non essentiels ont été invités à rester chez eux pour garantir l’approvisionnement en électricité, et les services gouvernementaux non vitaux ont été suspendus.
Les Cubains ont également été invités à éteindre les appareils à forte consommation tels que les réfrigérateurs et les fours pendant les heures de pointe, selon les médias locaux.
“C’est fou”, a déclaré à l’AFP Eloy Fon, un retraité de 80 ans vivant dans le centre de La Havane.
“Cela montre la fragilité de notre système électrique… Nous n’avons pas de réserves, il n’y a rien pour faire vivre le pays, nous vivons au jour le jour.”
Bárbara López, 47 ans, créatrice de contenu numérique, a déclaré qu’elle avait déjà “à peine pu travailler depuis deux jours”.
“C’est le pire que j’ai vu depuis 47 ans”, a-t-elle déclaré. “Ils ont vraiment tout gâché maintenant… Nous n’avons ni électricité ni données mobiles.”
Le Premier ministre Manuel Marrero s’est adressé jeudi au public dans un message télévisé, accusant la détérioration des infrastructures, les pénuries de carburant et la demande croissante d’être responsables des pannes d’électricité.
“La pénurie de carburant est le facteur le plus important”, a-t-il déclaré.
Le président de l’Union nationale de l’électricité (UNE), Alfredo López Valdés, a également reconnu que l’île était confrontée à une situation énergétique difficile, principalement due aux pénuries.
Les pannes d’électricité prolongées – particulièrement si elles sont aussi répandues – sont toujours une période tendue à Cuba.
En partie parce que la capacité de garder les lumières allumées représente un problème potentiel d’ordre public pour le gouvernement cubain.
En juillet 2021, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues lors de manifestations déclenchées par des coupures de courant qui ont duré plusieurs jours dans une grande partie du pays.
Le désespoir provoqué par le gaspillage de denrées alimentaires précieuses dans les réfrigérateurs et les congélateurs chauds a été exacerbé par le fait que les citoyens passent des jours entiers sans climatisation ni ventilateur de plafond dans la chaleur étouffante de l’île.
Dans de nombreux bâtiments, des pompes électriques amènent l’eau aux robinets, donc pas d’électricité signifie pas d’eau.
De plus, l’absence d’essence à la pompe signifie que les gens ne peuvent pas travailler ou utiliser leur voiture pour résoudre des problèmes fondamentaux ou répondre à des besoins urgents.
Le gouvernement cubain est de plus en plus conscient du fait que de nombreuses personnes sur l’île ont perdu une certaine peur en parlant des nombreux problèmes quotidiens auxquels elles sont confrontées.
Certains sont même prêts à descendre dans la rue et à scander des slogans anti-gouvernementaux, si les conditions le justifient.
En mars, des centaines de personnes dans la deuxième plus grande ville de Cuba, Santiago, a organisé une rare manifestation publique contre les pannes d’électricité chroniques et les pénuries alimentaires.
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