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Dans le conflit boursier entre Berne et Bruxelles, Six et Euronext sont des pions

by Nouvelles

2025-01-22 18:00:00

Conflit boursier entre Bruxelles et Berne : les manœuvres perturbatrices sont terminées, mais le mauvais esprit continue de hanter

Le gouvernement fédéral et le Parlement envisagent de lever l’interdiction de négocier des actions suisses dans l’UE, au grand désarroi du secteur financier local. Pendant ce temps, un concurrent est content.

Derrière la façade, la méfiance continue de couver entre Bruxelles et Berne. Siège de la Six Swiss Exchange à Zurich.

Photo: Séverin Bigler

Un mois après la conclusion des négociations sur un traité Suisse-UE, on assiste à une sorte de dégel entre Berne et Bruxelles. Les chercheurs suisses peuvent à nouveau postuler pour participer aux programmes européens Horizon. Berne souhaite verser cette année des paiements de cohésion plus élevés aux pays de l’UE structurellement faibles. Et ensemble, nous voulons garantir une mise en œuvre sans problème des règles commerciales bilatérales et un fonctionnement sûr des réseaux électriques dans les années qui précèdent la ratification du traité.

Dans ce climat de bienveillance, le conflit boursier qui dure depuis cinq ans entre Berne et Bruxelles ne devrait plus avoir de place. Le Secrétariat d’État aux affaires financières internationales (SIF), en consultation avec diverses commissions parlementaires, envisage de lever l’interdiction imposée par le Conseil fédéral en 2019, selon laquelle les traders de l’UE ne sont plus autorisés à négocier des actions sur les plateformes boursières suisses.

Cette interdiction était une réaction à la décision de Bruxelles de priver la Suisse de l’équivalence de sa réglementation boursière. Sans les contre-mesures suisses, les traders européens n’auraient été autorisés à négocier des actions suisses qu’à Paris, Francfort ou Londres, mais plus en Suisse – une situation menaçante pour l’opérateur boursier suisse Six. Après que l’UE a modifié la « base juridique pertinente » de cette mesure au printemps 2024, son impact sur la place financière locale n’est plus que « marginal », explique le SIF interrogé sur demande. La mesure de protection n’est « fondamentalement plus nécessaire ».

Or, la mesure de protection est en principe obsolète depuis 2021. A cette époque, Londres avait de nouveau reconnu l’équivalence boursière suisse après le Brexit. Les quelque 30 pour cent des transactions sur les actions suisses qui n’avaient pas eu lieu sur la plateforme Six avant le conflit boursier sont immédiatement retournées à leur ancien lieu, à Londres.

Tout est question de symbolisme politique

Puisque la Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’UE, le retrait de l’équivalence boursière suisse par Bruxelles n’a presque plus de signification matérielle. Car si les actions suisses sont négociées à l’étranger, c’est en réalité uniquement à Londres, mais pas à Paris, Amsterdam, Francfort ou sur une autre bourse de l’UE.

L’Association suisse des banquiers, s’exprimant au nom des Six, semble néanmoins « irritée » qu’une majorité des commissions de politique étrangère du Conseil national et du Conseil des Etats se soient déjà prononcées en faveur de la désactivation de la mesure de protection. Il n’y aurait une raison à cela que si la Commission européenne reconnaissait à nouveau la réglementation boursière suisse comme équivalente.

Mais c’est exactement ce qui ne s’est pas produit jusqu’à présent. Bruxelles a modifié la base juridique du harcèlement de la Suisse, mais en ne reconnaissant pas la réglementation boursière suisse comme équivalente à celle de l’UE, la Suisse reste au pilori.

C’est du symbolisme, un signal politique indubitable. Le retrait de l’équivalence boursière était une tentative de pression par laquelle la Commission européenne voulait aider les négociations en vue d’un accord-cadre entre la Suisse et l’UE à réaliser une percée. À cet égard, le manque persistant de reconnaissance de l’équivalence par Bruxelles doit être considéré comme un signe de tête : la Suisse devrait à nouveau s’attendre à des contre-mesures politiques en cas de rejet du traité actuel.

Six concurrents comme tiers rieur

“Si les Six changent d’avis, nous sommes disponibles.” Le patron d’Euronext, Stéphane Boujnah, est en lice pour la bourse espagnole, qui appartient à Six depuis 2020.

Image : Joël Saget / AFP

Le tiers rieur de cette éternelle querelle boursière est le patron d’Euronext, Stéphane Boujnah. Son objectif est de faire de la bourse commune européenne une contrepartie sérieuse aux bourses américaines, beaucoup plus grandes. Les places de négociation d’Amsterdam, Paris, Bruxelles, Dublin, Lisbonne, Oslo et, depuis 2021, Milan fonctionnent sous l’égide d’Euronext. Mais il manque à Boujnah des pièces importantes du puzzle, d’autant plus que Deutsche Börse elle-même aspire à devenir une société indépendante et cotée en bourse.

La Bourse suisse aurait également souhaité intégrer Francfort. Mais les Six suivent également leur propre chemin et n’ont pas peur de franchir la barrière. En 2020, les Six ont racheté la bourse espagnole BME pour 2,6 milliards d’euros, surenchérissant ainsi sur Euronext. Boujnah n’a apparemment pas encore digéré cette défaite. Lors de l’apéritif du Nouvel An d’Euronext à Paris la semaine dernière, le PDG a déclaré de manière offensante que l’intégration de BME dans Six se déroulerait apparemment avec des difficultés – “nous sommes disponibles” si Six souhaite revendre la bourse.

Un porte-parole de Six a immédiatement rejeté la demande : « Le BME apporte une contribution significative au succès opérationnel et financier de Six et est crucial pour la stratégie de croissance. » Boujnah connaît également les avantages du BME. L’atmosphère de méfiance entre Bruxelles et Berne joue à son avantage lorsqu’il fait pression politiquement pour sa bourse commune européenne. À Milan, Euronext a devancé les Six, notamment pour des raisons politiques.

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